Leito a noté Six fourmis blanches : 3 étoiles

Six fourmis blanches de Sandrine Collette
Dressé sur un sommet aride et glacé, un homme à la haute stature s’apprête pour la cérémonie du sacrifice. Très …
Plus je lis, plus je lis, et ce n'est pas ici que je vais me sortir d'affaire.
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Dressé sur un sommet aride et glacé, un homme à la haute stature s’apprête pour la cérémonie du sacrifice. Très …
Je ne sais pas trop quoi penser de ce roman. Je me suis un peu ennuyé pendant une bonne partie du livre, où certains concepts clés ne sont pas explicités et on nage juste dans les considérations et remarques d'une AA : Amie Artificielle, à mi-chemin entre les remarques très pertinentes et précises et un décalage, une mauvaise interprétation des sentiments humains. Le procédé est intéressant, mais on en attend un peu plus pour avancer dans les pages, d'autant que le ton objectivo-naïf n'est pas des plus engageants. Il y a tout de même quelques points très intéressants, comme la manière dont Klara, l'androïde, perçoit l'espace dès qu'elle est désorientée, tout en "boîtes" plis ou moins grosses selon l'importance signifiante de l'élément qui s'y trouve. Un concept difficile à rendre en images (il m'a fallu plusieurs récurrences avant de comprendre de quoi on parlait), mais qui réussit indéniablement à nous …
Je ne sais pas trop quoi penser de ce roman. Je me suis un peu ennuyé pendant une bonne partie du livre, où certains concepts clés ne sont pas explicités et on nage juste dans les considérations et remarques d'une AA : Amie Artificielle, à mi-chemin entre les remarques très pertinentes et précises et un décalage, une mauvaise interprétation des sentiments humains. Le procédé est intéressant, mais on en attend un peu plus pour avancer dans les pages, d'autant que le ton objectivo-naïf n'est pas des plus engageants. Il y a tout de même quelques points très intéressants, comme la manière dont Klara, l'androïde, perçoit l'espace dès qu'elle est désorientée, tout en "boîtes" plis ou moins grosses selon l'importance signifiante de l'élément qui s'y trouve. Un concept difficile à rendre en images (il m'a fallu plusieurs récurrences avant de comprendre de quoi on parlait), mais qui réussit indéniablement à nous mettre en empathie avec l'androïde, face à quelque chose de trop complexe pour que notre cerveau l'interprète correctement. Globalement, Ishiguro a peu éveillé mon intérêt pour ses personnages ou les mécaniques qui sous-tendent ce futur, même si je sais que ce n'est pas l'objectif recherché ici, où ce sont les questions "métaphysiques" amenées par Klara et le rôle qu'on veut lui assigner qui sont le véritable sujet (et même de ce côté là, je n'ai pas été exposé à des choses particulièrement innovantes). D'autres lecteurs sauront y trouver leur bonheur, c'est tout de même un livre doux avec de beaux moments.
C'est toujours agréable de découvrir un auteur via les éditions bilingues, car ce sont souvent des textes courts (ici trois nouvelles) et on peut pleinement apprécier la beauté de la langue et l'écriture originelle sans perdre le sens grâce à la béquille de la page de droite où le texte est intégralement traduit. Ça permet assez facilement de se rendre compte de notre niveau de compréhension colle avec le style de l'auteur avant de se lancer dans la lecture d'œuvres plus longues ou s'il faudra se cantonner aux traductions.
Ça faisait un bout de temps que j'entendais parler de Tabucchi sans m'y être plongé, et cette mise en bouche n'a fait que confirmer que c'est un auteur avec lequel je pourrais m'entendre. Je ne sais pas encore si je le lirai en italien ou en français, mais je le lirai.
