[Résumé éditeur]
Plongez dans La Vie secrète des arbres avec le forestier le plus célèbre …
La Vie secrète des arbres
4 étoiles
Sans avoir lu l'original, j'ai trouvé cette adaptation très réussie. La lecture est fluide, pas encombrée par des tonnes de texte, laisse la place à de belles illustrations (style parfaitement adapté du dessinateur), et pourtant l'information est là, une vulgarisation fournie mais toujours claire qui donne réellement envie de s'intéresser davantage aux arbres en donnant a minima des angles d'approche.
J'avais un peu peur, avec ce genre de livre, qu'on tombe dans l'anthropomorphisme à tout va, et finalement, même si c'est un peu le cas, je trouve que ça sert la vulgarisation sans basculer dans un ésotérisme vaseux dont se défend d'ailleurs l'auteur.
De plus, je pense que c'est un livre dans lequel il est facile de revenir pour en feuilleter des passages, ce qui est toujours agréable dans un tel condensé d'informations (qui flirte parfois avec la liste).
Dans les années trente, Arturo Bandini, fils d' immigrés italiens, quitte le Colorado pour l'Eldorado, …
Demande à la poussière
4 étoiles
Une des meilleures préfaces que j'ai lu. Bukowski sait comment donner envie de lire un livre : il a lu toute la bibliothèque municipale, des classiques à la géologie et la chirurgie, et ne trouve plus rien qui l'intéresse jusqu'à-ce que…
Arturo Bandini est un paumé, désespérant et touchant à la fois, s'imaginant des futurs glorieux (le plus grand écrivain que la Terre ait porté) tout en sabotant inlassablement son présent. Un gars qui a eu du talent et désespère de le retrouver, qui tombe amoureux sans pouvoir s'empêcher d'être odieux. Mais qui finit par faire son chemin et porter un regard de plus en plus juste sur celles et ceux qui l'entourent, sans avoir réellement le pouvoir de les extraire à la poussière du désert.
J'ai peu de choses à dire sur ce livre sinon qu'il aura été une très belle expérience de lecture et m'a ouvert la porte …
Une des meilleures préfaces que j'ai lu. Bukowski sait comment donner envie de lire un livre : il a lu toute la bibliothèque municipale, des classiques à la géologie et la chirurgie, et ne trouve plus rien qui l'intéresse jusqu'à-ce que…
Arturo Bandini est un paumé, désespérant et touchant à la fois, s'imaginant des futurs glorieux (le plus grand écrivain que la Terre ait porté) tout en sabotant inlassablement son présent. Un gars qui a eu du talent et désespère de le retrouver, qui tombe amoureux sans pouvoir s'empêcher d'être odieux. Mais qui finit par faire son chemin et porter un regard de plus en plus juste sur celles et ceux qui l'entourent, sans avoir réellement le pouvoir de les extraire à la poussière du désert.
J'ai peu de choses à dire sur ce livre sinon qu'il aura été une très belle expérience de lecture et m'a ouvert la porte à John Fante, que je ne manquerai pas de revenir visiter.
