Nicolas Fressengeas a répondu au statut de Post Tenebras Lire 📚
@ptl@tooting.ch Merci du conseil ! Je ne savais même pas qu'il y avait un film. ;)
Entre catalyseur de savoirs, passeur de compétences et ouvreur scientifique, j'aspire à l'exploration littéraire des futurs possibles, sans totalement exclure l'exploration future de possibles littéraires.
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@ptl@tooting.ch Merci du conseil ! Je ne savais même pas qu'il y avait un film. ;)
Un virus incurable contraint les hommes à fuir le soleil et à se nourrir de sang... Et il n'en reste qu'un, une légende.
Loin des antivax, un bon vieux classique de la science fiction (1954) que je n'ai étrangement jamais lu et qui est tombé du rayon de ma Petite Librairie directement dans mes mains.
Une bonne histoire de vampire pour fuir le réel.
A bientôt !
Je termine les presque 500 pages du voyage de l'autre côté du miroir proposé par Naomi Klein. Hasard du calendrier, ou peut-être pas, mon voyage littéraire a débuté juste après le 20 janvier 2025, date à laquelle nos amis américains ont traversé le miroir, accentuant par là l'épaisseur de la lecture de l'ouvrage de Naomi Klein.
Elle nous y propose une relecture de la fragmentation politique actuelle, au Canada, son pays, mais aussi aux États-Unis, en Europe, et finalement partout à la surface de la planète. Au-delà de la classique répartition en trois blocs à l'aune de laquelle nous comprenons la politique française aujourd'hui, elle propose deux mondes miroirs qui s'ignorent. Dans le premier, son monde, la terre est ronde, le dérèglement climatique est une réalité d'origine humaine, et la Russie a envahi l'Ukraine. Dans l'autre monde, qui lui fait face, toutes ces réalités peuvent être remises en cause au …
Je termine les presque 500 pages du voyage de l'autre côté du miroir proposé par Naomi Klein. Hasard du calendrier, ou peut-être pas, mon voyage littéraire a débuté juste après le 20 janvier 2025, date à laquelle nos amis américains ont traversé le miroir, accentuant par là l'épaisseur de la lecture de l'ouvrage de Naomi Klein.
Elle nous y propose une relecture de la fragmentation politique actuelle, au Canada, son pays, mais aussi aux États-Unis, en Europe, et finalement partout à la surface de la planète. Au-delà de la classique répartition en trois blocs à l'aune de laquelle nous comprenons la politique française aujourd'hui, elle propose deux mondes miroirs qui s'ignorent. Dans le premier, son monde, la terre est ronde, le dérèglement climatique est une réalité d'origine humaine, et la Russie a envahi l'Ukraine. Dans l'autre monde, qui lui fait face, toutes ces réalités peuvent être remises en cause au service d'un narratif alternatif.
Afin d'atténuer l'ignorance qu'ont ces deux mondes l'un de l'autre, son propos est de relater la plongée qu'elle a effectuée pendant plusieurs mois en trouvant le moyen de franchir le miroir. Il en ressort une analyse politique tout à fait originale qui permet de montrer comment le côté alternatif du miroir se nourrit des petites et grandes faiblesses du côté du miroir que l'on pourrait qualifier de scientifique --- le sien, le mien --- en en construisant un double modifié.
Une lecture épaisse, parfois difficile, parfois glaçante, mais révélatrice. J'ai lu que ce livre était immanquable. Je confirme. Pour une introduction plus longue, France Inter a proposé une interview de l'autrice. J'essaierai également d'en proposer une chronique plus détaillée.
D'où l'urgence de ma question : y-a-t-il quelqư'un a l'extérieur du Monde miroir qui ait une vision de la justice et des responsabilités ? Il y a bien le rêve persistant des progressistes de voir Donald Trump condamné pour un ou plusieurs de ses forfaits, mais qui se bat pour que les criminels de guerre encore vivants soient traduits devant la Cour pénale internationale ? Quel est le plan pour saisir les actifs des entreprises qui alimentent la crise climatique ? Si les républicains MAGA font du pipikisme à outrance lorsqu'ils comparent les procès-spectacles qui agitent la Chambre des représentants à une nouvelle "commission Church" [...], qu'ont fait les démocrates, lorsqu'ils contrôlaient ladite Chambre, pour enquêter sur la façon dont les agences de renseignement ont coopéré avec les géants de la tech afin d'envahir nos vies privées et de nous surveiller par tous les moyens ? ou pour gracier des lanceurs d'alerte comme Snowden ? Avons-nous à ce Point renoncé à la justice ? Dans ce cas, nous ne devons pas nous étonner de voir renaître une soif de justice dans le Monde miroir, quoique sous une forme pervertic. Un vide a été créé. Or, si mon double m'a appris une chose, c'est que les vides ont vite fait d'être remplis.
