Apprenti mathématicien, professeur à l'université Paris Cité
Apprenti musicien (batterie, tablas)
Apprenti lecteur (romans, essais, poésie… en français ou en anglais)
À vingt-quatre ans, le communiste Pierre Goldman quitte la guérilla du Venezuela. Il devient à …
Je ne connaissais pas l'auteur avant de voir le film qui lui a été récemment consacré et que j'avais beaucoup aimé. Je lis le livre pour tenter de comprendre pourquoi la dernière compagne de Pierre Goldman a jugé le film mensonger.
Dès les premières pages, l'écriture tranchante fait devenir la radicalité troublante, sinon fascinante, du personnage. Une des ambigüïtés vient peut-être de ce que l'auteur ne se prétend pas « bon », tout en contrôlant fermement sa trajectoire.
Tous les écrivains s’engagent. La question n’est donc pas celle-ci. Certains s’engagent en faveur du …
Une belle discussion entre deux écrivains également engagés pour un monde plus juste, mais très différents dans le détail. L'approche de Kaoutar Harchi se nourrit de sa position d'enseignante-chercheuse, de son savoir de sociologue, et s'ancre dans sa condition de femme, musulmane, racisée, issue d'un milieu populaire immigré, qu'elle raconte dans Comme nous existons et qu'elle reprend un peu ici. Joseph Andras, lui, vit (avec difficulté) de sa condition d'écrivain, est autodidacte, athée (mais semble profondément touchée par le christianisme des débuts) et reste silencieux sur ses origines familiales et tout ce qui a trait à sa vie privée ; ses textes mettent en scène des figures réelles, tel ce militant de la libération algérienne, Fernand Ivetot, qu'il raconte dans De nos frères blessés. Leurs projets politiques différent également un peu sur le principe mais pas tant que ça sur les buts.
Organisé en trois chapitres, Écrire, Combattre, Publier, …
Une belle discussion entre deux écrivains également engagés pour un monde plus juste, mais très différents dans le détail. L'approche de Kaoutar Harchi se nourrit de sa position d'enseignante-chercheuse, de son savoir de sociologue, et s'ancre dans sa condition de femme, musulmane, racisée, issue d'un milieu populaire immigré, qu'elle raconte dans Comme nous existons et qu'elle reprend un peu ici. Joseph Andras, lui, vit (avec difficulté) de sa condition d'écrivain, est autodidacte, athée (mais semble profondément touchée par le christianisme des débuts) et reste silencieux sur ses origines familiales et tout ce qui a trait à sa vie privée ; ses textes mettent en scène des figures réelles, tel ce militant de la libération algérienne, Fernand Ivetot, qu'il raconte dans De nos frères blessés. Leurs projets politiques différent également un peu sur le principe mais pas tant que ça sur les buts.
Organisé en trois chapitres, Écrire, Combattre, Publier, cet entretien leur permet d'articuler leur vision de la littérature et la façon dont, selon elleux, elle peut contribuer à un projet politique révolutionnaire en ce sens qu'il se donne pour but de faire advenir la justice.
Tous les écrivains s’engagent. La question n’est donc pas celle-ci. Certains s’engagent en faveur du …
Un contrepoint au Contre la littérature politique, un dialogue entre deux écrivains où ils évoquent leur(s) façon(s) de faire de la littérature, et son rapport au politique. Je viens de le commencer. C'est une discussion précise, soigneuse, les mots ont une importance et écrire aussi.
Rien de plus faussé en notre siècle que le rapport à la vérité. Rarement l'humanité …
Automne 1989.
Un correcteur d'imprimerie comme on n'en voit plus guère, à l'affût de la moindre coquille, sensible au plus petit accent de travers ou a une italique mal venue.
Le délitement de son petit groupe de réflexion marxiste, alors que le Mur de Berlin tombe, que les Pays de l'Est se libèrent.
La retour — déjà ! — des provocations néo-fascistes.
Et ce glaucome qui menace jusqu'à sa raison d'être.
À quoi peuvent servir les mathématiques pour résister à la confusion ambiante des idées ? …
Un petit livre qui zigzague sciemment entre mathématiques, souvenirs politiques parfois impressionnants (Michel Broué a joué un grand rôle dans la libération de prisonniers politiques scientifiques), coups de gueule souvent touchants (pour #Metoo et Mediapart, contre l'islamophobie, Allègre et Raoult).
La plume est plutôt vive et rend bien compte du ton et des engagements de celui qu'un article de Libé (ou était-ce Le Monde?) qualifiait, dans les années 90, de « sympathique moustachu ».
Aujourd’hui, le mot « politique » est partout en littérature, peut-être au point d’en disséminer …
Contre la littérature politique.
Drôle de titre pour un livre collectif dont les six auteurices se sont illustrées dans le registre de la littérature politique.