À ma gauche, Jack Barron, présentateur vedette, empêcheur de tourner en rond et pourfendeur des …
Jack Barron et l'Éternité
4 étoiles
Un roman de science-fiction bien dans son époque (fin des années 60) :
- une misogynie très marquée où le personnage secondaire féminin ne se sent exister et "vraiment femme" qu'une fois qu'elle porte le nom de l'homme qu'elle aime, et où les femmes de manière générale sont attirées par l'expression du pouvoir au point d'en ressentir de fortes pulsations sexuelles
- une vision très pessimiste de la condition des noirs américains (dans des descriptions à la Chester Himes) où, bien qu'on soit dans un récit d'anticipation, un politicien afro-américain ne peut même pas imaginer candidater à la présidentielle (au mieux être l'homme de l'ombre)
- et surtout, puisque c'est le sujet principal du roman : les médias comme quatrième pouvoir capables de tenir tête aux tout-puissants milliardaires qui contrôlent jusqu'à la tête de l'état (mais pas l'émission la plus regardée de la télévision)
Donc il serait difficile de parler …
Un roman de science-fiction bien dans son époque (fin des années 60) :
- une misogynie très marquée où le personnage secondaire féminin ne se sent exister et "vraiment femme" qu'une fois qu'elle porte le nom de l'homme qu'elle aime, et où les femmes de manière générale sont attirées par l'expression du pouvoir au point d'en ressentir de fortes pulsations sexuelles
- une vision très pessimiste de la condition des noirs américains (dans des descriptions à la Chester Himes) où, bien qu'on soit dans un récit d'anticipation, un politicien afro-américain ne peut même pas imaginer candidater à la présidentielle (au mieux être l'homme de l'ombre)
- et surtout, puisque c'est le sujet principal du roman : les médias comme quatrième pouvoir capables de tenir tête aux tout-puissants milliardaires qui contrôlent jusqu'à la tête de l'état (mais pas l'émission la plus regardée de la télévision)
Donc il serait difficile de parler d'un roman visionnaire à proprement parler, même si d'une certaine manière beaucoup des sujets abordés résonnent encore avec l'actualité.
Un texte rédigé dans un style bien rempli (un poil trop ?), qui cherche les luttes intérieures de ses personnages, les tient au bord de la névrose.
D'excellentes scènes de joute télévisuelle avec ses décomptes et ses interruptions publicitaires et le génie de Jack Barron qui joue du temps et de son interlocuteur. Ce sont les moments clés très réussis du roman qui, sinon, tend à avancer plus lentement que le lecteur notamment sur la fin.
Une lutte du pouvoir contre la morale, et l'effrayante hypothèse de l'existence d'un prix que personne ne saurait refuser, l'argument de corruption ultime.
Mais l'Éternité est porteuse d'un terrible secret, car un instrument de pouvoir ne saurait se construire autrement qu'au détriment des plus faibles.
Martin est garde au parc national des Pyrénées. Il travaille notamment au suivi des derniers …
Entre fauves
3 étoiles
Un bon polar mêlant les points de vue et les temporalités pour faire tendre tout le récit vers son climax. On navigue entre les Pyrénées et la Namibie via quatre voix (dont celle plus fugace d'un lion) et deux timelines successives mais racontées en parallèle pour faire monter la mayonnaise. C'est habile et bien structuré.
C'est aussi très documenté, mais parfois un poil démonstratif de ce point de vue : le registre, mais surtout le vocabulaire spécifique/spécialisé, est adapté à chaque narrateur, ce qui est agréable et intéressant, mais on a parfois l'impression de fourrage de termes techniques ou de mots en langue locale pour faire "authentique" (je l'ai senti sur des précisions incongrues concernant la pratique du ski de rando, un autre le sentira dans la manière de parler du jeune berger Himba). Donc c'est à la fois appréciable (on aime les auteurs qui fouillent leur sujet) et un …
Un bon polar mêlant les points de vue et les temporalités pour faire tendre tout le récit vers son climax. On navigue entre les Pyrénées et la Namibie via quatre voix (dont celle plus fugace d'un lion) et deux timelines successives mais racontées en parallèle pour faire monter la mayonnaise. C'est habile et bien structuré.
C'est aussi très documenté, mais parfois un poil démonstratif de ce point de vue : le registre, mais surtout le vocabulaire spécifique/spécialisé, est adapté à chaque narrateur, ce qui est agréable et intéressant, mais on a parfois l'impression de fourrage de termes techniques ou de mots en langue locale pour faire "authentique" (je l'ai senti sur des précisions incongrues concernant la pratique du ski de rando, un autre le sentira dans la manière de parler du jeune berger Himba). Donc c'est à la fois appréciable (on aime les auteurs qui fouillent leur sujet) et un poil "exposé de vulgarisation".