— Le Double de Naomi Klein (Page 320)
Naomi Klein résume en un paragraphe le message principal de son livre. Quelle est la responsabilité des progressistes dans l'émergence du "Monde miroir", d'une réalité parallèle fantasmée ?
Ce qui est choquant, ce sont moins les histoires elles-mémes que le fait qu'elles ne semblent plus gêner personne. Un quart de siècle après No Logo, il semble admis qu un article de fast fashion porté par des jeunes femmes de New York, de Londres ou de Toronto s'accompagne du risque, pour d'autres jeunes femmes, de mourir dans l'incendie de leur usine de confection à Dhaka, au Bangladesh ; ou que les usines fabriquant nos télephones portables à Shenzhen, en Chine, entourent leurs bâtiments de filets anti-suicide pour se prémunir contre les actes désespérés de leurs ouvriers ; ou que des villes comme Dubaï et Doha soient construites et entretenues par des armées de migrants vivant et travaillant dans des conditions telles de misère et d'asservissement qu'ils peuvent mourir à la tâche sans que leurs employeurs en soient inquiétés ; ou que les travailleurs des entrepôts du New Jersey aient à se battre contre l'un des trois hommes les plus riches de la planète pour avoir le temps d'aller aux toilettes lors de leurs pauses ; ou que les modérateurs de contenu à Manille aient à regarder jour après jour des décapitations et des viols d'enfants pour que les flux de nos médias sociaux soient "propres" ou que notre consommation frénétique et énergivore soit vectrice de feux de forêt dans les banlieues huppées de Los Angeles et de Sonoma, que des détenus payés à peine un dollar par jour combattent au péril de leur vie, tandis que des migrants originaires de nations d'Amérique centrale (victimes elles-mêmes de catastrophes climatiques) respirent des fumées toxiques, contraints de travailler à la récolte des avocats et des fraises, jusqu'à ce qu'ils soient renvoyés chez eux, jetés comme des fruits pourris, parce qu'ils ont eu le malheur de tomber malades ou d'oser réclamer de meilleures conditions de vie et de travail.
— Le Double de Naomi Klein (Page 314 - 315)
Troisième partie, intitulée Terres d'ombre. Extrait d'un passage montrant la difficulté de contrer les délires conspirationnistes du Monde miroir, quand certaines conspirations, aux objectifs triviaux, sont bien réelles.
Pour en savoir plus, écouter Comment l'extrême centre a mis l'extrême droite au pouvoir (en Allemagne, en 1933), avec l'auteur, sur France Culture.
J'ai beaucoup hésité à ajouter ce livre dans la pile des lectures à venir. Je suis en effet en cours de lecture du Double, après Toxic Data et Résister, tous touchant à plusieurs facettes d'un même thème malheureusement trop d'actualité. Toutes ces lectures aident à comprendre les profondes transformations en cours et les risques que nous encourons collectivement. Mais trop y revenir est aussi un danger personnel, j'ose les mots, de santé mentale. À lire, donc, mais peut-être après une pause sanitaire.
@ptl@tooting.ch Merci ! Je ne l'ai pas vu encore. C'est certainement prévu !
Soleil Vert est un roman d'anticipation dont le thème central est l'écologie. Publié en 1966, C'est un classique de la science-fiction, que certains collégiens ont même eu le privilège de découvrir au sein du programme officiel. Sauf erreur de ma part, je pense que son originalité principale réside quelque part entre le thème de son univers et son année de publication : Soleil Vert se compte parmi les toutes premières préoccupations écologiques de la science-fiction. Je gage que c'est ce qui a fait sa réputation.