Margaret Killjoy nous entraîne à nouveau dans des communautés autonomes, punks, anarchistes, mais contrairement à Un Pays de fantômes, on échappe à ce côté un peu didactique/initiatique (qui était aussi dû au choix de narration) pour laisser davantage de place à l'atmosphère globale et aux relations entre les personnages, plus creusés et plus intéressants ici*. Peut-être aussi que l'histoire ne prenant pas lieu dans un univers totalement réinventé (et qui peut vite manquer de substance dans un court roman tant il y a à installer), mais dans notre réalité sur laquelle viendrait se calquer un peu de magie et de démons à forme animale, il y a plus de place pour dessiner ces éléments étranges et leur donner une consistance, développer des images marquantes, même quand le roman est relativement court. Ainsi, on accepte aussi facilement que les personnages que les incantations et les démons existent et on suit …
Margaret Killjoy nous entraîne à nouveau dans des communautés autonomes, punks, anarchistes, mais contrairement à Un Pays de fantômes, on échappe à ce côté un peu didactique/initiatique (qui était aussi dû au choix de narration) pour laisser davantage de place à l'atmosphère globale et aux relations entre les personnages, plus creusés et plus intéressants ici*. Peut-être aussi que l'histoire ne prenant pas lieu dans un univers totalement réinventé (et qui peut vite manquer de substance dans un court roman tant il y a à installer), mais dans notre réalité sur laquelle viendrait se calquer un peu de magie et de démons à forme animale, il y a plus de place pour dessiner ces éléments étranges et leur donner une consistance, développer des images marquantes, même quand le roman est relativement court. Ainsi, on accepte aussi facilement que les personnages que les incantations et les démons existent et on suit le fil de l'histoire sans se poser de questions. C'est sur ces bases solides que Margaret Killjoy parvient aussi à nous glisser quelques questionnements sur le pouvoir et la justice, entre deux visions cauchemardesques d'animaux zombifiés, que demander de plus ?
*je recommande quand même cet autre roman, qui reste divertissant et rapide à lire, tout en offrant un rapide aperçu d'utopies anarchistes
Ce qui est intéressant dans les romans de Liu Cixin, c'est de projeter une modification brutale de la civilisation telle qu'on la connaît suite à des découvertes majeures, et comment l'humanité y réagit (mesures de crise, réorganisation géopilitique…), en racontant les évènements à travers quelques individus qui jouent un rôle notable. Il explore les implications scientifiques et morales d'un tel changement de perspective, c'est plaisant pour l'imaginaire malgré un style parfois un peu rêche.
Ici, malgré une idée qui éveille la curiosité (l'humanité a décidé de quitter le système solaire en faisant de la Terre un vaisseau), ça manque un peu de corps. Rien n'est très fouillé ou réaliste, des conséquences sur la vie terrestre autre que l'humanité (quasiment éludées alors qu'on nous parle de séismes, tempêtes, raz-de-marée titanesques) au personnage principal assez peu incarné, ou en tout cas peu intéressant si ce n'est que c'est lui le narrateur. Donc …
Ce qui est intéressant dans les romans de Liu Cixin, c'est de projeter une modification brutale de la civilisation telle qu'on la connaît suite à des découvertes majeures, et comment l'humanité y réagit (mesures de crise, réorganisation géopilitique…), en racontant les évènements à travers quelques individus qui jouent un rôle notable. Il explore les implications scientifiques et morales d'un tel changement de perspective, c'est plaisant pour l'imaginaire malgré un style parfois un peu rêche.
Ici, malgré une idée qui éveille la curiosité (l'humanité a décidé de quitter le système solaire en faisant de la Terre un vaisseau), ça manque un peu de corps. Rien n'est très fouillé ou réaliste, des conséquences sur la vie terrestre autre que l'humanité (quasiment éludées alors qu'on nous parle de séismes, tempêtes, raz-de-marée titanesques) au personnage principal assez peu incarné, ou en tout cas peu intéressant si ce n'est que c'est lui le narrateur. Donc à part quelques belles images servies par ce voyage interstellaire d'un nouveau genre, le développement du concept initial nous laisse un peu sur notre faim, même dans sa conclusion trop vite arrivée, comme s'il fallait une chute. Ce qui m'amène à penser que ce récit aurait une meilleure place dans un recueil de nouvelles à thème (ou juste de nouvelles de l'auteur), où on trouve son plaisir en entrouvrant des portes sans chercher à refaire le plan de la maison.