C'est que le refus que clame le titre de ce livre est celui d'une sorte de littérature politique qui, à force de prétendre être politique, oublierait qu'elle est littérature, à moins que ce ne soit le contraire : à trop être littérature, perdre le fil du politique.
Les six textes qui constituent ce petit livre sont ainsi six exercices de littérature politique, aux formes littéraires variées, du conte (Volodine) à la liste d'aphorismes (Quintane) et l'essai (Viel) en passant par la lettre (Alferi) et le poème (Yousfi, Kaplan).
Ce sont d'ailleurs ces deux derniers textes qui me semblent le mieux témoigner de cette volonté d'une litterature politique qui voudrait ne perdre de vue ni la littérature ni la politique, et qui en tout cas m'ont …
Contre la littérature politique.
Drôle de titre pour un livre collectif dont les six auteurices se sont illustrées dans le registre de la littérature politique.
C'est que le refus que clame le titre de ce livre est celui d'une sorte de littérature politique qui, à force de prétendre être politique, oublierait qu'elle est littérature, à moins que ce ne soit le contraire : à trop être littérature, perdre le fil du politique.
Les six textes qui constituent ce petit livre sont ainsi six exercices de littérature politique, aux formes littéraires variées, du conte (Volodine) à la liste d'aphorismes (Quintane) et l'essai (Viel) en passant par la lettre (Alferi) et le poème (Yousfi, Kaplan).
Ce sont d'ailleurs ces deux derniers textes qui me semblent le mieux témoigner de cette volonté d'une litterature politique qui voudrait ne perdre de vue ni la littérature ni la politique, et qui en tout cas m'ont le plus touché. Avec son Chant pour des armes splendides, Louisa Yousfi revisite l'Iliade après #BLM sous la forme d'un chant homérique interrompu par une voix qui semble venue du public, à moins que ce ne soit l'autrice elle-même. Leslie Kaplan propose avec Donnez-moi un mot, juste un mot (... et je soulèverai le monde) un long poème en vers libres à deux voix, qui part d'Alice au pays des merveilles et y revient, avec beaucoup de force. J'avais d'ailleurs bien aimé cette forme dont Nathalie Quintane avait fait son Hamster à l'école.
" Débordant de passion, d'héroïsme, de musique, de drames, un Docteur Jivago qui aurait pour …
Le contexte est la catastrophe de Tchernobyl, mais au bout d'une centaine de pages, le livre se focalise sur des vies quotidiennes, avec leur étroitesse contrainte et, pour certains, leur besoin de plus de grandeur, de plus de liberté, pour d'autres la soumission tranquille à un ordre qui les broie mais les laisse survivre.
Il y a de belles idées de personnages dans ce roman, mais il me laisse l'impression de n'avoir pas exploité son sujet jusqu'au bout.
Virginia Woolf’s novel chronicles a day in the life of Clarissa Dalloway, a politician’s wife …
Mrs Dalloway
4 étoiles
Le livre se déroule le long d’une journée du mois de juin 1923, à Londres. Il est centré sur le personnage de Mrs Dalloway, une bourgeoise londonienne qui organise une soirée chez elle, avec toute une galerie de personnages qui gravitent autour d’elle.
Ce qui retient surtout l’attention, c’est le style : l’essentiel du livre se passe dans la tête des personnages. Le récit suit le fil de leurs pensées, et nous révèle leur vie intérieure et leur vision des choses. L’écriture laisse une impression de fluidité : le texte coule sans discontinuer d’une idée à une autre au gré des pensées des personnages, (d’ailleurs il n’y a pas de chapitres : les 300 pages s’enchaînent quasiment en continu), et parfois il saute d’un personnage à un autre, lesquels se jugent les uns les autres, ou bien partagent une même expérience mais l’appréhendent différemment.
C’est vraiment une écriture de l’intériorité. …
Le livre se déroule le long d’une journée du mois de juin 1923, à Londres. Il est centré sur le personnage de Mrs Dalloway, une bourgeoise londonienne qui organise une soirée chez elle, avec toute une galerie de personnages qui gravitent autour d’elle.
Ce qui retient surtout l’attention, c’est le style : l’essentiel du livre se passe dans la tête des personnages. Le récit suit le fil de leurs pensées, et nous révèle leur vie intérieure et leur vision des choses. L’écriture laisse une impression de fluidité : le texte coule sans discontinuer d’une idée à une autre au gré des pensées des personnages, (d’ailleurs il n’y a pas de chapitres : les 300 pages s’enchaînent quasiment en continu), et parfois il saute d’un personnage à un autre, lesquels se jugent les uns les autres, ou bien partagent une même expérience mais l’appréhendent différemment.
C’est vraiment une écriture de l’intériorité. Virginia Woolf arrive très bien à retranscrire la vie intérieure de ses personnages.
