Sébastien Maret veut lire La route par Manu Larcenet

La route de Manu Larcenet
L'apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et …
Entre catalyseur de savoirs, passeur de compétences et ouvreur scientifique, j'aspire à l'exploration littéraire des futurs possibles, sans totalement exclure l'exploration future de possibles littéraires.
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L'apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et …
Il se leva et partit vers la route. Le noir ruban du macadam menant de ténèbres en ténèbres. Puis un sourd grondement lointain. Pas de tonnerre. On pouvait le sentir sous les pieds. Un bruit sans référent donc sans description. Quelque chose d'impondérable qui se déplaçait là-bas dans l'obscurité. La terre elle-même se contractant sous l'effet du froid. Ça ne revenait pas. Quelle saison de l`année? Quel âge l'enfant ? Il s'avança sur la route et s'arrêta. Le silence, Le salitter disparaissant de la terre en se desséchant. Les formes boueuses de villes inondées, incendiées jusqu'au ras des eaux. À un carrefour des dolmens où moisissent des os divinatoires. Pas d'autre bruit que le vent. Que diras-tu ? Un homme vivant a-t-il proféré ces lignes ? A-t-il pris son petit couteau pour tailler sa plume et inscrire ces choses avec de la prune ou de la suie? À un moment prévisible et écrit ? La mort va me dérober mes yeux. Me sceller la bouche avec de la terre.
— La route de Cormac McCarthy, Manu Larcenet (Page 246 - 247)
Un court extrait de cet inclassable récit qu'est La Route. À proximité de l'achèvement de l'œuvre, il me semble qu'il rend à lui seul son atmosphère noire, pesante, et néanmoins d'une rare poésie.
Une caractéristique de ce passage est l'énigme du mot "salitter" , identique dans la version originale, sur lequel la plupart des dictionnaires, anglais comme français, semblent avoir fait l'impasse.
Je crois avoir compris, naïf que je suis : de la science-fiction qui n'en est pas est de la science-fiction écrite par une autrice ou un auteur qui n'est pas connu pour cela. Un sujet dystopique traité à la manière de la science-fiction, mais avec un regard probablement décalé.
Cela garde son attrait !
Troisième dystopie de la rentrée littéraire, selon Télérama, qui le classe toujours dans de la science fiction qui n'en est pas (voir bw.heraut.eu/user/fresseng/comment/16757).
Comment les ultras riches préparent la fin du monde.
Du même emballement dystopique que Sister-ship (bw.heraut.eu/user/fresseng/comment/16751), Dors de ton sommeil de brute est aussi de la science-fiction qui n'en est pas. Pour éclairer le concept, France Culture peut peut-être aider : www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/france-culture-va-plus-loin-l-invite-e-des-matins/dors-ton-sommeil-de-brute-le-cri-de-carole-martinez-4432337
Découvert dans un article de Télérama sur la rentrée littéraire. Article intitulé "Emballement dystopique". D'après l'article, voici un ovni romanesque qui n'est pas de la science-fiction, mais qui traite d'un sujet jusque-là réservé à la science-fiction. J'avoue mon incompréhension. Pourquoi ce livre ne serait-il pas de la science-fiction, alors ?
Intriguant, attrayant : réponse peut-être après la lecture.
@fresseng merci 😳Je n'ai pas encore fini ma lecture, donc j'en dirai plus (mais pas trop) une fois que j'aurai terminé. Cependant, je suis vraiment très agréablement surpris par la qualité de l'œuvre.
Les recommandations de @Balbec@bw.heraut.eu sont toujours à considérer. Celui-là a l'air effectivement alléchant.
Découvert ici, sur #bookwyrm, suggéré par l'auteur. (J'ai vraiment apprécié son premier roman : bw.heraut.eu/book/56370/review#reviews)
@francoisArnould C'est un plaisir ! J'ai essayé de rendre hommage à l'œuvre, mais la dragée et haute ! Merci pour le conseil de lecture ! Il va falloir que je m'adresse à La Petite Librairie.
@fresseng Merci !...Je suis très ému par cette chronique très juste et qui correspond exactement à l’état d’esprit qui m’animait quand j’ai écrit ce récit…il y a quarante ans…Les brumes d’alcool s’étant dissipées (tout passe) j’ai publié depuis d’autres ouvrages… « Le purgatoire des lâches » qui est un recueil de nouvelles me parait être le meilleur.