Premier roman de Bret Easton Ellis, déjà dans la description d'un monde ultra-artificiel et dérangeant (celui de la richesse et de la célébrité) où des personnages sont tellement désabusés et déconnectés de la réalité que même le sexe et la drogue ne suffisent plus à masquer le vide qui les entoure. Et quand ce vide prend trop de place, ils finissent immanquablement par sortir du matérialisme qui les définit (on jauge les autres selon la qualité de leur bronzage, ou la marque de leur pantalon) pour basculer soit dans la dépression, soit dans l'ultra-violence. Cette violence caractéristique des romans suivants de Bret Easton Ellis, crue, à la limite du supportable, semble être le dernier souffle d'une classe aisée (ici des enfants favorisés des quartiers riches de Los Angeles) pour assouvir un besoin de contrôle, de pouvoir (on parle de torture et de viol), comme si c'était la dernière chose qui …
Premier roman de Bret Easton Ellis, déjà dans la description d'un monde ultra-artificiel et dérangeant (celui de la richesse et de la célébrité) où des personnages sont tellement désabusés et déconnectés de la réalité que même le sexe et la drogue ne suffisent plus à masquer le vide qui les entoure. Et quand ce vide prend trop de place, ils finissent immanquablement par sortir du matérialisme qui les définit (on jauge les autres selon la qualité de leur bronzage, ou la marque de leur pantalon) pour basculer soit dans la dépression, soit dans l'ultra-violence. Cette violence caractéristique des romans suivants de Bret Easton Ellis, crue, à la limite du supportable, semble être le dernier souffle d'une classe aisée (ici des enfants favorisés des quartiers riches de Los Angeles) pour assouvir un besoin de contrôle, de pouvoir (on parle de torture et de viol), comme si c'était la dernière chose qui permettait de donner un sens à leur vie. Des adolescents sans parents, mais avec tous les moyens matériels et financiers d'adultes, qui errent d'une maison à l'autre, d'une soirée à l'autre, d'un restaurant à un centre commercial, en se lançant "Tu fais quoi ?" sans que personne n'ait jamais quoi que ce soit de concret à répondre, parce qu'il n'y a pas de plan, pas d'objectif qui vaille la peine, juste quelques instants à grappiller à droite et à gauche sans trop savoir quoi en tirer. Des gens dont la peur principale serait de se perdre (dans Los Angeles, mais on comprend vite que c'est plus un sentiment global). Le personnage principal, Clay, traverse moments intimes et scènes d'horreur avec quasi la même absence de réaction. Tout lui coule dessus, ou presque, ce qui donne une importance cruciale à ces quelques moments où l'empathie semble se réveiller en lui, avant de s'éteindre à nouveau. Ce sont ces quelques moments qui font qu'on arrive à s'attacher un tant soit peu à ce personnage, qui lui redonnent un peu de consistance et d'humanité, dans ce roman très noir où on oscille facilement entre détestation et peine pour ces gens qui ont tout et qui n'en font rien.
Le narrateur est un enfant atteint de "retard mental" (qui semble être un cumul de plusieurs pathologies que je ne m'avancerais pas à diagnostiquer) qui raconte son plus bel été et sa rencontre avec Viviane (la reine du titre). Le roman tire parti de la vision "décalée" de son narrateur pour exprimer, par saillies, une vision poétique du monde, sans pour autant trop en faire, ou le faire de manière trop volontaire comme ça peut être le cas dans ce genre de roman. C'est l'émancipation d'un personnage à la marge qui trouve son bonheur…dans la marge (sur un plateau montagneux ou auprès d'un berger alcoolique et taiseux), c'est touchant et drôle, très fluide à lire, ça se mange tout seul.
Un très beau texte, qui flirte avec la poésie, à travers les yeux d'un garçon qui voit son monde s'envelopper dans une neige toujours plus épaisse, mais qu'il est le seul à voir. Un texte très court, également, qui coupe le lecteur dans son élan. Je l'ai lu comme s'il allait y avoir encore 100 pages derrière, alors au tout début je me suis senti lésé, avant de me rendre compte que ce qui avait été dit/lu était bien suffisant pour m'occuper encore un certain temps. Donc un plaisir de lecture, à ne pas dévorer comme un roman à suspense, mais avec patience et inspiration.