En termes narratif c'est plaisant et les séquences de tension finale sont assez réussies (chasse au lion qui tourne mal versus course-poursuite en ski de randonnée). Le cadre d'une récit mondialisé où tout est interconnecté et (en conséquence) rien n'est simple, fonctionne bien et l'auteur fait le choix de nous laisser toutes les cartes en main pour juger des choix et actions de chacun des personnages.
Ce roman d'aventures, qui commence en Écosse en 1745, entraîne le lecteur sur les champs …
Le Maître de Ballantrae
4 étoiles
Un bon vieux roman d'aventures centré autour de la figure d'un personnage hors du commun (dans ce cas un homme dénué de morale et de scrupules, même vis-à-vis de sa propre famille, l'incarnation du mal dont rien ne laisse espérer une possible rédemption). Il y a du drame, de la tragédie, du mystère, on voyage d'un bout à l'autre du monde, il y a des pirates et un trésor, des duels et des trahisons…
Le roman est présenté comme une histoire vraie, la publication sans modification d'un manuscrit récupéré par un ami de l'auteur (dans lequel est aussi inclus, en poupée russe, le manuscrit d'un autre personnage pour des évènements auxquels le narrateur n'a pas assisté personnellement). La lecture se précise donc au fur et à mesure qu'on apprend à connaître notre narrateur, l'intendant du domaine des Durie, qui se contente de consigner les évènements sans prétention littéraire, si ce …
Un bon vieux roman d'aventures centré autour de la figure d'un personnage hors du commun (dans ce cas un homme dénué de morale et de scrupules, même vis-à-vis de sa propre famille, l'incarnation du mal dont rien ne laisse espérer une possible rédemption). Il y a du drame, de la tragédie, du mystère, on voyage d'un bout à l'autre du monde, il y a des pirates et un trésor, des duels et des trahisons…
Le roman est présenté comme une histoire vraie, la publication sans modification d'un manuscrit récupéré par un ami de l'auteur (dans lequel est aussi inclus, en poupée russe, le manuscrit d'un autre personnage pour des évènements auxquels le narrateur n'a pas assisté personnellement). La lecture se précise donc au fur et à mesure qu'on apprend à connaître notre narrateur, l'intendant du domaine des Durie, qui se contente de consigner les évènements sans prétention littéraire, si ce n'est l'expression de ses états d'âmes, que ce soit pour fustiger le Maître de Ballantrae, défendre son maître (le frère de ce dernier), ou tenter de justifier son propre comportement selon les circonstances. Cela donne lieu à un certain comique, notamment lorsqu'il tente de mettre en contexte sa lâcheté, ou ses glissements de position par rapport à tel ou tel personnage.
Force est de le constater, nous-mêmes au long du roman sommes balancés entre la fascination et l'effroi envers le cruel Maître de Ballantrae, entre la peine et l'ennui vis-à-vis de son frère victime de ses manigances.
Au début, j'ai pas mal eu besoin de contexte historique (merci les notes de bas de page) n'ayant que peu de connaissances sur le Royaume-Uni du XVIIIe et encore moins sur la guerre civile avec les jacobites. Mais une fois que j'avais compris ce que signifiaient les allégeances de chacun, toute fluides qu'elles fussent, je suis pleinement entré dans le récit de la lutte sans merci entre deux frères que le destin a opposés en un coup de pile ou face.
De mai à juillet 2019 se tient le procès France Télécom - Orange. Sept dirigeants …
Personne ne sort les fusils
5 étoiles
Un essai court mais brillant qui aborde le problème du néolibéralisme par la langue (le langage), démonte, traduit et réécrit un discours aux conséquences réelles et dramatiques (ici la vague de suicides et dépressions chez France Télécom-Orange).
Une approche puissante qui invente ses propres termes pour penser le capitalisme en-dehors des termes qu'il a imposé. C'est donc via la littérature que Sandra Lucbert nous permet de comprendre les faits dans toute leur absurdité morbide (quasiment une ré-objectivisation des faits, déformés par la novlangue des accusés et des médias derrière eux).
