Critiques et Commentaires

Antoine Chambert-Loir

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A rejoint ce serveur il y a 1 année, 2 mois

Apprenti mathématicien, professeur à l'université Paris Cité Apprenti musicien (batterie, tablas) Apprenti lecteur (romans, essais, poésie… en français ou en anglais)

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a terminé la lecture de Laïcité par Stéphanie Hennette Vauchez (Le mot est faible)

Stéphanie Hennette Vauchez: Laïcité (Paperback, français language, Anamosa) Aucune note

Parangon des valeurs républicaines qui connaissent un regain d’exaltation dans le discours juridique et politique, …

Un nouveau petit livre de la collection Le mot est faible, chez Anamosa, dans lequel la juriste Stéphanie Hennette Vauchez revient sur la laïcité et son évolution récente. La présentation qu'elle fait de ce principe est très éclairante, en ce qu'elle place la laïcité au centre d'un triangle dont les trois sommets sont 1) garantie (d'exercice des cultes), 2) neutralité , 3) séparation, et qu'elle montre comment l'hypertrophie récente de la neutralité, initialement imposée à l'État, mais depuis une quinzaine d'années étendue au public, affaiblit du même coup les deux autres pôles.

Michael McDowell, Jean Szlamovicz: Les aiguilles d'or (Paperback, français language, Monsieur Toussaint Louverture) 5 étoiles

Dans le New York de la fin du XIXe siècle coexistent deux mondes que tout …

De Michael McDowell, j'avais lu les 6 volumes de sa série Blackwater qui m'avaient emporté dans un univers fantastique dont j'ai peu l'habitude. On est ici à New-York, en 1882, et on assiste à un féroce duel entre deux familles: celle de l'implacable juge James Stallworth, et celle de la cheffe de gang Lena Shanks. L'écriture est faite pour qu'on dévore le livre, et ça ne manque pas.

Étienne Davodeau: Les ignorants (French language, 2011) Aucune note

Étienne Davodeau est auteur de bande dessinée, il ne sait pas grand-chose du monde du …

Un vigneron de Loire, un auteur de bande dessinée. Et voilà un magnifique récit de rencontre qui nous donne à voir le travail de deux artisans, et pas que le résultat de ce travail. L'importance du temps, de la patience ; l'inquiétude et l'impatience parfois. Avec quelques planches qui résonnent avec le chercheur qui les lisait, comme celle-là qui analyse finement l'ineptie à résumer un vin en une note sur 100.

a publié une critique de Novecento : pianiste par Alessandro Baricco

Alessandro Baricco, Françoise Brun: Novecento : pianiste (Paperback, French language, 2002, Gallimard) 4 étoiles

«On me mettrait la tête en bas que rien ne sortirait de mes poches, même …

Un joli récit, peut-être un peu trop convenu

4 étoiles

Trouvé dans la boite à livres ce matin, un court récit, bien mené, proprement écrit, qui m'a délicatement accompagné dans le train/tram qui m'emmenait au bureau. L'écriture, prévue pour un spectacle avec un seul acteur, est efficace, on n'a pas de peine à visualiser la mise en scène, entendre les effets sonores, même s'il y a quelque ambiguïté à entendre un récit aussi irréel (de la situation initiale, l'éclosion du pianiste-enfant, à la scène de la tempête…) de la bouche d'un de ses protagonistes. Sans être le truc le plus bouleversant que j'aie jamais lu, j'y ai passé un bon moment, et sa brièveté le rend tout à fait conseillable.

Corinne Morel Darleux: Alors nous irons trouver la beauté ailleurs (Paperback, français language, Libertalia) 4 étoiles

« Cette déambulation littéraire, politique et géographique navigue entre l’essai, le récit de voyage et …

Alors nous irons trouver la beauté ailleurs

4 étoiles

Corinne Morel Darleux nous invite à l'accompagner pendant un séjour d'un mois à Pondichéry où l'ont conduites ses activités d'intellectuelle, de militante, d'observatrice du monde tel qu'il va. Mais du détail de ses activités, ou de celles qui l'avaient mené au Rojava, nous ne saurons en fait que peu de choses, il n'en est souvent question qu'au détour d'une phrase.

