Robert Neville tente de survivre dans un monde où une pandémie semble avoir transformé toute …
Des vampires au rayon SF
5 étoiles
Certains livres ont mal vieilli. Ce n'est pas le cas de Je suis une légende. Écrit en 1954, il ne fait pas ses 70 ans. Le récit est en effet intemporel, mais ce n'est pas ce qui en fait la force principale. Les sujets et préoccupations du présent de 1954, abordés ici par la science-fiction, se retrouvent pour certains avec une préoccupante modernité en notre vingt et unième siècle.
Jugez plutôt. C'est d'une épidémie mondiale dont il est question. Elle n'affecte pas le système respiratoire, comme nos années 2020 auraient pu le suggérer, mais modifie de manière assez importante le comportement des personnes infectées. Elles deviennent en effet nocturnes, fuyant la lumière du jour. Elles se nourrissent quasi-exclusivement de sang, préférentiellement humain. Leurs canines ont tendance à pousser un peu plus que d'habitude. Elles craignent l'ail. Il paraîtrait même qu'elles fuient devant les crucifix et les miroirs. Vous avez …
Certains livres ont mal vieilli. Ce n'est pas le cas de Je suis une légende. Écrit en 1954, il ne fait pas ses 70 ans. Le récit est en effet intemporel, mais ce n'est pas ce qui en fait la force principale. Les sujets et préoccupations du présent de 1954, abordés ici par la science-fiction, se retrouvent pour certains avec une préoccupante modernité en notre vingt et unième siècle.
Jugez plutôt. C'est d'une épidémie mondiale dont il est question. Elle n'affecte pas le système respiratoire, comme nos années 2020 auraient pu le suggérer, mais modifie de manière assez importante le comportement des personnes infectées. Elles deviennent en effet nocturnes, fuyant la lumière du jour. Elles se nourrissent quasi-exclusivement de sang, préférentiellement humain. Leurs canines ont tendance à pousser un peu plus que d'habitude. Elles craignent l'ail. Il paraîtrait même qu'elles fuient devant les crucifix et les miroirs. Vous avez bien lu : l'épidémie transforme les personnes infectées en vampires.
Notre légende, Robert Neville, semble être immunisée contre le mal. Exception faite des vampires, il est le dernier homme sur terre, ou du moins le pense-t-il, car il n'a aucun moyen de le vérifier au-delà de son proche périmètre. Harcelé toutes les nuits par les créatures en quête de sang frais, il s'est barricadé à l'intérieur de sa maison. Il profite du répit diurne pour exterminer les vampires en profitant de leur sommeil, à l'aide d'un pieu planté en plein cœur, bien entendu.
Une histoire de vampire somme toute assez classique, selon la description que je viens d'en faire. Impossible cependant d'en dévoiler plus au risque de gâcher la lecture. Tentons néanmoins un indice pour montrer l'originalité de l'œuvre. Les récits traitant de vampires sont généralement classés au rayon Fantastique. L'approche développée ici par Richard Matheson incitera pourtant à classer Je suis une légende au rayon Science Fiction.
Si donc, comme moi, vous avez raté ce roman tout au long des 70 ans qui se sont écoulés depuis sa parution, je me permets de suggérer qu'il faut absolument réparer l'erreur.
(Quatrième de couverture de la traduction française)
Incarcéré à perpétuité dans les geôles israéliennes, Nasser …
Métaphysique et humain
5 étoiles
Nasser est en prison en Israël depuis 1993. Il nous livre une autobiographie magnifique qui se divise en deux parties. La première nous raconte rapidement sa jeunesse, puis son emprisonnement, et les espoirs toujours déçus de libération. Cette partie nous offre de belles songeries métaphysiques avec des Dieux menteurs ou non, et avec son mur, le compagnon le plus fidèle de sa peine de perpétuité.
La deuxième partie commence avec l'arrivée dans sa vie de Nanna, une jeune avocate, avec laquelle une relation intense et complexe fleurira. Mais cette relation est-elle seulement possible ?
Ce livre m'a beaucoup apporté par les réflexions sur l'enfermement, la liberté, l'amour, qui empruntent des tours et des détours sans jamais devenir pesantes ni ennuyeuses. Je le recommande totalement.
À la fin des années 50, dans la région de l'Aurès en Algérie, Naja élève …
25 ans de la vie d’une famille qui a quitté les montagnes de Kabylie pour un HLM en banlieue parisienne.