Une lecture plus laborieuse sur la fin tant le style prend d'importance, mais personnellement j'étais porté par le réquisitoire contre le flow tant tout le livre m'a paru reformuler de manière juste et percutante des pensées personnelles plus ou moins latentes.
« J’ai repensé à ces innombrables rapports auxquels je m’étais forcée par politesse, pour ne …
La chair est triste hélas
4 étoiles
Un livre très intéressant et percutant, qui se lit vite.
Ovidie explique le pourquoi et le comment de sa grève du sexe à partir de son expérience toute personnelle, mais qui dans les trois premiers quarts a largement une portée universelle. D'une certaine manière, elle permet de poser des mots sur beaucoup de non-dits sur la place du sexe au sein d'un couple hétérosexuel, de cristalliser des pensées qui ont pu nous traverser l'esprit.
Sur la fin, elle aborde davantage la question de l'amour, et malgré l'évocation rapide de ce qu'elle estime comme sa vie amoureuse actuelle (pour résumer grossièrement : les amis et la famille), il y a une certaine tristesse dans le texte et une forme de résignation : elle ne veut pas tomber amoureuse d'un homme pour toutes les raisons expliquées depuis le début du livre et plus encore, mais elle ne s'autorise pas non plus à …
Un livre très intéressant et percutant, qui se lit vite.
Ovidie explique le pourquoi et le comment de sa grève du sexe à partir de son expérience toute personnelle, mais qui dans les trois premiers quarts a largement une portée universelle. D'une certaine manière, elle permet de poser des mots sur beaucoup de non-dits sur la place du sexe au sein d'un couple hétérosexuel, de cristalliser des pensées qui ont pu nous traverser l'esprit.
Sur la fin, elle aborde davantage la question de l'amour, et malgré l'évocation rapide de ce qu'elle estime comme sa vie amoureuse actuelle (pour résumer grossièrement : les amis et la famille), il y a une certaine tristesse dans le texte et une forme de résignation : elle ne veut pas tomber amoureuse d'un homme pour toutes les raisons expliquées depuis le début du livre et plus encore, mais elle ne s'autorise pas non plus à aimer de femme (pas de femme plus jeune, par vanité, et pas de plus âgée pour une raison que j'ai oublié, mais je n'ai plus le livre entre les mains). Une vision assez pessimiste.
Plus qu'un manifeste (ce dont elle se défend d'entrée de jeu), ou un projet de société basé sur la grève sexuelle pour l'amélioration des relations homme-femme, ce livre donne une impulsion pour chercher à définir son propre projet de vie amoureuse et sexuelle.
De New York à Paris, le narrateur, Victor Ward, ne sait plus distinguer la réalité …
Glamorama
4 étoiles
Un personnage/narrateur profondément antipathique, au cerveau complètement grillé par la jet-set, les drogues et l'alcool. Et d'autant plus antipathique que ses pensées sont un flot infini de name-dropping et de noms de marques de mode dans lequel il est facile de se noyer, d'autant plus quand on n'a pas la moitié des références, même si c'est très efficace pour illustrer cet univers en vase clos, obsédé par son image, où tout le monde se connaît et où il est essentiel de connaître tout le monde.
Tout ça pour dire que ce roman commence quand même par une bonne mixture pas facile à avaler (même les dialogues peuvent épuiser tant personne ne s'écoute, tout se répète, chacun semble parler en parallèle des autres). Mais comme je faisais confiance à l'auteur, j'ai pris mon mal en patience, et je me suis autorisé à lire un peu en diagonale quand les paragraphes n'étaient …
Un personnage/narrateur profondément antipathique, au cerveau complètement grillé par la jet-set, les drogues et l'alcool. Et d'autant plus antipathique que ses pensées sont un flot infini de name-dropping et de noms de marques de mode dans lequel il est facile de se noyer, d'autant plus quand on n'a pas la moitié des références, même si c'est très efficace pour illustrer cet univers en vase clos, obsédé par son image, où tout le monde se connaît et où il est essentiel de connaître tout le monde.