Toujours efficace dans le découpage et très fort pour donner une gestuelle et de l'expressivité à ses personnages, mais pour cette suite, l'histoire m'a moins porté. On est moins avec les personnages (qu'on connait déjà, c'est peut-être ça) et malgré quelques moments d'action amusants (un "chat perché" notamment), ce tome paraît plus fade que le premier.
Stig Dagerman a une écriture très précise qui dit sans cesse ce qui est et ce qui n'est pas, et qui prend des mots simples pour leur donner une signification plus profonde et souvent plus inquiétante. C'est un roman sur les masques qu'on porte (et "se démasquer ce n'est que mettre un autre masque"), sur un personnage qui ne cesse de se mentir à lui-même. Un jeune homme qui se définit par le deuil de sa mère, pour se rendre compte peu à peu que sa mort n'est pas la véritable raison de son mal-être, voire qu'elle n'était pas réellement cette figure sacrée qu'il érige face à son père, son amante et sa propre fiancée. Haïssant celle qu'il aime et aimant celle qu'il se force à haïr, il y a quelque chose de pitoyable (et détestable) dans son attitude qui n'en rend que plus forts les quelques moments de grâce …
Stig Dagerman a une écriture très précise qui dit sans cesse ce qui est et ce qui n'est pas, et qui prend des mots simples pour leur donner une signification plus profonde et souvent plus inquiétante. C'est un roman sur les masques qu'on porte (et "se démasquer ce n'est que mettre un autre masque"), sur un personnage qui ne cesse de se mentir à lui-même. Un jeune homme qui se définit par le deuil de sa mère, pour se rendre compte peu à peu que sa mort n'est pas la véritable raison de son mal-être, voire qu'elle n'était pas réellement cette figure sacrée qu'il érige face à son père, son amante et sa propre fiancée. Haïssant celle qu'il aime et aimant celle qu'il se force à haïr, il y a quelque chose de pitoyable (et détestable) dans son attitude qui n'en rend que plus forts les quelques moments de grâce et de lucidité qui le frappent.
Une très belle bande-dessinée, avec une belle recherche graphique : les couleurs dans le chaud et vert pâle, les discrets effets de texture, des compositions complexes et une vraie science du découpage qui sait faire ressentir ce qui ne se dit pas. Tout le livre respire la maîtrise dans cette histoire d'un passé qui nous empêche d'avancer (dans le couple, dans la carrière, et plus largement dans ce Japon du futur où on veut revenir à la fermeture du pays). C'est intelligent et inquiétant sans devenir froid, c'est beau, et si je voulais trouver un défaut, je dirais que c'est presque trop réfléchi dans ses références et ses recherches (on frôle le japonisme) pour que ça passe inaperçu.
Un concept de base intéressant, sur une humanité qui se prépare à un guerre future contre des envahisseurs qu'elle a miraculeusement repoussé une première fois. La tension d'une bataille imminente, mais impossible à prévoir, des extraterrestres absents et jamais décrits pendant la quasi totalité du récit, la géopolitique mondiale redessinée par les ennemis de l'extérieur, mais toujours prête à rebasculer dans l'ancien ordre établi (celui de la Guerre Froide). D'autres éléments ont moins bien vieilli, notamment parce que très vagues, comme la sélection/création d'enfants super-intelligents (seul le facteur de la lignée génétique semble important, pas de formation ou presque, pas de manipulation…). La progression du récit, retrouvée depuis dans de nombreuses sagas jeunesse et donc plus attendue pour un lecteur actuel, est celle de la formation du héros qui passe les épreuves pour devenir, contre toute attente, le meilleur de sa formation/école/sport/… le meilleur élève qu'on ait jamais vu. Et …
