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a publié une critique de La Caverna par José Saramago

José Saramago: La Caverna (2010, Punto de Lectura)

Sous terre et dans nos vies – Mon expérience avec La Caverne de José Saramago

Lire La Caverne de José Saramago a été pour moi une expérience à la fois oppressante et lumineuse. Dès les premières pages, j’ai senti le poids d’un monde où la modernité et la consommation écrasent les existences simples. Le roman raconte l’histoire de Cipriano Algor, un vieux potier qui voit son métier disparaître, supplanté par les productions industrielles et par le pouvoir tentaculaire d’un immense Centre commercial.

Ce qui m’a le plus touché, c’est la dignité tranquille de Cipriano. À travers ses gestes lents, son attachement à la terre et à la matière, j’ai ressenti une nostalgie profonde pour des savoir-faire et des rythmes de vie que notre époque semble condamner. J’ai été ému aussi par sa relation avec sa fille Marta et son gendre Marçal : une cellule familiale qui tente de résister aux pressions du progrès, mais qui se heurte à l’inéluctable.

Le moment de la découverte souterraine – cette étrange caverne qui donne son titre au livre – m’a bouleversé. Saramago, en convoquant le mythe platonicien, ne propose pas seulement une parabole philosophique, il tend un miroir à notre société : sommes-nous encore capables de distinguer l’ombre de la réalité, ou nous contentons-nous des illusions offertes par la consommation et le confort artificiel ?

La prose sinueuse de Saramago, avec ses dialogues enchâssés et ses phrases qui refusent de s’interrompre, m’a parfois dérouté, mais j’ai fini par en aimer le rythme : comme une voix intérieure qui ne cesse de réfléchir, de questionner.

La Caverne m’a laissé un sentiment d’alerte et de mélancolie. C’est une invitation à ne pas oublier nos racines, à chercher la vérité au-delà des vitrines éblouissantes et à écouter, encore, la voix fragile de l’humain face aux géants de pierre.