Poslovitch a publié une critique de Résister par Salomé Saqué
Passer du fatalisme à l'espoir
5 étoiles
Lire ce court livre, c'est un peu un ascenseur émotionnel. Mais il s'achève sur une note qui fait beaucoup de bien à lire : l'espoir.
Livre broché, 144 pages
Langue : français
Publié 16 octobre 2024 par Payot.
L’extrême droite est aux portes du pouvoir. Dans les urnes comme dans les esprits, ses thèmes, son narratif et son vocabulaire s’imposent. Il est encore temps d’inverser cette tendance, à condition de comprendre les rouages de cette progression et de réagir rapidement.
Lire ce court livre, c'est un peu un ascenseur émotionnel. Mais il s'achève sur une note qui fait beaucoup de bien à lire : l'espoir.
Pour y résister, il faut prendre conscience du danger qui nous menace collectivement, et en comprendre les ressorts. C'est l'objet de la première partie de ce court essai. L'autrice s'y emploie à lever le voile de la respectabilité dans lequel tentent de se draper le --- ou les --- partis d'extrême droite en France, à travers des exemples concrets ; et comment leurs idées diffusent en deçà de cette extrême frontière de l'échiquier politique. Le plus troublant, dans cette première partie, est la comparaison des violences d'extrême droite, en regard des violences d'origine islamiste, quant à leur intensité, leur nombre, et les traitements médiatiques et politiques qui leur sont réservés. C'est tout un pan d'une menace terroriste qui est largement sous-évalué.
La deuxième partie analyse la stratégie employée par l'extrême droite pour continuer sa progression dans l'opinion publique. Elle se déploie en trois volets, trois batailles, complémentaires : médiatique, …
Pour y résister, il faut prendre conscience du danger qui nous menace collectivement, et en comprendre les ressorts. C'est l'objet de la première partie de ce court essai. L'autrice s'y emploie à lever le voile de la respectabilité dans lequel tentent de se draper le --- ou les --- partis d'extrême droite en France, à travers des exemples concrets ; et comment leurs idées diffusent en deçà de cette extrême frontière de l'échiquier politique. Le plus troublant, dans cette première partie, est la comparaison des violences d'extrême droite, en regard des violences d'origine islamiste, quant à leur intensité, leur nombre, et les traitements médiatiques et politiques qui leur sont réservés. C'est tout un pan d'une menace terroriste qui est largement sous-évalué.
La deuxième partie analyse la stratégie employée par l'extrême droite pour continuer sa progression dans l'opinion publique. Elle se déploie en trois volets, trois batailles, complémentaires : médiatique, sémantique et numérique. Quel est l'intérêt pour des milliardaires, en France comme ailleurs, d'investir de grosses sommes dans des journaux, radio et télévisions dont la rentabilité est parfois flageolante ? Leur contrôle. Le contrôle de l'espace médiatique assure une influence certaine à son propriétaire. La deuxième bataille, sémantique, est un concept qui est également abordé par Naomi Klein dans Le double : c'est une bataille pour vider les mots de leur sens, pour rendre inopérantes les armes du langage nécessaires pour expliciter la duperie à l'œuvre, tout en s'efforçant de diffuser les marqueurs extrémistes, éventuellement vide de sens, vers des franges initialement moins extrêmes de la droite de l'échiquier politique. Deux mots apparus récemment sont exemplaires en la matière : woke et islamo-gauchisme. Le sens du premier est tout à fait imprécis. C'est ce flou qui fait sa force. Il en devient inattaquable : personne ne peut transpercer un fantôme. Le deuxième, composé, associe deux concepts entre lesquels aucun lien n'a été démontré, transportant ainsi de lourds sous-entendus sans néanmoins prêter le flanc à une possible critique constructive. La troisième bataille, numérique, comprend la bataille des réseaux sociaux, comme le détaille David Chavalarias dans Toxic Data. C'est aussi la bataille de la désinformation, cruciale et difficile, car la désinformation est extrêmement lucrative, monétairement et politiquement, qu'elle passe par les réseaux sociaux ou par d'autres médias numériques à l'apparence soignée.
La troisième et dernière partie redonne de l'espoir en détaillant les possibilités et le mode d'emploi de la Résistance. Elle commence par reprendre Stéphane Hessel en insistant sur la nécessité de conserver notre capacité d'indignation malgré les nombreux et récurrent appels à la responsabilité, sans laquelle l'ordre établi, favorable à l'extrême droite, ne saurait perdurer. Indignons-nous, donc, face au péril ! Et cessons de considérer l'extrême droite comme un interlocuteur comme les autres, à l'exemple de la Wallonie, qui a su la maintenir à distance des grands médias, et ainsi de la sphère politique influente. Non, ce n'est pas une opinion, un parti, comme les autres : son histoire est bien trop chargée. Résister, c'est ainsi informer, combattre la désinformation par l'information : informer ses proches, convaincre, partager… et soutenir la diversité des médias, notamment indépendants, tellement mise à mal aujourd'hui. Dernier volet : le lien, la société. Les personnes qui sont passées de l'autre côté du miroir, pour reprendre l'expression de Naomi Klein ont parfois eu de bonnes raisons pour le faire, comme elle l'explique bien. Elles ne méritent pas toutes notre mépris : ne pas les exclure a priori est essentiel. Recréons du lien, faisons société, expliquons, débattons, explicitons.
Résister est une lecture courte, efficace, percutante, qui permet de prendre conscience des transformations en cours, en France et ailleurs, de comprendre leurs ressorts, et d'envisager d'y résister, pour retrouver espoir.
Livre court et accessible, documenté et pédagogique. Il explique ce qu'est l'extrême droite, les mécanismes de sa popularité, et prend la peine de donner des conseils pour la contrer, au niveau individuel et collectif. À lire et à faire lire.
Un livre court et percutant, qui délivre un état des lieux clair et documenté des rouages de l'extrême droite en France et de ses relais médiatiques, et – ce n'est pas le moindre de ses mérites – tâche de donner des pistes d'actions pour résister au fascisme qui advient. Merci à mon fils de l'avoir mis sous le sapin cette année.
Un court essais politique sur la montée du RN ces vingts dernières années et la réussite de sa dédiabolisation. Analyse en partie de la réussite de celle-ci. C'est aussi un appel à changer les choses pour recentrer la vie politique française. ça se lit vite, c'est bien écrit et super bien documentée.