L'action est située au tournant du millénaire, au sein d'un Manhattan surpeuplé. Son univers est mieux décrit par le titre original Make Room! Make room! -- Faites place ! Faites place !. L'intrigue est policière, du genre où le roman s'ouvre sur le déroulé précis des faits : point de suspens à attendre de ce côté. Et en effet, ce n'est pas là que …
Soleil Vert est un roman d'anticipation dont le thème central est l'écologie. Publié en 1966, C'est un classique de la science-fiction, que certains collégiens ont même eu le privilège de découvrir au sein du programme officiel. Sauf erreur de ma part, je pense que son originalité principale réside quelque part entre le thème de son univers et son année de publication : Soleil Vert se compte parmi les toutes premières préoccupations écologiques de la science-fiction. Je gage que c'est ce qui a fait sa réputation.
L'action est située au tournant du millénaire, au sein d'un Manhattan surpeuplé. Son univers est mieux décrit par le titre original Make Room! Make room! -- Faites place ! Faites place !. L'intrigue est policière, du genre où le roman s'ouvre sur le déroulé précis des faits : point de suspens à attendre de ce côté. Et en effet, ce n'est pas là que se situe le sel de ce roman : c'est le contexte qui vaut le détour. L'enquête criminelle qui suit le meurtre initial invite en effet le lecteur à explorer Manhattan et ses environs à l'aube du XXIe siècle. À cette époque, vue de 1966, les États-Unis, comme le reste du monde, ont achevé d'épuiser les ressources nécessaires à leur subsistance, qu'elles soient liquides, solides ou énergétiques.
La raison de cet épuisement des ressources est clairement présentée comme étant liée à la surpopulation humaine, endémique aux États-Unis comme, cela est suggéré, sur l'ensemble de la planète. Une partie non négligeable du roman est consacrée à la responsabilité de l'Église dans cette situation, du fait de son rejet dogmatique de la contraception. Je dois confesser que bien que ce rejet soit bien réel même aujourd'hui et trouve peu de grâce à mes yeux, je n'ai pas trouvé ces passages des plus réussis et convaincants, à la différence du reste du roman. Plus généralement, je n'ai pas saisi l'intérêt d'une certaine intrication entre intégrisme religieux — chrétien — et épuisement des ressources. Cela peut être lié à la difficulté que j'éprouve à me mettre dans la peau du lecteur de 1966.
Rappelons également que ce n'est que juste après 1966 que le consensus scientifique annonçant le changement climatique que nous vivons aujourd'hui n'a commencé à se former. Harry Harrison est donc parfaitement pardonné de n'avoir pas entrevu ce futur possible, ni focalisé son attention sur les causes anthropiques de ces changements. Néanmoins, la proximité des préoccupations de Soleil Vert avec ces dérèglements est troublante pour le lecteur du XXIe siècle, d'autant plus que le roman s'ouvre incidemment sur un Manhattan étouffé de chaleur ; chaleur qui n'est donc que coïncidence et n'a pas le réchauffement climatique pour cause.
Un peu de désarroi, donc, pour le lecteur de 2024 — oui, l'écriture de cette chronique a pris un peu de temps. Étant donné la renommée de ce roman, je m'attendais à un chef-d'œuvre. En est-ce un ? J'ai tendance à penser que la réponse doit être positive, pour un lecteur de 1966, au vu surtout de la primauté de la préoccupation écologique d'anticipation. La science-fiction est cependant assez sensible aux évolutions des connaissances scientifiques. Sa vraisemblance peut souffrir de découvertes radicales menant à de nouveaux consensus, tels que celui attestant du changement climatique et de sa cause anthropique. Un chef-d'œuvre qui a pris quelques rides est néanmoins toujours un chef-d'œuvre.
Le programme d'euthanasie des personnes handicapées était déjà à I'œuvre quand Asperger affirma que, si la plupart des autistes méritaient de mourir, ceux d'entre eux qui possédaient une capacité exceptionnelle de concentration pouvaient servir aux nazis (peut-êre en devenant des casseurs de code, ou des hyperconcentrés utiles au projet fasciste). Des recherches récentes ont révélé qu'Asperger avait signé des papiers pour que des enfants âgés d'à peine deux ans soient envoyés au Spiegelgrund pour y être tués ! En d'autres termes, il était l'un des principaux rouages du système de sélection des personnes "dignes" de vivre ou de mourir --- un système qui allait bientôt se transformer en une machine génocidaire pour tous ceux que l'idéal aryen déciderait d' exclure.