Un récit doux-amer qui m’a fait un peu la même impression que La discrétion, de Faïza Guène : un livre trop court. On y croise de nombreux personnages intéressants, que l’on aurait envie de mieux connaître, mais les à peine 150 pages ne le permettent pas. Une lecture agréable, mais qui m’a laissé sur ma faim, tant pour les personnages que pour le style, assez neutre.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Virginia Woolf. Préface et traduction de Marguerite Yourcenar. …
Les Vagues
5 étoiles
Plonger dans Les Vagues, c’est nager en eaux troubles. Virginia Woolf nous aura prévenus : c’est son livre le plus difficile. Texte poétique, souffles (flux) de pensées sous forme de monologues qui nous transportent d’une voix à l’autre, parfois pour quelques lignes, plus souvent pour de longs paragraphes, Virginia Woolf ne cherche pas à nous conforter. Une journée, une vie ; Les Vagues est un texte que je n’ai pas cherché à cerner mais qui m’a transporté, c’est indéniable, un texte dont la beauté nous porte sur un fond insaisissable, mouvant comme le sable sous l’effet des remous marins.
(Quatrième de couverture de la traduction française)
Incarcéré à perpétuité dans les geôles israéliennes, Nasser …
En prison, les corps deviennent une pitance pour les murs qui se nourrissent sans cesse de leur chair, jamais repus. Ils deviennent un sujet ennuyeux et pathétique. Ils grandissent, vieillissent, déclinent, perdent le goût de vivre. Ils nous rappellent nos entraves, car rien en nous n'accepte d'être enchaîné à part
nos corps.
(Quatrième de couverture de la traduction française)
Incarcéré à perpétuité dans les geôles israéliennes, Nasser …
Des cris s'élevèrent à l'intérieur des cellules, alors que l'on continuait à lire des noms. J'avais beau être certain de ne pas figurer sur la liste, j'étais anxieux et tendu. Alors je m'accrochai plus fort à mon mur. « Je ne peux pas tomber, je n'ai nulle part où tomber », me répétais-je, m'efforçant de croire à ce que je disais. La liste de noms prit fin. Tous les cartons d'invitation étaient distribués. Les invités se réjouirent bruyamment. Puis, soudain, ils firent silence. Tous les prisonniers se tenaient dans un entre-deux. Les élus taisaient leur joie de revenir à la vie, les autres faisaient semblant de ne pas être tristes. Chaque camp choisissait ses mots avec précaution. Les uns ne voulaient pas blesser les exclus, les autres ne voulaient pas gâcher la fête. Untel retenait son sourire à la commissure de ses lèvres, en atten- dant de se trouver dans un endroit tranquille où le libérer. Tel autre se forçait à sourire pour féliciter un compagnon, avant de se réfugier dans un coin sombre où personne ne verrait les fantômes qui hantaient son visage.
La peine de perpétuité de l'auteur est ponctuée de phases de libération collective de prisonniers au gré des accords politiques. Il ne fait jamais partie des libérables.
(Quatrième de couverture de la traduction française)
Incarcéré à perpétuité dans les geôles israéliennes, Nasser …
Je me tenais au centre de la cellule, presque nu, après l'avoir dépouillée de ce qu'elle avait connu avant moi. Je commençai à donner de nouveaux noms aux éléments qui s'y trouvaient. Le châssis de fer devint un lit. Le plafond bleuit comme un ciel. La porte de la cellule se volatilisa; à la place se trouvait désormais une porte de chambre d'hôtel à laquelle pendait une pancarte qui d'un côté autorisait les visiteurs à entrer, de l'autre le leur interdisait. Le mur se transforma en un cahier dans lequel je pourrais consigner tous les textes que je voudrais.
(Quatrième de couverture de la traduction française)
Incarcéré à perpétuité dans les geôles israéliennes, Nasser …
Nous parlions toutes les langues de la douleur. Nos discours embrassaient les quatre coins de la terre. Nous n'étions racistes envers aucune religion, couleur, ou opi- nion. Nos poitrines nues et ensanglantées dénonçaient le mensonge d'un Orient barbare ayant besoin de l'Occident pour policer sa sauvagerie. Dans le lexique de notre murale, la souffrance des autres avait la même couleur que la nôtre. Tout discours dénonçant l'injustice et prenant le parti des
vaincus était le nôtre.