Un concept de base intéressant, sur une humanité qui se prépare à un guerre future contre des envahisseurs qu'elle a miraculeusement repoussé une première fois. La tension d'une bataille imminente, mais impossible à prévoir, des extraterrestres absents et jamais décrits pendant la quasi totalité du récit, la géopolitique mondiale redessinée par les ennemis de l'extérieur, mais toujours prête à rebasculer dans l'ancien ordre établi (celui de la Guerre Froide). D'autres éléments ont moins bien vieilli, notamment parce que très vagues, comme la sélection/création d'enfants super-intelligents (seul le facteur de la lignée génétique semble important, pas de formation ou presque, pas de manipulation…). La progression du récit, retrouvée depuis dans de nombreuses sagas jeunesse et donc plus attendue pour un lecteur actuel, est celle de la formation du héros qui passe les épreuves pour devenir, contre toute attente, le meilleur de sa formation/école/sport/… le meilleur élève qu'on ait jamais vu. Et il y a toujours cette difficulté de raconter le génie d'un personnage fictif par ses actions, qu'il faudrait être également génial pour pouvoir inventer sans donner ce sentiment d'artificialité ou de banalité qui ne manque pas de ressortir dans ce genre d'histoire. Le twist final, bien que prévisible, est très bon, mais globalement, je suis assez mal à l'aise avec la vision de l'éducation portée par ce roman. Même si les personnages parlent à plusieurs moments de leurs méthodes comme de crimes envers les enfants, l'idée globale, qui fonctionne, et qui est justifiée par son succès, est que pour créer les héros ultimes il faut briser des gens, les détruire moralement, que dans la logique guerrière, et dans la stratégie militaire, l'humain n'a pas de place. Comme si notre seule chance de survie était de perdre toute humanité. À la décharge de l'auteur, l'ouverture finale semble mener vers une autre piste, mais la mécanique globale de la souffrance comme moyen d'éducation n'est pas ma tasse de thé.
Un noir et blanc très graphique, tout dans la symétrie, la géométrie et le contraste (du dessin vectoriel mais tout de même fourni) qui est clairement le point fort de cette BD dont l'histoire reste classique (même en inversant le schéma classique du basculement de l'humanité vers la machine), et les thèmes intéressants mais peu développés, ou en tout cas peu politisés. Un plaisir visuel, donc, qui peut se parcourir plusieurs fois, plus qu'une piste de réflexion ou une grande surprise narrative.
À la première personne, nous avons les confessions remplies de haine d'un vieil avare paranoïaque qui ourdit un plan pour priver sa descendance de ses richesses. Sa voix, exprimée dans plusieurs longues "confessions" espacées dans le temps car écrites à des moments où il se pense aux portes de la mort, est particulièrement acerbe et donc souvent très drôle. On en viendrait presque à comprendre ses raisons, à se laisser attendrir, juste au moment où son revirement, l'illumination par la foi chez l'athée férocement anti-clérical, l'amène à revoir ses décisions, à perdre la haine qui faisait sa force, et se faire engloutir par ce "nœud de vipères" dont on commençait à se demander s'il n'était pas le pur produit de sa méfiance maladive, une rage qui aurait déteint, une conséquence plutôt qu'une cause. Un doute nourri (mais pas confirmé) par le basculement de point de vue final. L'histoire de la …
À la première personne, nous avons les confessions remplies de haine d'un vieil avare paranoïaque qui ourdit un plan pour priver sa descendance de ses richesses. Sa voix, exprimée dans plusieurs longues "confessions" espacées dans le temps car écrites à des moments où il se pense aux portes de la mort, est particulièrement acerbe et donc souvent très drôle. On en viendrait presque à comprendre ses raisons, à se laisser attendrir, juste au moment où son revirement, l'illumination par la foi chez l'athée férocement anti-clérical, l'amène à revoir ses décisions, à perdre la haine qui faisait sa force, et se faire engloutir par ce "nœud de vipères" dont on commençait à se demander s'il n'était pas le pur produit de sa méfiance maladive, une rage qui aurait déteint, une conséquence plutôt qu'une cause. Un doute nourri (mais pas confirmé) par le basculement de point de vue final. L'histoire de la haine n'est pas linéaire, elle est toute en circonvolutions et indémêlable, les innocents sont les prochains coupables et il ne faut pas attendre de fable moralisatrice de ce roman passionnant où tous — à l'exception d'une enfant — sont des vipères.
Robert Neville tente de survivre dans un monde où une pandémie semble avoir transformé toute l'humanité en vampires.