Pour Edith Sheffer, cela entache non seulement le diagnostic du syndrome d'Asperger, mais aussi, potentiellement, le diagnostic beaucoup plus large du trouble du spectre autistique qu'Asperger a tant contribué à façonner. Ses écrits mettent en évidence que ses travaux relevaient bien moins de la science médicale que de la pensée fasciste, la création de la race aryenne exigeant la soumission à la "pensée groupale" suprémaciste nazie. L'affirmation d'Asperger selon laquelle l'absence de "Gemüt" dans l'autisme en faisait une pathologie était donc une façon hautement idéologique de définir la normalité comportementale. Il ne diagnostiquait en réalité rien de moins qư'un déficit de fascisme, ou, comme l'écrit Edith Sheffer : "Il revenait ainsi aux pédopsychiatres nazis comme Asperger d'évaluer le caractère d'un enfant [à l'aune des] normes du régime."
En distinguant ses "petits professeurs" du reste des autistes et en affirmant qu'eux seuls méritaient d'être sauvés, Asperger a créé la distinction très controversée entre "autisme de haut niveau" et "autisme de bas niveau". Tel est son héritage : déclarer un petit groupe d'enfants neuroatypiques supérieurs à leurs pairs, tout en participant à un système qui envoyait à la mort ceux qui ne présentaient pas cet avantage concurrentiel.
— Le Double de Naomi Klein (Page 282 - 283)
Merci Naomi Klein ! J'apprends beaucoup dans ce livre. Je comprends aussi beaucoup. Cet extrait en est l'un des principaux reflets. Quelle claque, moi qui ne connaissait rien de cet aspect du soit disant syndrome d'Asperger ! A lire et relire par tous ceux qui côtoient des personnes neuro-atypiques. Et elles sont beaucoup plus nombreuses qu'elles ne veulent le croire.
Découvert sur le Fedivers grâce à @jebalad@pouet.chapril.org. C'est l'association à #Bikepunk de @ploum@mamot.fr, que j'ai adoré, qui m'a fait craquer. Sans compter la critique de @s_mailler@bw.heraut.eu.
Ce qui unit l'extrême droite et l'au-delà de l'extrême, c'est l'agitation mercantile et la foi dans I'hyperindividualisme. Dans le monde de la santé alternative, tout le monde vend quelque chose des cours, des retraites, des bains sonores, des huiles essentielles, des sprays anti-particules métalliques, des lampes de sel de l'Himalaya, des lavements au café. À eux seuls, les compléments alimentaires ont généré 155 milliards de dollars de chiffre d'affaires dans le monde en 2022. Cest à peu près la même ambiance sur War Room, de Bannon, ou sur Infowars, d'Alex Jones, qui ne cessent de fourguer des compléments pour les hommes, du matériel survivaliste, des fêtes de la liberté, des offres de métaux précieux, du dentifrice a l'argent colloïdal et des entraînements au maniement des armes sans oublier le documentaire de Tucker Carlson de 2022 dans lequel il recommandait aux hommes de passer régulièrement leurs testicules sous une lumière infrarouge spéciale afin augmenter leur taux de testostérone en prévision des "temps difficiles".
— Le Double de Naomi Klein (Page 238)
Un extrait malgré tout savoureusement humoristique sur les liens qui se sont tissés entre l'extrême droite dure et la mouvance liée aux pratiques de santé dites alternatives.
Pour y résister, il faut prendre conscience du danger qui nous menace collectivement, et en comprendre les ressorts. C'est l'objet de la première partie de ce court essai. L'autrice s'y emploie à lever le voile de la respectabilité dans lequel tentent de se draper le --- ou les --- partis d'extrême droite en France, à travers des exemples concrets ; et comment leurs idées diffusent en deçà de cette extrême frontière de l'échiquier politique. Le plus troublant, dans cette première partie, est la comparaison des violences d'extrême droite, en regard des violences d'origine islamiste, quant à leur intensité, leur nombre, et les traitements médiatiques et politiques qui leur sont réservés. C'est tout un pan d'une menace terroriste qui est largement sous-évalué.
