Critiques et Commentaires

#VendrediLecture et toujours avec Mary Robinette Kowal, la Covid ayant un peu ralenti le rythme des pages tournées :-) Une #uchronie bien agréable à lire. Anxiété, syndrome de l'imposteur ? et sexisme y sont traités avec justesse. #MaryRobinetteKowal #ScienceFiction #PostApocalyptique #livre #lecture #littérature

Très chouette, ce roman graphique (ou illustré ?) avec des planches de dessins entrecoupées de textes. Si cet ouvrage ne fait pas officiellement partie de la série « Paul », il pourrait très bien y être rattaché. Cependant, l'auteur a sans doute voulu mettre en avant le personnage de sa fille. Tout aussi importante est l'île Verte (estuaire moyen du Saint-Laurent, au Québec) sur laquelle lui et sa fille viennent se reposer quelques jours. C'est une lecture bien agréable en cette période de fin d'année.

Il m'est tombé entre les mains pendant que notre petite famille traversait un épisode de COVID, et j'ai d'ailleurs appris que le livre est né pendant la crise sanitaire. Michel Rabagliati exprime ainsi le contexte : « Cette épidémie a engendré solitude et silence. J’ai ressenti le besoin d’entreprendre un voyage pour retrouver de l’air ».

L'autrice Mary Robinette Kowal aborde le racisme (envers les Noirs américains) et le sexisme dans son roman dystopique « Vers les étoiles ». L'action se situe dans une autre version des années cinquante. Mais je souriais en constatant ce très fréquent biais lié au patriotisme. Suite à un effondrement planétaire, les États-Uniens des États les moins fragiles accueillent leurs réfugiés avec attention, et même, certes un peu plus tardivement, les personnes de couleur noire. Mais dans les autres pays, il est plutôt question d'émeutes, de pillages et d'autres atrocités. Décidément, les États-Uniens savent mieux se tenir que nous autres :-) Bon, je précise que je ne suis qu'au premier quart du livre.

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Vanessa Springora retourne l'arme littéraire contre son bourreau, Gabriel Matzneff. L'éphébophile [sic] l'a faite sa prisonnière, et il a fallu des années pour que ce témoignage parachève — c'est du moins tout ce qu'on peut souhaiter — le travail de reconstruction et de libération de l'écrivaine. Plus qu'un témoignage sur un pervers pédophile, ce court roman témoigne surtout d'une époque où un écrivain pouvait se rendre dans une célèbre émission de télévision, puis, l'enregistrement terminé, présenter sa compagne de 14 ans aux participants du plateau sans que quiconque trouve à redire.

La réaction de panique des peuples primitifs devant toute capture de leur image peut prêter à sourire. Ce sentiment d’être piégé dans une représentation trompeuse, une version réductrice de soi, un cliché grotesque et grimaçant, je le comprends pourtant mieux que personne. S’emparer avec une telle brutalité de l’image de l’autre, c’est bien lui voler son âme.

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Délicate et poétique, la forme littéraire dont use l'autrice Han Kang est aux antipodes du massacre de centaines de milliers de civils (10% de la population pour la seule île de Jeju) à la fin des années quarante, en Corée. Les traumatismes circulent de génération en génération, et il aura fallu des dizaines d'années avant que ne commence un travail de reconnaissance de cette extermination. Les fantômes du passé sont bien loin d'avoir trouvé le repos, et Han Kang s'essaie à emprunter les voies de la littérature pour adoucir le sort des vivants.

Suite au visionnage d'un entretien avec l'autrice : www.arte.tv/fr/videos/113629-008-A/comment-parler-des-lieux-qu-on-aime/ « Appartenance, origine, identité ou racines : à ces mots, Joëlle Zask préfère “les lieux qui nous importent”, “lieux d’actions” ou encore “terrain d’aventure”, proposant ainsi une voie médiane entre le chauvinisme qui réduit les individus à l’endroit d’où ils viennent, et l’anywhere des chantres de la mondialisation. » (Eugénie Bourlet, Lire Magazine)

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L'autrice Han Kang aborde le massacre de Jeju avec une infinie délicatesse. La violence n'y est pas dissimulée, les mots ne nous la rendent pas plus supportable, mais tout transparaît sous une forme poétique qui nous emporte comme un flocon de neige dans le vent. #HanKang #Corée #littérature #livre #Jeju #massacre #traumatisme #écriture

Au début, ainsi, Inseon ne se montra guère enthousiaste, mais vu que j’étais motivée, étape par étape, elle m’apprit sa langue. Ma partie préférée était les terminaisons des verbes et des adjectifs, qui ne s’accordent pas comme sur le continent. Je m’essayais à dialoguer avec elle et chaque fois que je commettais une faute de conjugaison dans les hada-han-hamen-hazan, Inseon me corrigeait avec un sourire. Un jour, elle m’a dit : « Certains racontent que c’est à cause du vent. Je veux dire, les terminaisons courtes. Parce que le vent emporte la fin des mots. »

On prend grand plaisir à voyager avec Emily St. John Mandel. D'abord avec ce qui pourrait sembler, au premier regard, des nouvelles qui se situent à différentes époques du passé et du futur ; puis, dans un second temps, à avancer dans un récit qui fait le lien entre toutes. Les lignes de temps se croisent et s'emmêlent avec délicatesse. Le récit est rondement bien mêlé, et bien que j'aie trouvé la prose un peu trop sommaire dans les premières pages, j'ai également perçu une amélioration du style au fur et à mesure de la narration.

L'enquête sur la disparition d'un homme commence comme un roman policier, avec les yeux d'un shérif, dans une vallée de Caroline du Sud sur le point de disparaître, noyée sous un lac, dans un monde rude, inhospitalier, empreint de superstitions. Un monde qui semble lui-même sur le point de s'éteindre. Mais chapitre après chapitre, les révélations nous sont faites sous le regard de quatre autres personnages. L'écriture colle aux personnages, les mots sont ceux des protagonistes, des gens qui ne sont pour la plupart jamais sortis de leur « trou », mais des mots justes et souvent pleins d'une forme brute, charnelle, de poésie.

Découvert via Virginie Despentes et le groupe Zëro dont l'album éponyme est disponible en CD. Une représentation scénique par ici : www.youtube.com/watch?v=H3veVVHNv0k

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Une jeune fille énervée parce que sa mère lui a ordonné de faire la vaisselle. Cette dernière et une amie discutent dans la cuisine. L'adolescente fulmine silencieusement. En son for intérieur, elle sait qu'elle pourrait détruire la famille en quelques mots seulement. « Il me viole ». Elle répète intérieurement ce verbe, sait qu'elle détient un pouvoir considérable, sait qu'elle pourrait en user et tout bouleverser, à jamais. Mais la jeune fille ne dit rien, elle partagera ce secret avec son seul bourreau plusieurs années encore. Cette scène m'a beaucoup marquée. Elle est révélatrice de l'écriture de Neige, une écriture juste, au plus proche du réel. L'autrice nous entraîne au plus près de l'horreur, sans tabou mais avec une forme de délicatesse littéraire. Elle nous préserve sans nous épargner.