s_mailler veut lire Grain d’hiver par Laurence Biberfeld
Pour la critique de @clochix@bouquins.zbeul.fr qui donne envie, et pour l'atmosphère Béarnaise.
Je lis un peu de tout, surtout en français, parfois en espagnol ou en anglais.
J'ai quelques livres à donner listés sur inventaire.io : inventaire.io/shelves/27f5f8e89b15ab0504501d147cc2b876
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Pour la critique de @clochix@bouquins.zbeul.fr qui donne envie, et pour l'atmosphère Béarnaise.
C'est le premier livre de "dark fantasy" que je lis, et c'est une belle découverte pour moi. Ivan est un paisible paysan du Daesan, une contrée inspirée par la Corée avec des influences impériales d'un pays qui ressemble à la Russie. Sa vie bascule quand il est enlevé et brutalisé par des mercenaires appartenant à la Horde, une milice dirigée par une mystérieuses Putain Blanche. On le suit au cours de ses aventures avec cette troupe ultraviolente, et dans la construction d'une relation subtile et complexe avec Yekaterina, la Putain Blanche.
Le livre tient à la fois de la tragédie et de l'épopée, dans un monde pseudo-médiéval qu'Aurélie Luong nous décrit de façon particulièrement élaborée sur le plan social, politique et anthropologique. L'histoire est riche de rebondissements pour lesquels l'effet de surprise est à chaque fois saisissant. Je ne saurais trop recommander cette lecture même et surtout si vous n'êtes …
C'est le premier livre de "dark fantasy" que je lis, et c'est une belle découverte pour moi. Ivan est un paisible paysan du Daesan, une contrée inspirée par la Corée avec des influences impériales d'un pays qui ressemble à la Russie. Sa vie bascule quand il est enlevé et brutalisé par des mercenaires appartenant à la Horde, une milice dirigée par une mystérieuses Putain Blanche. On le suit au cours de ses aventures avec cette troupe ultraviolente, et dans la construction d'une relation subtile et complexe avec Yekaterina, la Putain Blanche.
Le livre tient à la fois de la tragédie et de l'épopée, dans un monde pseudo-médiéval qu'Aurélie Luong nous décrit de façon particulièrement élaborée sur le plan social, politique et anthropologique. L'histoire est riche de rebondissements pour lesquels l'effet de surprise est à chaque fois saisissant. Je ne saurais trop recommander cette lecture même et surtout si vous n'êtes pas familier du genre ce qui est mon cas.
En revanche, passez votre chemin si vous ne voulez pas être exposés à des scènes de guerre, de viol ou de torture d'une violence extrême. Mais cette violence ne nuit pas à la finesse et à la complexité du livre, bien au contraire.
Face à un tel livre on est renvoyé à son incompétence comme "critique littéraire" du dimanche sur les réseaux sociaux. Je vais toutefois me lancer.
Ce roman est une saga familiale qui commence en 1750 avec l'histoire du gouverneur d'une province du Buganda, Kintu. Par ses erreurs, il s'attire, sur lui et sur sa descendance, une terrible malédiction.
On retrouve diverses branches de sa descendance plus de 200 ans plus tard à la fin du XXeme siècle, aux prises avec cette même malédiction, mais aussi avec les différents maux qui frappent l'Ouganda. Le régime d'Amin Dada, la guerre, l'épidémie de Sida, plus généralement aux tensions de cette société où les valeurs traditionnelles se heurtent aux monothéismes, au militarisme, aux épidémies. On suit ce "clan" qui cherche à se reconstituer et à réparer les fautes de leur aïeul pour mettre fin à la malédiction qui les frappe.
J'ai énormément apprécié ce …
Face à un tel livre on est renvoyé à son incompétence comme "critique littéraire" du dimanche sur les réseaux sociaux. Je vais toutefois me lancer.
Ce roman est une saga familiale qui commence en 1750 avec l'histoire du gouverneur d'une province du Buganda, Kintu. Par ses erreurs, il s'attire, sur lui et sur sa descendance, une terrible malédiction.
On retrouve diverses branches de sa descendance plus de 200 ans plus tard à la fin du XXeme siècle, aux prises avec cette même malédiction, mais aussi avec les différents maux qui frappent l'Ouganda. Le régime d'Amin Dada, la guerre, l'épidémie de Sida, plus généralement aux tensions de cette société où les valeurs traditionnelles se heurtent aux monothéismes, au militarisme, aux épidémies. On suit ce "clan" qui cherche à se reconstituer et à réparer les fautes de leur aïeul pour mettre fin à la malédiction qui les frappe.
J'ai énormément apprécié ce livre, une plongée dans les coutumes et la vie du Buganda, puis celles de l'Ouganda, de façon très vivante dans les deux cas. Une vraie immersion. Plusieurs intrigues sont menées de front et s'entremêlent, avec des personnages aux prises à des problèmes à la fois spirituels et terriblement concrets.
