Critiques et Commentaires

Et c'est parti pour le tome 2 de cette incroyable biographie de Franz Kafka. Le tome 1, Le temps des décisions, se concentrait sur les années 1910-1015, ses premières nouvelles (La sentence, La métamorphose), la rencontre avec Felice Bauer et le début du Procès. Celui-ci parcourt les années 1915-1924. Je suis en particulier très intrigué (et un peu inquiet) de découvrir une autre vision de sa rencontre avec Milena (qui m'avait fascinée lorsque j'avais lu le livre de Margaret Buber Neumann).

Une courte nouvelle de Toni Morrison, la seule qu'elle ait écrite d'ailleurs. Deux fillettes, de races différentes, se rencontrent à l'âge de 8 ans dans un orphelinat où leurs mères les ont déposées quelques mois. Elles se perdront de vue mais se croiseront de nouveau quelques fois. Une réflexion troublante sur l'altérité et comment elle nous divise, au delà de l'entendement.

Quel sacré beau livre! Il y est question de la famille, de l'amour qui y règne et des manipulations de toutes sortes qui peuvent s'y déployer. Mais aussi de la beauté du théâtre, de l'angoisse de grandir, et de ce que nous apprennent les fantômes qui rôdent dans nos têtes.

J'avais beaucoup aimé la tendresse des Meilleures intentions, voyons ce que donnera le livre précédent. (Je n'ai pas vu le film.)

Un fantastique livre d'histoire où sciences, politique, société se mêlent inextricablement à propos d'un désir délirant de la Révolution française: mesurer précisément la Terre pour en faire l'unité de mesure qui nous est aujourd'hui familière: le mètre. Un livre d'aventures, même, parce que ça commence plutôt mal pour nos deux principaux protagonistes, Méchain et Delambre, chargés de trianguler le méridien qui va de Dunkerque à Barcelone. Il faut dire que faire des mesures en pleine guerre (franco-espagnole) ou en pleine Révolution, ça intrigue pas mal et ce n'est pas toujours facile. Prévue pour durer un an, leur expédition leur coûtera 7 années d'efforts ! Et si la France aura été le premier pays à adopter le mètre, elle sera aussi le premier à y renoncer.

Un roman d'histoire et de science. Avec plein de notes à la fin pour prouver que c'est tout vrai.

Ingmar Bergman raconte les 10 premières années du couple que formèrent ses parents, de 1909 à 1918. Il dit tout de cet amour immense qui peut lier deux êtres, et de la fragilité de ce lien qui les rend l'un à l'autre. De ces concessions silencieuses, de ces mots trop vite proférés et de ces moments où l'on dirait que rien ne peut atteindre cette unité. Anna, sa mère, est magnifiquement lumineuse, mais aussi un peu capricieuse ; son père, Henrik, a cette sorte d'idéalisme tyrannique qui le rend également insensible à la détresse de son épouse. Le fils, qui raconte cette histoire en 1988 les regarde et les raconte avec une grande tendresse.

C'est un livre bouleversant.

J'avais besoin de lire un livre plein de douceur,et j'ai choisi celui-ci, spontanément, alors que tournais dans la librairie. J'avais lu distraitement la 4e de couverture, la photographie sur l'avant montrait un père assoupi contre un nourrisson qui dort, la main étendu sur lui, en protection. Pourtant, il y a des moments dramatiques dans ce livre écrit par un père à sa fille de deux mois, il y a de la dureté, cette dureté qui est peut-être celle de la vie, mais la lumière ne le quitte jamais. Une heureuse découverte.

L'un des livres les plus touchants qu'il m'ait été offert de lire depuis longtemps, tant l'émotion qui y sourd vous atteint au profond de l'âme, de ce qui fait notre condition d'être humain, de sa détresse et de la possibilité salvatrice d'en rire.

Le contexte est atroce. Prague pendant la seconde guerre mondiale, occupée par les nazis. Josef Rubicek, un ancien employé de banque, juif, vit seul dans une bicoque délabrée d'où l'humidité suinte, à peine chauffé par un poële qui fonctionne mal. Un chat errant, Thomas, la mémoire de Ruzena, son ancienne amante avec laquelle il n'avait pas osé quitter le pays, et quelques amis de rencontre changeront sa vie.

Publié en 1949, l'ombre de la mort plane de part en part sur ce roman mais ne parvient pas à en dissiper la lumière.

Début de lecture de ce livre Le Monde des mathématiques qui décrit, d'un point de vue historique/sociologique, cette discipline et celles et ceux qui y contribuent. Le livre débute par une introduction générale de Menger et Verschueren qui rappelle de façon utile les trois critères d'une méritocratie (juste compétition, efficacité, équité sociale) et annonce d'emblée que la communauté des mathématiques remplit très bien les deux premiers mais échoue sur le troisième. C'est en gros ce que montrera le reste du livre qui se compose de chapitres indépendants par de nombreux auteurices.

Pilules roses : qui a dit qu'une enquête philosophique et éthique ne pouvait pas s'annoncer aussi excitante qu'un polar?

Un livre d'entretiens avec une dizaine d'acteurices et militant·es de l'écologie contemporaine qui présentent leur parcours, leurs désirs, leurs désillusions… Lecture facile, globalement revigorante, peut-être un peu lassante sur la fin. On aimerait un tome 2 où ces gens-là se parleraient entre eux et tâcheraient d'ébaucher une sorte de programme commun.