La troisième nouvelle, La maison sur les collines, est vraiment intéressante. Le narrateur est un professeur de lycée antifasciste réfugié dans les hauteurs de Turin vers 1943, alors que la ville est bombardée presque chaque nuit. Il y retrouve par hasard une ancienne amante accompagnée d'un enfant d'une dizaine d'années dont il pourrait bien être le père. Tout ce passage est empreint d'une sorte de haine de soi un peu misanthrope, très troublante, et ma lecture s'en ressentait. Avec la capitulation, la guerre civile, la retraite allemande, il est recherché et doit fuir. Il trouve d'abord accueil dans un couvent, y ressent une sorte de paix, mais doit fuir à nouveau et va retrouver sa maison familiale, celle du titre. Le rythme s'accélère et la fin décrit un retour chez soi, où la désillusion et l'amertume n'empêchent pas la douceur.
Critiques et Commentaires
Apprenti mathématicien, professeur à l'université Paris Cité Apprenti musicien (batterie, tablas) Apprenti lecteur (romans, essais, poésie… en français ou en anglais)
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Antoine Chambert-Loir a commenté Avant que le coq chante par Cesare Pavese
Antoine Chambert-Loir a publié une critique de Avant que le coq chante par Cesare Pavese
Au milieu de la lecture
Avant que le coq chante est en fait un recueil de trois nouvelles (novellas, dirait-on outre-Atlantique, car ces trois histoires font chacune de 120 à 150 pages). La première, Par chez nous, fait le récit de deux hommes qui se sont connus en prison et, à leur sortie, vont travailler dans la ferme de l'un des deux. La langue est âpre, gouailleur, le récit angoissant fait craindre la violence qui surgira inéluctablement. Le traducteur, Nino Frank, notait dans sa préface comment Cesare Pavese avait voulu s'éloigner de la langue précieuse et pure de D'Annunzio. Le texte date de 1937.
La prison raconte ensuite l'espèce de dépression qui prend le héros, assigné à résidence dans un village maritime du sud de l'Italie, incapable d'aimer, incapable de s'aimer. La langue y est très différente, plus littéraire on peut imaginer que ce n'est pas seulement du fait du traducteur.
Reste à lire …
Avant que le coq chante est en fait un recueil de trois nouvelles (novellas, dirait-on outre-Atlantique, car ces trois histoires font chacune de 120 à 150 pages). La première, Par chez nous, fait le récit de deux hommes qui se sont connus en prison et, à leur sortie, vont travailler dans la ferme de l'un des deux. La langue est âpre, gouailleur, le récit angoissant fait craindre la violence qui surgira inéluctablement. Le traducteur, Nino Frank, notait dans sa préface comment Cesare Pavese avait voulu s'éloigner de la langue précieuse et pure de D'Annunzio. Le texte date de 1937.
La prison raconte ensuite l'espèce de dépression qui prend le héros, assigné à résidence dans un village maritime du sud de l'Italie, incapable d'aimer, incapable de s'aimer. La langue y est très différente, plus littéraire on peut imaginer que ce n'est pas seulement du fait du traducteur.
Reste à lire La maison sur les collines...
Antoine Chambert-Loir a terminé la lecture de La Cerisaie par Anton Tchékhov
Je m'attendais à une lecture plus agréable. On dira que je n'ai pas compris comment cette histoire assez triste, qui se résume plus ou moins à la nécessité pour une femme ruinée de vendre la Cerisaie où elle avait vécu, où son mari et son fils son mort, et qu'elle avait quitté cinq ans auparavant, donne matière à une pièce de théâtre. On veut bien être triste pour ces personnages, mais ils ne font rien pour nous y inciter, et on pourrait même les trouver exaspérants.
Antoine Chambert-Loir a noté Anatomie de l'Affiche Rouge : 4 étoiles

Anatomie de l'Affiche Rouge de Annette Wieviorka (Libelle)
Le 21 février 2024 Missak Manouchian entre au Panthéon, avec son épouse, Mélinée. L’histoire des Arméniens mérite d'être connue et …
Antoine Chambert-Loir a terminé la lecture de Anatomie de l'Affiche Rouge par Annette Wieviorka (Libelle)
Seconde lecture pascale, et ce n'est qu'en rédigeant cette courte notice comment le don de soi la relie à la précédente et au jour. Bref, Annette Wievorka décortique brièvement (trop brièvement, même, on en voudrait plus que ces 43 pages !) cette Affiche rouge, de l'instrument de propagande nazie à la création d'un mythe politique et — mais peut-être est-ce le lot de tous les mythes — la part de falsification qui s'y insère. Ils étaient vingt et trois, juifs, résistants, français, communistes, immigrés.