En un volume, on a quelque chose qui tient à la fois des Rougon-Macquart pour les "fêlures" qui resurgissent de génération en génération, et de "Cent ans de solitude" pour là aussi le suivi de cette famille sur des décennies, et ce côté magique, cyclique sans l'être tout à fait.
En ce sens j'ai l'impression que c'est un chef d'œuvre, en tout cas un roman qui restera marquant pour moi.
Siméon, un Noir américain, arrive à Paris en pleine guerre d'Algérie. Si il est d'abord enchanté de l'atmosphère de liberté qui règne à Paris, loin du racisme débridé qu'il a subi à Philadelphie, il déchante vite en réalisant que "les Algériens sont les nègres de la France". Nous suivons les péripéties de Siméon dans ce petit milieu des expatriés à Paris, mais nous suivons aussi son éveil à la guerre d'Algérie et au racisme anti-algérien en France, au fil de rencontres, de péripéties qui le confrontent à la violence d'État, et de conversations avec Ahmed, un militant exemplaire du FLN.
Ce livre a en fait un double intérêt. Tout d'abord c'est un bon roman extrêmement fin et bien mené, qui nous tient en haleine. On s'attache aux personnages, et en particulier à Siméon mais aussi pour ce qui me concerne à Maria, réfugiée juive polonaise rescapée des camps de la …
Siméon, un Noir américain, arrive à Paris en pleine guerre d'Algérie. Si il est d'abord enchanté de l'atmosphère de liberté qui règne à Paris, loin du racisme débridé qu'il a subi à Philadelphie, il déchante vite en réalisant que "les Algériens sont les nègres de la France". Nous suivons les péripéties de Siméon dans ce petit milieu des expatriés à Paris, mais nous suivons aussi son éveil à la guerre d'Algérie et au racisme anti-algérien en France, au fil de rencontres, de péripéties qui le confrontent à la violence d'État, et de conversations avec Ahmed, un militant exemplaire du FLN.
Ce livre a en fait un double intérêt. Tout d'abord c'est un bon roman extrêmement fin et bien mené, qui nous tient en haleine. On s'attache aux personnages, et en particulier à Siméon mais aussi pour ce qui me concerne à Maria, réfugiée juive polonaise rescapée des camps de la mort. La figure du "visage de pierre" qui semble poursuivre Siméon où qu'il aille, oppresseur universel, à la fois flic français, petite frappe raciste aux États-Unis, nazi à Buchenwald, "boucher portugais" en Angola ou assassin de Lumumba donne une cohérence et une épaisseur tragique au roman.
Ensuite, il y a y un intérêt historique et journalistique évident. Le livre a été écrit en 1963 et décrit de façon extrêmement crédible le 17 octobre 1961 et les jours qui ont suivi. On sent que l'on est ici face à un témoignage de première main ou à tout le moins très informé. L'auteur met à l'évidence beaucoup de lui dans Siméon, et l'on voit à travers ses yeux très avertis tous les "problèmes raciaux" qui traversent la société française de cette époque (et qu'on voit à l'évidence refaire surface...), sans faire l'économie d'une fine analyse de l'antisémitisme qu'il a pu trouver chez un des militant algériens côtoyés.
Je recommande mille fois cette lecture !
Tandis que la Terre peine à se relever de la pollution et de la surexploitation de ses ressources, Lixia, une …
Pas mon style habituel mais je me lance suite à la très bonne critique de @Ameimse. Affaire à suivre !
Avertissement sur le contenu Attention spoil
Alexandre, un jeune-homme à qui tout réussit, est le fils d'un interviewer à succès un peu sur le retour et d'une essayiste féministe qui se retrouve ringardisée après une interview mal mesurée. Mais le père et/ou le fils (je vous spoile pas trop non plus) seront rattrapés par la vague #metoo. S'ensuit une longue description d'un procès d'assises, instructive sur le processus judiciaire, mais vaseuse à mon goût sur la notion de vérité relative et de consentement. La fin du livre sombre plus franchement dans le "on peut plus rien faire mon pauv M'sieur Michu", de façon quand même assez malaisante.
On rentre facilement dans le livre, mais on en sort tout aussi facilement. C'est l'un de ces livres qui veut "vivre avec son temps", au risque d'être déjà complètement dépassé cinq ans après sa sortie.
J'ai eu du mal à rentrer dans ce court récit, sans doute à cause de la langue, mais une fois dedans on s'y prend et on a envie de connaître la fin. L'alternance des points de vue entre différents personnages rythme l'ouvrage, qui a toutefois mal vieilli sur le plan du paternalisme et du rapport à la féminité.
J'ai apprécié cette lecture, qui nous plonge dans l'ambiance des bordels et bars de nuit de Buenos Aires d'une époque non précisée, "avant la dictature", pour y rencontrer Magda.
Traduit en français sous le titre "C'est alors que".