Tout ça pour dire que ce roman commence quand même par une bonne mixture pas facile à avaler (même les dialogues peuvent épuiser tant personne ne s'écoute, tout se répète, chacun semble parler en parallèle des autres). Mais comme je faisais confiance à l'auteur, j'ai pris mon mal en patience, et je me suis autorisé à lire un peu en diagonale quand les paragraphes n'étaient que des suites de noms propres.
Il y a des petites récurrences discrètes qui interpellent par rapport au personnage : une sensation de froid (qu'il semble être le seul à sentir, en tout cas personne ne relève quand il l'évoque), la présence de confettis en tout lieux, le fait qu'il ne tombe jamais d'accord avec les gens qui lui rappellent l'avoir vu à tel ou tel endroit… On se pose des questions sur sa santé mentale et on questionne ce qu'il vit (ces course-poursuites, est-ce que ce n'est pas juste de la paranoïa ? ce film qu'il serait en train de tourner, est-ce que ce n'est pas juste une manière de toujours se mettre en scène ?).
Mais ces occurrences deviennent de plus en plus évidentes au cours de la deuxième partie, dans un bateau vers l'Europe, et les évènements anormaux se multiplient (sans que notre imbécile de personnage semble connecter les fils, ce qui le met dans des situations désastreuses).
Le reportage en immersion dans le monde de la célébrité ultra-matérialiste et décadente glisse lentement vers le thriller psychologique (toutes les personnes rencontrées sur le bateau semblent mentir sur leur identité), puis dans la troisième partie vers le thriller gore et ultra-violent, où les descriptions des horreurs dont on est témoin ont la même précision clinique que les scènes de sexe qui jalonnent le récit.
Plus ça va, plus on espère comprendre, mais le mystère s'épaissit, il y a des ramifications dans tous les sens, un complot à l'échelle mondiale, il n'y a plus un mais deux tournages avec chacun leur scénario, la vérité s'efface petit à petit, la réalité peut être modifiée, les identités sont multiples et notre narrateur lui-même ne sait plus qui il est…
Pas facile de parler de ce livre tant il est cryptique. L'impression d'un trop-plein, d'être balloté dans tous les sens pour ne jamais recevoir les éclaircissements attendus, mais en même temps c'est aussi ça qui en fait une vraie expérience de lecture.
(par contre j'ai pas compris pourquoi les chapitres étaient en ordre décroissant)
"Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de …
Chanson douce
3 étoiles
Un des points forts de ce roman est de s'ouvrir sur sa fin glaçante, qui distille ensuite son horreur tout le long de la lecture sans que Leïla Slimani ait besoin de forcer le trait. Au contraire, elle a une écriture très directe, ne s'encombre pas de formules de style et laisse la psychologie des personnages au lecteur qui parcourt tout le récit en cherchant des raisons au spectacle effroyable du premier chapitre, quitte à tirer des conclusions hâtives.
Hyper intéressant la manière dont un couple de classe moyenne se met à avoir des attitudes de grands patrons vis-à-vis de la nounou (qui prend vite un rôle de domestique), et comment la critique sociale peut se glisser dans des petits détails qui révèlent l'hypocrisie des personnages. C'est d'ailleurs cette facette du roman qui m'a intéressé, plus que le côté déséquilibre mental un peu vague qui justifie l'escalade de la violence.
Dès la première phrase, vous entrez dans le livre, ce livre que vous écrivez en …
La Modification
5 étoiles
Incroyable roman le temps d'un Paris-Rome en train et les divagations du personnage qui nous mènent dans d'innombrables autres Paris-Rome passés, dans des souvenirs de Paris avec sa femme et ses enfants, dans ceux de Rome avec son amante, puis ceux de la fois où son amante est venue à Paris et ceux où il sont allés à Rome avec sa femme... et enfin (ce qui est le cœur de la Modification) tout au long du trajet, l'anticipation des évènements qui l'attendent à son arrivée à Rome, la projection dans un futur sans cesse en mouvement comme le train qui nous y emmène.