J'ai découvert Le bidonville enchanté au stand de son auteur lors du Festival Livresse. C'est en évoquant le côté surréaliste de son roman qu'il m'a convaincu d'en faire l'acquisition puis la lecture. Et je ne fus pas déçu !
C'est un premier roman, écrit dans les années 1980 et publié une première fois en 2017. La présente édition est une réédition d'un texte remanié. Nous nous trouvons néanmoins toujours dans les années 1980.
Roland est cheminot de son métier. Maints autres qualificatifs peuvent le décrire : violent, proxénète, misogyne et misanthrope… mais alcoolique est peut-être le principal. L'alcool est la raison de vivre de Roland, l'interface entre le monde et lui, sa protection inamovible. C'est aussi le truchement par lequel intervient le surréalisme : l'histoire contée est vécue par Roland, au travers des brumes éthyliques, travestissant la réalité en rêves, souhaits et croyances. Difficile pour le lecteur de départager …
J'ai découvert Le bidonville enchanté au stand de son auteur lors du Festival Livresse. C'est en évoquant le côté surréaliste de son roman qu'il m'a convaincu d'en faire l'acquisition puis la lecture. Et je ne fus pas déçu !
C'est un premier roman, écrit dans les années 1980 et publié une première fois en 2017. La présente édition est une réédition d'un texte remanié. Nous nous trouvons néanmoins toujours dans les années 1980.
Roland est cheminot de son métier. Maints autres qualificatifs peuvent le décrire : violent, proxénète, misogyne et misanthrope… mais alcoolique est peut-être le principal. L'alcool est la raison de vivre de Roland, l'interface entre le monde et lui, sa protection inamovible. C'est aussi le truchement par lequel intervient le surréalisme : l'histoire contée est vécue par Roland, au travers des brumes éthyliques, travestissant la réalité en rêves, souhaits et croyances. Difficile pour le lecteur de départager les perceptions de Roland entre celles qui relèvent de son imaginaire et celles qui tentent de rendre compte d'une certaine réalité. Il s'ensuit une lecture agréable, à mi-chemin entre roman et poésie, le tout mâtiné d'une ambiance des plus sombres faisant ressortir les travers humains les plus cruels.
Sous couvert de plus d'une dizaine de courts chapitres, le roman comporte essentiellement trois parties : la présentation de Roland, sa vie, son mariage ; une longue soirée festive qui jour un rôle central ; les conséquences de la soirée sur la vie de Roland. En trame de fond : la gare, le travail, auquel Roland tentera d'échapper tout au long du roman. C'est le point névralgique, le point focal du surréalisme : la perception du mécanisme bien huilé du trafic ferroviaire à travers les yeux embués d'alcool d'un cheminot pointeur dilettante est remarquable de poésie.
Une petite incohérence à relever, page 91 par exemple, où l'auteur prête la qualité de sa plume à Roland qui s'exprime donc de manière bien plus poétique qu'à son habitude, malgré les verres absorbés. La fin, également, est surprenante et abrupte, dans un rebondissement à l'utilité discutable… mais quoi de plus difficile de trouver une fin !
À conseiller, ainsi, aux amateurs de poésie sombre… et à éviter les jours de blues.
@Balbec @balbec@piaille.fr ;) J'ai eu du mal à comprendre aussi, jusqu'à ce que j'aie les deux livres devant les yeux.
Il y a une bande dessinée, qui est à mon avis une œuvre originale de Manu Larcenet. Ici : bw.heraut.eu/book/54068/s/la-route. Ce n'est pas une version illustrée, c'est une bande dessinée.
Il y a aussi une réédition du roman de Cormac McCarthy. Le texte est de Cormac McCarthy. C'est l'œuvre originale. Donc à mon sens, ce n'est pas une nouvelle œuvre, mais une nouvelle édition. Ce qui crée la confusion, c'est qu'elle est illustrée par quelques dessins de Manu Larcenet. Elle est ici : bw.heraut.eu/book/67443/s/la-route
Ainsi : une BD de Manu Larcenet sous le titre La Route et une réédition du roman La Route de Cormac McCarthy, illustrée par le même Larcenet.
C'est plus clair ?
@Balbec @balbec@piaille.fr Et désolé ! Je n'ai pas non plus réussi à associer cette nouvelle édition avec les 35 (!) autres plus anciennes. Elle est donc enregistrée à tort comme une nouvelle œuvre.