La deuxième partie analyse la stratégie employée par l'extrême droite pour continuer sa progression dans l'opinion publique. Elle se déploie en trois volets, trois batailles, complémentaires : médiatique, …
Pour y résister, il faut prendre conscience du danger qui nous menace collectivement, et en comprendre les ressorts. C'est l'objet de la première partie de ce court essai. L'autrice s'y emploie à lever le voile de la respectabilité dans lequel tentent de se draper le --- ou les --- partis d'extrême droite en France, à travers des exemples concrets ; et comment leurs idées diffusent en deçà de cette extrême frontière de l'échiquier politique. Le plus troublant, dans cette première partie, est la comparaison des violences d'extrême droite, en regard des violences d'origine islamiste, quant à leur intensité, leur nombre, et les traitements médiatiques et politiques qui leur sont réservés. C'est tout un pan d'une menace terroriste qui est largement sous-évalué.
La deuxième partie analyse la stratégie employée par l'extrême droite pour continuer sa progression dans l'opinion publique. Elle se déploie en trois volets, trois batailles, complémentaires : médiatique, sémantique et numérique. Quel est l'intérêt pour des milliardaires, en France comme ailleurs, d'investir de grosses sommes dans des journaux, radio et télévisions dont la rentabilité est parfois flageolante ? Leur contrôle. Le contrôle de l'espace médiatique assure une influence certaine à son propriétaire. La deuxième bataille, sémantique, est un concept qui est également abordé par Naomi Klein dans Le double : c'est une bataille pour vider les mots de leur sens, pour rendre inopérantes les armes du langage nécessaires pour expliciter la duperie à l'œuvre, tout en s'efforçant de diffuser les marqueurs extrémistes, éventuellement vide de sens, vers des franges initialement moins extrêmes de la droite de l'échiquier politique. Deux mots apparus récemment sont exemplaires en la matière : woke et islamo-gauchisme. Le sens du premier est tout à fait imprécis. C'est ce flou qui fait sa force. Il en devient inattaquable : personne ne peut transpercer un fantôme. Le deuxième, composé, associe deux concepts entre lesquels aucun lien n'a été démontré, transportant ainsi de lourds sous-entendus sans néanmoins prêter le flanc à une possible critique constructive. La troisième bataille, numérique, comprend la bataille des réseaux sociaux, comme le détaille David Chavalarias dans Toxic Data. C'est aussi la bataille de la désinformation, cruciale et difficile, car la désinformation est extrêmement lucrative, monétairement et politiquement, qu'elle passe par les réseaux sociaux ou par d'autres médias numériques à l'apparence soignée.
La troisième et dernière partie redonne de l'espoir en détaillant les possibilités et le mode d'emploi de la Résistance. Elle commence par reprendre Stéphane Hessel en insistant sur la nécessité de conserver notre capacité d'indignation malgré les nombreux et récurrent appels à la responsabilité, sans laquelle l'ordre établi, favorable à l'extrême droite, ne saurait perdurer. Indignons-nous, donc, face au péril ! Et cessons de considérer l'extrême droite comme un interlocuteur comme les autres, à l'exemple de la Wallonie, qui a su la maintenir à distance des grands médias, et ainsi de la sphère politique influente. Non, ce n'est pas une opinion, un parti, comme les autres : son histoire est bien trop chargée. Résister, c'est ainsi informer, combattre la désinformation par l'information : informer ses proches, convaincre, partager… et soutenir la diversité des médias, notamment indépendants, tellement mise à mal aujourd'hui. Dernier volet : le lien, la société. Les personnes qui sont passées de l'autre côté du miroir, pour reprendre l'expression de Naomi Klein ont parfois eu de bonnes raisons pour le faire, comme elle l'explique bien. Elles ne méritent pas toutes notre mépris : ne pas les exclure a priori est essentiel. Recréons du lien, faisons société, expliquons, débattons, explicitons.
Résister est une lecture courte, efficace, percutante, qui permet de prendre conscience des transformations en cours, en France et ailleurs, de comprendre leurs ressorts, et d'envisager d'y résister, pour retrouver espoir.
Ce qui est en jeu n'est rien de moins que la démocratie. Un Internet mû par la recherche du profit exclut toute possibilité de démocratie.
— Le Double de Naomi Klein (Page 126)
Une conclusion à laquelle David Chavalarias arrive aussi, dans Toxic Data, mais par d'autres chemins.