Une écriture très plaisante, du réalisme ultra-descriptif et minutieux parsemé de petits joyaux, avec une attention particulière pour les reflets et les ombres qui se voilent et se dévoilent.. Comme une tentative d'épuisement du simple compartiment de train, mais écrite à la deuxième personne du singulier pour …
Incroyable roman le temps d'un Paris-Rome en train et les divagations du personnage qui nous mènent dans d'innombrables autres Paris-Rome passés, dans des souvenirs de Paris avec sa femme et ses enfants, dans ceux de Rome avec son amante, puis ceux de la fois où son amante est venue à Paris et ceux où il sont allés à Rome avec sa femme... et enfin (ce qui est le cœur de la Modification) tout au long du trajet, l'anticipation des évènements qui l'attendent à son arrivée à Rome, la projection dans un futur sans cesse en mouvement comme le train qui nous y emmène.
Une écriture très plaisante, du réalisme ultra-descriptif et minutieux parsemé de petits joyaux, avec une attention particulière pour les reflets et les ombres qui se voilent et se dévoilent.. Comme une tentative d'épuisement du simple compartiment de train, mais écrite à la deuxième personne du singulier pour nous lier à ce personnage et faire nôtre sa lâcheté.
Bangkok, 1938. Remy Burke, membre madré de la Haute Loge, qu'il pratique depuis un demi …
La Maison des Jeux T2 - Le Voleur
4 étoiles
Je trouve vraiment l'idée d'impliquer le lecteur en tant que témoin "réel" de la partie en cours (avec une quasi-omniscience qui pose la question de notre réelle identité) très plaisante et mieux exploitée dans ce tome que dans le premier.
Choisir un jeu en apparence plus inoffensif, aussi, créé une tension différente et davantage de surprise quand on imagine ou qu'on comprend ce que signifie vraiment jouer à échelle humaine et avec de vrais enjeux (celui du personnage principal est glaçant). On jubile à l'idée de ce que seraient dans ces conditions un Monopoly, un Cluedo ou une bataille navale.
En parallèle de l'intrigue principale, et en gardant en tête quelques éléments du premier tome, se dessine une partie encore plus grande et toujours plus mystérieuse qui donne, là encore, très envie de savoir la suite.
Venise, 1610. Au cœur de la Sérénissime, cité-monde la plus peuplée d'Europe, puissance honnie par …
La Maison des Jeux T1 - Le Serpent
3 étoiles
D'entrée de jeu la narration nous prend à parti, nous désignant comme des observateurs discrets mais toujours présents des évènements à venir. On ne sait pas exactement qui nous sommes, mais c'est à travers nos yeux qu'on suit l'intrigue, à travers notre regard forcément subjectif qu'on reconnaît tel trait chez un personnage ou chez un autre.
L'univers de la Maison de Jeux est très intéressant et intriguant, mais l'autrice décide de ne le dévoiler qu'au compte-goutte, de laisser planer un (épais) voile de mystère qui peut être frustrant (ou inviter à lire les suites). D'autant plus quand, comme moi, c'est beaucoup la construction de l'univers en jeu, son organisation, sa logique et son histoire (son imaginaire, on pourrait dire) qui m'amènent vers ce genre de lectures, davantage même que l'intrigue.
L'intrigue de ce premier tome est d'ailleurs assez intéressante, sans pour autant porter de grande surprise (à mon goût), et …
D'entrée de jeu la narration nous prend à parti, nous désignant comme des observateurs discrets mais toujours présents des évènements à venir. On ne sait pas exactement qui nous sommes, mais c'est à travers nos yeux qu'on suit l'intrigue, à travers notre regard forcément subjectif qu'on reconnaît tel trait chez un personnage ou chez un autre.
L'univers de la Maison de Jeux est très intéressant et intriguant, mais l'autrice décide de ne le dévoiler qu'au compte-goutte, de laisser planer un (épais) voile de mystère qui peut être frustrant (ou inviter à lire les suites). D'autant plus quand, comme moi, c'est beaucoup la construction de l'univers en jeu, son organisation, sa logique et son histoire (son imaginaire, on pourrait dire) qui m'amènent vers ce genre de lectures, davantage même que l'intrigue.
