Profil

Une courte anthologie qui propose une belle incursion dans les littératures africaines de l'imaginaire, rassemblant une sélection de 10 nouvelles d'auteurices de différents pays africains : Afrique du Sud, Kenya, Nigeria, Ouganda et Zimbabwe. Ces nouvelles ont initialement été publiées en anglais dans le magazine Omenana ; l'ouvrage s'ouvre sur un entretien avec Mazi Mwonzu, rédacteur en chef d'Omenana qui revient à cette occasion sur l'essor des littératures de l'imaginaire africaines. Les nouvelles abordent des thématiques variées, au coeur desquelles les relations humaines - familiales, d'amitié, d'amour - occupent une place centrale. Elles ont aussi en commun beaucoup d'humanité et d'émotions, tout en investissant une large palette de tonalités, avec des histoires légères, mais aussi des récits vraiment poignants qui m'ont marquée (telles 'Petit Bout de courage' de Ada Nnadi autour d'une jeune fille avec des pouvoirs dont l'histoire personnelle se dévoile peu à peu, 'Anges en origami' de Derek Lubankagene sur une amitié de deux jeunes garçons, ou 'Le Donneur de nom' de Lillian Akampuripa Aujo dont je laisse la découverte du sujet, qui ne peut laisser indifférent, à celles et ceux qui la liront).

Le dernier tome de la trilogie de K. D. Edwards est rempli d'actions et d'émotions. Les personnages et le lecteur n'ont pratiquement aucun répit. Dès les premières pages on plonge dans une nouvelle machination d'un antagoniste, qui menace la Nouvelle Atlandide. Mais le protagoniste est touché personnellement, comme dans chaque tome, et on en apprend davantage sur son passé traumatisant, notamment dans une scène très touchante (et horrible). Rune est un personnage que j'adore : malgré ses traumatismes, il avance, il se bat, il a une conscience de ce qui ne va pas dans sa société. Je pense que l'influence de son acolyte n'y est pas pour rien. Et sa relation avec Brandon est tellement magnifique ! Ses réactions sont toujours très justes vis-à-vis de Rune. Et leurs dialogues sont parfois hilarants, parfois émouvants. Les autres personnages sont très attachants et forts. La famille qui s'agrandit autour de Rune apporte beaucoup de réconfort. Les relations décrites dans ce roman sont saines. On y sent aussi une grande inclusion et une grande tolérance et ça fait du bien. On passe des rires aux larmes presque d'une page à l'autre. C'est très intense et les quelques rares moments de calme nous permettent de souffler. J'aurais aimé que l'auteur s'étende plus toutefois sur certaines scènes qui apportent des explications et du contexte. On découvre une autre facette de la Nouvelle Atlantide. J'ai l'impression que dans chaque tome on descend de plus en plus profondément dans les parties les plus sombres de la ville. J'apprécie aussi beaucoup l'idée que les pouvoirs si puissants utilisés par les arcanes ont un coût. Le mystère de la chute de la cour de Rune est toujours entier. Même si on en apprend davantage, l'intrigue s'épaissit en même temps. Je suis persuadée que les motivations de ceux qui font partie du complot sont très vastes et complexes. Et comme rien n'est réglé à la fin du tome 3, j'espère qu'une suite est prévue.

Ce roman est une belle découverte. L'écriture est fluide, rythmée et passionnante. Les trois quart de l'histoire se passe dans le monde des esprits. Les esprits et les démons ont donc une présence importante, des émotions, une histoire. Le héros cohabite avec eux et les combat parfois. L'intrigue révèle ses vrais enjeux à la fin du roman. De nombreux retours en arrière ralentissent l'intrigue principale, tout en nous faisant connaitre le passé révélateur du protagoniste. J'ai beaucoup apprécié Shynia, puissant et vulnérable par certains côtés. Les autres personnages sont très attachants, notamment Aï. En lisant, j'ai vraiment pensé au Voyage de Chihiro et dans certaines scènes à Princesse Mononoke de Myazaki : on retrouve vraiment la plongée dans le monde des esprits du premier film, avec les différents types d'esprit. Les nombreux termes japonais (ou ressemblant au japonais) pour désigner les créatures et les personnages, ainsi que les lieux et l'organisation sociale font vraiment penser au japon médiéval. La fin est très satisfaisante, pour moi, et aussi ouverte : j'aurais aimé vivre la suite des aventures de Shynia, Aï, Oshori et Seiha. C'était un beau moment de lecture !

Un deuxième tome aussi excellent que le premier. J'ai souri, j'ai ri, j'ai été ému, je me suis accrochée aux pages sans pouvoir les lâcher dans certaines scènes. On en apprend davantage encore sur l'Arcanum et les différents Arcanes, sur les grandes familles et sur la manière dont elles gouvernent. Rune est un personnage attachant ; il est à la fois puissant, sûr de lui et terriblement vulnérable. C'est un vrai héros, avec un fort sens de la justice. La relation entre Rune et son acolyte, Brand, est un plaisir à lire : leurs dialogues sont hilarants à certains moments, pour devenir émouvants à d'autre. Leur lien est tellement puissant et tellement solide ; il ferait n'importe quoi l'un pour l'autre.

Ce que j'apprécie aussi beaucoup, c'est que c'est un roman inclusif, qui montre des relations humains très positives : Rune et Brand, Rune et sa famille (qui s'agrandit de plus en plus), Rune et le seigneur Tour, Rune et Addam aussi (les scènes entre ces deux-là sont d'une très grande douceur). L'antagoniste (Le Pendu) est effrayant et horrible. On marche dans des endroits bien plus sordides que dans le premier tome, ce qui montre encore une facette obscure de la societé atlante. Vivement le troisième tome ! 🤩

Sur un format original alternant les poèmes et les courtes nouvelles de quelques pages, "Confessions d'une séancière" propose un kaléidoscope de récits immergeant dans l'imaginaire créole des Antilles. Cette suite d'instantanés du quotidien, qui nous entraîne aux confins de la fable, entremêle des extraits de vie, souvent d'une grande banalité, et un élément fantastique perturbateur, plus ou moins déstabilisant et/ou horrifique. Ces nouvelles sont l'occasion de voir aborder une grande diversité de thèmes, conférant au récit une dimension politique et sociale revendiquée, avec une sensibilité particulière au prisme du genre. Le charme du livre doit beaucoup a l'art de l'autrice de créer en quelques phrases des figures, avec leur complexité et leur contradictions, toujours empreintes d'humanité. Il doit aussi beaucoup à une plume, à la fois tendre et cruelle, qui cultive l'art de la chute narrative et déroule de façon très fluide et bien calibrée des récits dont on regrette juste, parfois, qu'ils s'achèvent si rapidement.

Entre français et créole (la dernière nouvelle est entièrement en créole), une belle incursion dans l'imaginaire des Antilles.