Antoine Chambert-Loir a noté Une terre commune : 5 étoiles

Une terre commune de Cédric Herrou
Nous vivons désormais dans une vallée oubliée, mi-française mi-italienne, une vallée à l’entre-deux, à l’entre-droit et devoir, où la compassion …
Antoine Chambert-Loir a terminé la lecture de Une terre commune par Cédric Herrou
Lecture pascale. Je ne sais pas quelle foi religieuse habite Cédric Herrou, mais peu importe, comme par ces deux disciples d'Emmaüs dont sa communauté reprend le nom, je crois que c'est par de tels témoignages que le Christ témoigne de sa résurrection. Alléluia. (Et lisez ce livre, plein d'humanité, de tendresse, et de colère.)
Antoine Chambert-Loir a terminé la lecture de Transit par Anna Seghers
Une espèce de chassé croisé amoureux à 4, le narrateur, Marie, une jeune femme, un médecin et un écrivain qui s'est suicidé peu avant le début du livre, alors que l'enjeu premier pour ces allemands est de fuir la France occupée par les nazis sur un des bateaux qui partent de Marseille. Mais pour cela, il faut des papiers, des visas, de l'argent ; des perspectives aussi. Un roman un peu froid sur le déracinement, où l'angoisse bureaucratique masque celle de la mort.
Antoine Chambert-Loir a terminé la lecture de Le poisson mouillé par Volker Kutscher
Je ne lis presque plus de romans policiers, et c'est la publicité faite à la série télévisée Babylon Berlin par @pizzaroquette qui m'a donné envie de lire ces livres qui se passent à Berlin en 1929.
L'intrigue de ce premier tome est finalement pas mal, même si j'ai trouvé la narration un peu molle, rendant la lecture longuette par moments. Surtout, et probablement à tort, je n'arrivais pas à imaginer l'histoire se passer en 1929, mais plutôt dans un Berlin contemporain.
Après une pause d'un livre ou deux, j'attaquerai certainement le tome 2.
Antoine Chambert-Loir a publié une critique de Lettre ouverte aux pierres des poches de Virginia Woolf par Marcelline Roux
Les pierres, la rivière, Virginia…
Une lettre ouverte qui ne sera jamais lue par ses destinataires, les pierres que Virginia Woolf a ramassées et enfouies dans les poches de son manteau avant de nous quitter dans la froide rivière d'Ouse, ce funeste jour de mars 1941. Marcelline Roux leur écrit tout de même. Auront-elles su, un instant, apaiser un peu l'âme de celle qui venait d'écrire une lettre bouleversante d'amour et de douleur ?
C'est Olivier M. qui m'a offert ce petit livre d'une maison d'édition stéphanoise. Il savait combien la lecture de Virginia Woolf m'émeut, même si je n'en ai pas beaucoup lu, même si je ne la comprends pas toujours. Il savait aussi que cette scène qui débute le film Les heures m'avait profondément touché.
Vous vous en doutez, les pierres ne diront rien, et c'est peut-être aussi bien.
Antoine Chambert-Loir a terminé la lecture de Le café sans nom par Robert Seethaler
Un café d'un quartier populaire de Vienne, près du marché des Carmélites, des bouts de vies qui s'y reposent, s'y retrouvent, s'y engueulent même. C'est un roman sans intrigue(s), simplement éclairé du temps qui passe doucement, des instants partagés, parfois heureux, et parfois un peu moins. Une belle découverte.
Antoine Chambert-Loir a commencé la lecture de Le café sans nom par Robert Seethaler
Antoine Chambert-Loir a terminé la lecture de Souvenirs obscurs d'un Juif polonais né en France par Pierre Goldman
Aussi impressionnant que le personnage du film, plus raide encore, tant face à la société que face à lui-même. Et cette dernière page où, deus ex machina, réapparaît K. et fait dérailler l'espèce de vie prédestinée que Goldman s'était construite. Elle déraillera pour de bon 5 ans plus tard, de balles anonymes, sur un trottoir du 13e arrondissement.
Antoine Chambert-Loir a commencé la lecture de Souvenirs obscurs d'un Juif polonais né en France par Pierre Goldman
Je ne connaissais pas l'auteur avant de voir le film qui lui a été récemment consacré et que j'avais beaucoup aimé. Je lis le livre pour tenter de comprendre pourquoi la dernière compagne de Pierre Goldman a jugé le film mensonger. Dès les premières pages, l'écriture tranchante fait devenir la radicalité troublante, sinon fascinante, du personnage. Une des ambigüïtés vient peut-être de ce que l'auteur ne se prétend pas « bon », tout en contrôlant fermement sa trajectoire.