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a publié une critique de Babel 17 par Samuel R. Delany

Samuel R. Delany: Babel 17 (Paperback, French language, 1973, Calmann-Lévy)

Le langage comme arme absolue ? C'est l'hypothèse qu'examine Samuel R. Delany dans cet étonnant …

Un classique de la linguistique-fiction

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Un grand classique de la linguistique-fiction (cf. l'ouvrage "Comment parler à un alien"), qui s'appuie sur la fameuse hypothèse sapir-whorf selon laquelle le language façonne la pensée et la perception du monde. Cette idée est un peu galvaudée, on la retrouve notamment dans "L'histoire de ta vie" de Ted Chiang, ou dans "L'enchâssement" de Ian Watson, mais il faut rappeler que le roman date de 1966. Delany pointe d'ailleurs lui-même les limites de sapir-whorf : notamment le fait que, quelque soit la langue, il est possible d'exprimer toute idée en utilisant une périphrase plus ou moins longue. Selon notre langue, l'accès à certains concepts nous est donc facilité, mais aucun ne nous est interdit. Fait notable : on doit la traduction française à Mimi Perrin la célèbre chanteuse des Double Six, qui eut ensuite une seconde carrière en tant que traductrice, notamment de SF.

a répondu au statut de Léo Varnet

@LeoVarnet Intéressant, ça me fait me poser des questions, notamment sur "quelque soit la langue, il est possible d'exprimer toute idée en utilisant une périphrase plus ou moins longue" : est-ce que c'est vraiment vrai pour toutes les langues ? Est-ce qu'on pourrait créer une conlang délibérément pour empêcher de parler de certains concepts ? Et qu'en est-il des communications animales : il semble compliqué de parler de physique quantique en employant les languages animaux même avec de longues périphrases, non ? Alors est-ce qu'on pourrait imaginer qu'avec nos langues humaines il nous est également impossible d'exprimer certaines idées ?

a répondu au statut de Armavica

@Armavica @LeoVarnet On peut prendre l'exemple de l'hébreu. Au lieu du yiddish, les fondateurs d'Israël ont tenu à ressusciter cette langue morte comme langue officielle de l'Etat naissant. Ce fût l'objet de débats et ce sont les moins progressistes qui eurent le dernier mot. Mais j'ai souvenir d'avoir lu qu'il ne fût pas simple d'adapter cette langue aux concepts contemporains et aux termes techniques et scientifiques notamment. Pour les fututs concepts (je pense à la mécanique quantique, p.ex.), la langue n'est pas figée. Dès lors, c'est peut-être alors notre entendement qui est en question. Mais poser la question ainsi, c'est poser des limites a priori. Toutes les langues ont un débit informationnel similaire, de l'ordre de 39 shannon/s. Je rajouterai que la nouvelle de Chiang a donné Arrival (Premier contact), de Denis Villeneuve. Je rajoute Babel 17 à ma liste.

@Armavica @Balbec@bw.heraut.eu @Crapounifon Intéressantes questions ! Pour la langue conçue pour empêcher de penser c'est bien sûr le sujet d'un autre grand classique de la SF : "1984" d'Orwell. Mais on trouve également un exemple réel dans le "LTI" de Klemperer, linguiste qui décrit de l'intérieur la montée du 3eme Reich et sa prise sur les esprits au travers des évolutions de l'allemand dans les années 30-40. Pour la communication animale c'est un peu tricher car on ne considère habituellement pas qu'il s'agit d'un langage. De façon générale il est vrai que l'affirmation qu'il est possible d'utiliser des périphrases pour toute idée n'est pas formellement démontrée. C'est plutôt une réponse aux arguments habituels des tenants de Sapir-whorf (du type "les inuits perçoivent la neige différemment car ils ont 7 termes pour le mot neige"). Mais le rejet du Sapir-whorfisme ne doit pas faire oublier que le langage a effectivement une …