L'intrigue de ce premier tome est d'ailleurs assez intéressante, sans pour autant porter de grande surprise (à mon goût), et tellement efficace dans sa narration qu'elle manque un poil d'atmosphère (alors que dans la Venise du XVIIe il y a matière).
Enfin ça aura quand même été suffisant pour que j'enchaîne directement sur le 2e tome avec l'envie d'en savoir plus.
« Il nous faut mener double vie dans nos vies, double sang dans nos coeurs, …
La folle allure
3 étoiles
C'est un avis vraiment personnel, mais il y a des choses qui m'ont empêché de rentrer dans ce livre.
Déjà, c'est un ersatz de Romain Gary version Ajar, sans jamais taper aussi juste. Écrire des phrases définitives ("la vie c'est..." "la grâce c'est...") mais décalées (un glissement du sens qui révèle autre chose, ce qui est propre à Gary/Ajar), ne suffit pas. Ce n'est pas parce qu'il y a une formule qui interpelle que ça dit quelque chose. Ce n'est pas parce qu'un personnage parle ou pense comme un enfant (ou l'image qu'on s'en fait) que c'est poétique, que c'est "léger" et qu'il y a du "cœur".
Ce qui me gêne le plus, peut-être, c'est cette vision de la folie comme un pur état poétique, comme si c'était une simple position non-conformiste, un choix d'artiste face au monde pour le rendre plus beau (tout ça en citant Artaud...).
L'autre problème …
C'est un avis vraiment personnel, mais il y a des choses qui m'ont empêché de rentrer dans ce livre.
Déjà, c'est un ersatz de Romain Gary version Ajar, sans jamais taper aussi juste. Écrire des phrases définitives ("la vie c'est..." "la grâce c'est...") mais décalées (un glissement du sens qui révèle autre chose, ce qui est propre à Gary/Ajar), ne suffit pas. Ce n'est pas parce qu'il y a une formule qui interpelle que ça dit quelque chose. Ce n'est pas parce qu'un personnage parle ou pense comme un enfant (ou l'image qu'on s'en fait) que c'est poétique, que c'est "léger" et qu'il y a du "cœur".
Ce qui me gêne le plus, peut-être, c'est cette vision de la folie comme un pur état poétique, comme si c'était une simple position non-conformiste, un choix d'artiste face au monde pour le rendre plus beau (tout ça en citant Artaud...).
L'autre problème (mais qui est peut-être lié à la manière de voir les choses de l'auteur) c'est que tous les personnages sont dénués de moelle, manquent de vérité et ne sont là que pour convoquer une image. Exemple parmi d'autres : les amants de la narratrice sont le loup puis l'ogre, sauf qu'à part le nom ils n'ont rien d'un loup ni d'un ogre (j'imagine bien que l'idée c'est de renverser le conte, on aime les méchants parce qu'ils ont autre chose à dévoiler que la peur qu'ils inspirent, mais j'ai plus senti ça comme une coquetterie anti-conformiste qu'un réel retournement de l'imaginaire du monstre).
Je répète que tout cela est très personnel (peut-être que j'étais de mauvais poil quand je l'ai lu) et ça reste un roman au style très recherché avec quelques beaux passages. Une lecture originale mais sans douleur qu'on pourrait proposer à un.e jeune lecteur.rice.
«Ce silence, cette nuit, ces rues étroites, tout disposait Pierrot à ne penser à rien …
Pierrot mon ami
4 étoiles
Un petit Queneau qui ne fait pas de mal sans devenir une lecture inoubliable pour autant. À réserver aux fans (dont je suis) ou à ceux qui cherchent une lecture courte sans prise de tête.
Toujours avec ses paumés sympathiques dans un Paris mi-XXe siècle bien dans son jus et son langage.