J’ai déjà lu Printeur et Stagiaire au Spatioport Omega 3000 et autres joyeusetés que nous réserve le futur de ploum alors, forcément, quand j’ai su qu’il publiait un nouveau roman, et qu’en plus ce roman parlerait de vélo, je me suis précipité ^^
Enfin non. D‘habitude, je vous fais le pitch mais pour m’éviter de trop vous en dire (je ne voudrais pas être accusé de divulgachage), je vais tricher et commencer par vous proposer la quatrième de couverture :
Vingt ans après le flash, la catastrophe qui a décimé l’humanité, la jeune Gaïa n’a qu’une seule solution pour fuir l’étouffante communauté dans laquelle elle a grandi : enfourcher son vélo et pédaler en compagnie de Thy, un vieil ermite cycliste. Pour survivre dans ce monde dévasté où toute forme d’électricité est impossible, où les cyclistes sont pourchassés, où les jeunes femmes fécondes sont très recherchées, Gaïa et Thy ne pourront compter que sur leur maîtrise du guidon.
Je vais juste vous donner quelques éclaircissements dont j‘estime qu’ils ne vous seront pas préjudiciables si vous décidez de lire ce roman : ce fameuw « flash » qui a décide l’humanité, c’est une catastrophe, technologique, qui a détruit les objets électroniques, fait exploser les moteurs thermiques, et rendu aveugle l‘humanité (temporairement pour les plus jeunes, définitivement pour les autres). Outre les nombreux morts directes et indirectes, cette catastrophe a évidemment provoqué un grand effondrement.
J’étais curieux de ce roman. Parce que Ploum, parce que le vélo, parce que c’est un très bel objet, mais auss parce que je me questionne sur l’effondrement à venir, effondrement dont j’entrevoyais les conséquences dans la quatrième. Que je vous le dise tout de suite : je n’ai pas été déçu :)
Je n’ai pas d’affect pour la voiture (et, d’ailleurs, je n’ai pas de permis de conduire), je suis particulièrement conscient de l’impact néfaste sur l’environnement de notre société de consommation en général et de la société de la bagnole en particulier. Pour toutes ces raisons, je ne pouvais qu’aimer ma lecture et, évidemment, c’est bien ce qu’il s‘est passé. C‘est à la fois léger et intelligent, sans donner de leçons ni faire plus de morale que nécessaire.
J’ai dit que l’objet était beau : j’ai beaucoup aimé la mise en page comme le contenu de tous les « extraits des chroniques du flash » qui viennent s’intercaler entre les chapitres. C’est à la fois un moyen d’expliquer au lecteur ce qu’il s’est passé après le flash, mais aussi une bonne manière de critiquer notre société actuelle, en exposant ses faiblesses. Je vous en propose trois extraits :
Toute technologie vient avec son questionnement : en sommes-nous le maitre ou l’esclave ? Est-ce un progrès ou un affaiblissement ?
Avec l’avion, le train et la voiture, l’humanité avait inventé la téléportation. Elle ne se déplaçait plus que d’un aéroport à une gare ou à une sortie d’autoroute. Les paysages n’étaient plus que des décors vaguement pittoresques aperçus depuis les abords de stations d’essence toutes identiques.
Le piéton devient une espèce réduite à se déplacer vers ou depuis une place de parking. Marcher un kilomètre entre deux points n’était même plus envisageable tant le territoire entre les routes semblait inconnu, hostile.
Il fallut plusieurs semaines voire, dans certains cas, plusieurs mois, aux survivants pour arriver à marcher sans regarder à droite et à gauche sur ce qui était autrefois des routes. Une incroyable portion du territoire avait jusque là été interdite aux piétons, cyclistes et autres humains. Dès notre plus jeune âge, il nous était inculqué que la route qui passait devant notre maison était dangereuse, sans pitié. La route était d‘ailleurs la première cause de mortalité chez les enfants et les adolescents.
Bâties dans l’optique de nous relier, les routes nous séparaient, nous cloisonnaient. Leur dangerosité était telle que les parents préféraient conduire leurs enfants en voiture plutôt que de les laisser marché le kilomètre ou deux qui les séparaient de leur école.
Le genre littéraire de la SF post-apocalyptique n’est pas un genre facile. J’ai aimé comment l’auteur décrit l’état de la certaines sociétés humaines, de manière nuancée, et globalement positive. On est 20 ans après une catastrophe majeure, mais c’est néanmoins un roman plutôt feel good (mais sans angélisme non plus). En fait, c’est une fable écolo. La réponse, et la manière de se préparer au grand effondrement, c’est évidemment le vélo mais c’est aussi la sobriété, la décroissance, la solidarité… Le flash, quelque part, ce n’est rien d’autre que de l’écologie punitive !
Je laisse le mot de la fin à Ploum, via une citation extraite de sa postface :
Je ne crains pas la fin du monde, j’ai un vélo !