En fait, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est à l'intimité de son déplacement qu'elle nous convie à assister. Déplacement non seulement en Inde, mais surtout ailleurs, comme le soulignent les « confins » du sous-titre. Un ailleurs qui n'est pas tant géographique que mental. Se déplacer, déplacer son point de vue, s'extraire de ses habitudes invisibles, s'observer en reconstruire d'autres. Elle nous convie à ses lectures (paroxysme de l'intime!); notamment deux romans — Le dieux des petits riens d'Arundhati Roy, et Les yeux dans les arbres, de …

a terminé la lecture de Ceux de 14 par Maurice Genevoix (Points -- P231)

Maurice Genevoix: Ceux de 14 (Paperback, French language, 1996, Seuil) Aucune note

La guerre à hauteur d'homme, avais-je écrit au moment de commencer ma lecture de ce livre. Un livre qu'on m'avait conseillé il y a longtemps, sur lequel je suis tombé par hasard, et qui m'a accompagné pendant les trois semaines que sa lecture m'a demandées. C'était par opposition à cette guerre « moderne » qu'on nous montre souvent, faites d'avions de reconnaissance et de drones connectés. Ici, la guerre se mène à pied, parfois à cheval ; seules les ambulances ne sont des automobiles. Elle se mène à pied, sous la pluie, dans la boue ; sous le fracas des marmites qui tombent, des balles qui claquent, souvent sans but. Elle est aussi ces journées de récupération, au cœur de la vie civile, dans un bain chaud qu'autorise une journée de permission à Verdun, dans une soirée trop alcoolisée, dans un « quart » de café un peu plus chaud …

Étienne Davodeau: Loire (GraphicNovel, français language, Gallimard) 4 étoiles

Quand Louis reçoit cette invitation d’Agathe, il est un peu ému. Et intrigué. Il y …

Tout commence par un retour mystérieux, un peu nostalgique, au bord de la Loire, par une baignade inopinée dans le fleuve qui se termine en une drôle de balade nocturne. Il s'agissait de répondre à l'invitation d'Agathe, mais une invitation plus profonde sous-tend toute cette bande dessinée aux magnifiques aquarelles. « Je voudrais penser comme un fleuve. »

a terminé la lecture de Étranger par Karine Parrot (Le mot est faible)

Karine Parrot: Étranger (Paperback, français language, Anamosa) Aucune note

Dans la veine propre à la collection Le mot est faible, ce nouveau titre revient, …

Celles et ceux qui me connaissent savent mon attachement à cette collection Le mot est faible, chez Anamosa, qui, mot après mot, analyse, construit et déconstruit la société dans laquelle nous vivons. Mais ce dernier petit ouvrage (96 pages) est tout simplement exceptionnel.

Au prisme de la situation française, pour fixer les idées, Karine Parrot expose deux siècles d'histoire et de droit des étrangers. Comment le racisme façonne le droit qui, par un pratique retour de bâton, légitime le racisme, avec comme tiers-personnage les besoins de l'économie.

Découverte dans les premières pages, l'étymologie du mot « aubaine »  est déjà glaçante: l'aubain était l'étranger, et le droit d'aubaine était le droit à s'approprier ses biens lorsqu'il mourait.

Plus encore que chacun des livres de cette collection, c'est un livre de savoir et un livre de combat. J'espère qu'il donnera lieu à de nombreuses présentations publiques, il y a matière.

a publié une critique de Classe par Étienne Penissat (Le mot est faible)

Étienne Penissat: Classe (Paperback, français language, Anamosa) 4 étoiles

Classe : historiquement, le mot est fort, associé à une remise en cause radicale de …

Prolétaires de tous les pays…

4 étoiles

Ce petit livre fait le point sur la notion de classe, de son essor au 19e siècle, en même temps que l'émergence du capitalisme industriel, à son déclin — au profit d'autres catégories d'analyse — sous l'impact du néolibéralisme des années 1970-2000, et à la façon dont certains points de vue (intersectionnel, en particulier) lui redonnent aujourd'hui toute son acuité. Comme tous les livres de cette remarquable collection, Le mot est faible, un livre à la fois de connaissance et de combat.

Pascal (français language, POL) 4 étoiles

« Lire les Pensées de Pascal, c’est faire l’expérience d’un désordre dont nous sommes inconsolables …

Un texte contemporain sur un texte du 17e siècle fait de centaines de petites notes transmises, arrangées, réarrangées, commentées et indéfiniment recommentées. Marianne Alphant nous parle des Pensées de Pascal, bien sûr, mais surtout de ce que leur lecture la bouleverse, comme elle en a bouleversé tant d'autres avant elle. Pas une lecture très facile, mais peut-être est-ce une qualité pour un livre, une vertu même, que d'imposer une lecture assez lente.