Parmi les thèmes abordés, outre la description de la bourgeoisie londonienne des années 1920, de ses mondanités, et du Londres de l’époque (le plan de la ville en annexe n’est pas de trop), on trouve des questions existentielles assez universelles : les personnages sont confrontés à leur passé, au sens de leur vie, à leurs rapports aux autres, mais aussi à des sujets inattendus : les inégalités sociales, l’homosexualité féminine, la folie, le suicide...
Parfois, le texte a provoqué chez moi une sensation de vertige étrange. Il se déroule en 1923, il y a presque exactement un siècle, et la moyenne d’âge des personnages doit tourner autour de 50 ans. Lorsque l’un d’eux évoque son adolescence dans les années 90, ça me renvoie à ma propre adolescence dans les années 90… avant de réaliser qu’il parle bien sûr des années 1890. Ou à un autre moment, ils mentionnent un peuple massacré au moyen-orient, on pense instantanément aux palestiniens, sauf qu’ils parlent... des arméniens. Comme si 1923 et 2023 s’interpénétraient le temps d’un instant...
" Débordant de passion, d'héroïsme, de musique, de drames, un Docteur Jivago qui aurait pour …
Un cadeau de Noël, reçu un peu par hasard puisqu'il fallait choisir un livre dans une pile, avec juste quelques indices...
Le hasard a ceci de troublant que le point de départ du roman se passe le jour de mon 15e anniversaire, c'est-à-dire l'explosion de la centrale de Tchernobyl.
Au bout de 100 pages, il est difficile de prédire si l'auteur saura permettre à ses héros de fiction de dépasser le cadre imposant de cette catastrophe, en particulier après le livre d'Alexeievitch ou la série TV sur le sujet. On verra bien.
@fichusalon@mas.to j'ai bien envie, maintenant, de voir la pièce. Et oui, c'est pas forcé , mais néanmoins bien possible qu'on ne puisse apprécier certains textes littéraires qu'après avoir un peu éprouvé les émotions qu'ils décrivent. (Je n'avais rien compris à Premier amour de Tourgueniev, lorsque je l'avais lu à l'âge de 10 ans ; et détesté l'Education sentimentale à l'âge de 20 ans...)
La Mouette d’Anton Tchekhov est une pièce en quatre actes, dont les trois premiers se …
Difficile de commenter.
C'est enivrant comme les rêves de jeunesse, amer comme les désirs contrariés, triste comme ce que vous font l'égoïsme et l'insensibilité, violent comme la mort et le désespoir, et pourtant c'est beau.
@milubo@mastodon.social
Je dois me corriger, puisque la Dame de pique est de Pouchkine, et c'est bien cette nouvelle que j'avais lue. Il me reste donc à découvrir les nouvelles de Tchekhov.
La Mouette d’Anton Tchekhov est une pièce en quatre actes, dont les trois premiers se …
J'étais allé voir Notre vie dans l'art de Richard Nelson au théâtre du Soleil. La pièce raconte une journée de la troupe du Théâtre d'art de Moscou lors de sa tournée américaine de 1923 et parmi les personnages, on voit notamment Constantin Stanislavski et Olga Knipper-Tchékhova, la veuve de Tchekhov. C'est un spectacle fabuleux, sur le théâtre, une sorte de théâtre dans le théâtre.
Du coup, j'ai eu envie de lire Tchekhov, dont je ne connais quasi rien à part La dame de pique et je commence par La mouette. Et dès le premier acte, je vois — avec une sorte de ravissement — comment ce thème du théâtre dans le théâtre était tout tchékhovien.
Il y a une difficulté à lire du théâtre, que les personnages ne se voient offrir aucune présentation : ils déboulent direct dans votre vie et se parlent l'un l'autre sans trop vous offrir de …
J'étais allé voir Notre vie dans l'art de Richard Nelson au théâtre du Soleil. La pièce raconte une journée de la troupe du Théâtre d'art de Moscou lors de sa tournée américaine de 1923 et parmi les personnages, on voit notamment Constantin Stanislavski et Olga Knipper-Tchékhova, la veuve de Tchekhov. C'est un spectacle fabuleux, sur le théâtre, une sorte de théâtre dans le théâtre.
Du coup, j'ai eu envie de lire Tchekhov, dont je ne connais quasi rien à part La dame de pique et je commence par La mouette. Et dès le premier acte, je vois — avec une sorte de ravissement — comment ce thème du théâtre dans le théâtre était tout tchékhovien.
Il y a une difficulté à lire du théâtre, que les personnages ne se voient offrir aucune présentation : ils déboulent direct dans votre vie et se parlent l'un l'autre sans trop vous offrir de contexte ; savent-ils seulement que vous êtes-là ? Et dans le théâtre russe, il y a une seconde difficulté : les personnages ont plein de noms, à rallonge ou au contraire des diminutifs, qu'ils choisissent on ne sait comment.
Néanmoins, l'intrigue s'installe. Il y a déjà des rancœurs familiales, des rêves inassouvis. Ça promet.