Marine Tondelier retrace la montée du FN Steeve Briois vers le pouvoir à Hénin-Beaumont, et les pratiques mises en place par Briois et ses sbires une fois en place.
La force de ce livre, c'est, tout au long du livre, l'absence de jugement moral envers les habitants qui ont fait ces choix. Tondelier dissèque avec une grande objectivité les pratiques militantes mises en place par Briois pour parvenir au pouvoir et surtout y rester. Les explications sont limpides, jamais verbeuses.
C'est un très bien choix de rééditer ce livre en 2024, car le lecteur peut dresser un parallèle entre Hénin-Beaumont en 2014, et la France de la fin de règne de Macron.
Un manque peut-être, Tondelier ne nous livre pas vraiment d'analyse sur ce qui aurait pu (ou pas) être fait par la gauche pour contrer les stratégies du FN, qui sont elles exposées de façon limpide.
Je conseille quand …
Marine Tondelier retrace la montée du FN Steeve Briois vers le pouvoir à Hénin-Beaumont, et les pratiques mises en place par Briois et ses sbires une fois en place.
La force de ce livre, c'est, tout au long du livre, l'absence de jugement moral envers les habitants qui ont fait ces choix. Tondelier dissèque avec une grande objectivité les pratiques militantes mises en place par Briois pour parvenir au pouvoir et surtout y rester. Les explications sont limpides, jamais verbeuses.
C'est un très bien choix de rééditer ce livre en 2024, car le lecteur peut dresser un parallèle entre Hénin-Beaumont en 2014, et la France de la fin de règne de Macron.
Un manque peut-être, Tondelier ne nous livre pas vraiment d'analyse sur ce qui aurait pu (ou pas) être fait par la gauche pour contrer les stratégies du FN, qui sont elles exposées de façon limpide.
Je conseille quand même vivement cette lecture, qui renforcera tout un chacun dans la conviction que laisser cyniquement le RN atteindre le pouvoir pour qu'il s'use et se discrédite (comme un apprenti sorcier haut placé voulait faire) est une très, très mauvaise idée. Marine Le Pen et ses sbires ne sont pas nécessairement des incapables, ilne faut surtout pas les prendre de haut.
Véra, la fille de Mélaine de «nous rêvions juste de liberté», est une jeune-fille introvertie, qui partage son temps libre à Providence entre un vieux lavoir près de la rivière Vermillon, et le garage Ceresoto, chez Freddy. Quelque temps après avoir trouvé une vraie amie, Soa, Véra part à l'Université, où elle fait la connaissance (virtuelle) d'un certain Karoun. Peu à peu, les choses changent à Providence. Goliath, grande entreprise qui fait tout et ressemble à un moteur de recherche bien connu (doublé d'un marchand en ligne bien connu avec un propriétaire chauve) s'installe dans la vallée, y construit un énorme barrage, et emploie tout le monde. Mais la résistance s'organise...
J'ai énormément aimé ce livre. C'est le pendant de "nous rêvions juste de liberté". Là où les Spitfires rêvaient de bitume, de liberté et de cylindrées, ce roman nous fait rêver de nature hospitalière et de verdure. Ce roman …
Véra, la fille de Mélaine de «nous rêvions juste de liberté», est une jeune-fille introvertie, qui partage son temps libre à Providence entre un vieux lavoir près de la rivière Vermillon, et le garage Ceresoto, chez Freddy. Quelque temps après avoir trouvé une vraie amie, Soa, Véra part à l'Université, où elle fait la connaissance (virtuelle) d'un certain Karoun. Peu à peu, les choses changent à Providence. Goliath, grande entreprise qui fait tout et ressemble à un moteur de recherche bien connu (doublé d'un marchand en ligne bien connu avec un propriétaire chauve) s'installe dans la vallée, y construit un énorme barrage, et emploie tout le monde. Mais la résistance s'organise...
J'ai énormément aimé ce livre. C'est le pendant de "nous rêvions juste de liberté". Là où les Spitfires rêvaient de bitume, de liberté et de cylindrées, ce roman nous fait rêver de nature hospitalière et de verdure. Ce roman est celui de la sororité, après celui de la fraternité.
Le livre est écrit par Véra à la première personne, dans un style déglingué, touchant, et qui va droit au cœur. Un mot pour un autre ici, une expression subvertie là, assez pour stimuler le lecteur, mais jamais trop. L'auteur évite tous les pièges, ne tombe jamais dans la caricature, et nous livre au contraire un formidable message d'espoir dans la jeunesse, et dans toutes les alternatives à Goliath, déjà existantes pour certaines. Les réseaux décentralisés, les petits commerces, les énergies renouvelables et locales, la coopération libre façon Kropotkine. Un vrai manifeste écologiste, féministe et libertaire du XXIème siècld. Mais l'essentiel n'est pas là.
On s'attache profondément à Véra et aux autres. C'est un livre que j'ai fini les larmes aux yeux, noyé par l'émotion. Autant dire qu'il m'a touché au cœur.