Critiques et Commentaires

Ameimse

Ameimse@bw.heraut.eu

A rejoint ce serveur il y a 2 années, 2 mois

Un compte bookwyrm pour y partager/recenser diverses lectures : - des romans de littératures de l'imaginaire (science-fiction, fantasy, fantastique). Lus principalement en VF, parfois en VO anglophone. - quelques écrits adoptant des perspectives critiques pouvant être féministes, décoloniales, écologiques... - possiblement à l'occasion des livres d'histoire.

Sur mastodon, je suis par là : social.sciences.re/@ameimse

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a commencé la lecture de Mauvaise graine par Octavia E. Butler (Patternist, #1)

Octavia E. Butler: Mauvaise graine (Paperback, 2025, Au Diable Vauvert)

Être aux pouvoirs sans limite, Doro est un esprit ancien qui engendre des humains sur …

Au diable vauvert poursuit sa publication en français de l'oeuvre d'Octavia Butler, avec ce printemps la première histoire de la série Patternist, Mauvaise Graine, publiée initialement en 1980 et proposée ici avec une traduction par Jessica Shapiro. Les romans d'Octavia Butler m'ont toujours marquée, même si parfois un peu trop secouée, hâte de découvrir celui-ci.

a publié une critique de Sagas & Sable d'os par Travis Baldree (Légendes & Lattes, #0.5)

Travis Baldree: Sagas & Sable d'os (2024, Ynnis Editions)

20 ans avant Légendes & Lattes, l’aventure commence ici…

Ça y est : la …

Cosy fantasy & librairie

Cette semaine, j'avais besoin d'une lecture posée et calme, qui prenne soin de ses lecteurices comme de ses personnages. Quoi de mieux dans ce cas que de la "cosy fantasy" ? J'ai donc exhumé de ma PàL le second roman écrit par Travis Baldree se déroulant dans l'univers de "Légendes & Lattes", dont le parfum des roulés à la cannelle continue de flotter dans ma mémoire (et autour de ma bibliothèque).

On y retrouve le personnage de Viv, mais 20 ans avant la tentative par l'orc ex-mercenaire d'ouvrir le café dont nous avions suivi le lancement dans "Légendes & Lattes". J'ai préféré le fait qu'il s'agisse d'une préquelle plutôt qu'une suite : cela permet de ne pas remettre en cause tout ce qui avait été construit dans ce premier tome. Pour le reste, on retrouve dans "Sagas & Sable d'os" la recette qui avait fait le charme du précédent …

a publié une critique de La Cité des Miracles par Robert Jackson Bennett (Les Cités divines, #3)

Robert Jackson Bennett: La Cité des Miracles (2025, Albin Michel)

La spectaculaire conclusion de la trilogie des Cités divines.

Roi déchu, ancien prisonnier politique, …

Conclusion convaincante pour la trilogie des Cités divines

L'auteur a su continuer d'explorer les diverses facettes de cet univers si riche posé dans le premier tome - même si l'effet de surprise-émerveillement initial suscité par ce dernier sera resté une expérience inégalée. Cependant, loin d'adopter une structure figée comme on peut parfois le trouver dans des mondes de fantasy qui finissent par laisser une impression diffuse de monde anhistorique, la trilogie aura vu son cadre évoluer politiquement, socialement et surtout technologiquement - empruntant certains côtés au steampunk dans ce dernier tome. Sur le fond, le 3e volet reprend le concept des précédents, en démarrant par une enquête. Cependant tout avance très -plus- vite : l'enjeu n'est cette fois pas tant la résolution d'un mystère que celui d'une véritable confrontation annoncée. A nouveau aussi, on change avec ce troisième tome de personnage principal, se centrant cette fois sur Sigrud - cela fonctionne, notamment en raison de tout le lourd …

a commencé la lecture de Sagas & Sable d'os par Travis Baldree (Légendes & Lattes, #0.5)

Travis Baldree: Sagas & Sable d'os (2024, Ynnis Editions)

20 ans avant Légendes & Lattes, l’aventure commence ici…

Ça y est : la …

Après avoir conclu une trilogie de fantasy épique, je retourne à de la "cosy fantasy". J'avais adoré Légendes & Lattes, ses roulés à la cannelle et toute l'ambiance qui traversait le livre. Travis Baldree nous propose ici de retrouver le personnage principal, mais vingt ans avant les événements relatés dans Légendes & Lattes. Cette fois, Viv, une orc mercenaire, ne se lance pas dans la création d'un café, mais, contrainte à la convalescence après une mauvaise blessure, elle va mettre les pieds dans une librairie. Beaucoup aimé les premiers chapitres lus hier soir.

a commencé la lecture de La Cité des Miracles par Robert Jackson Bennett (Les Cités divines, #3)

Robert Jackson Bennett: La Cité des Miracles (2025, Albin Michel)

La spectaculaire conclusion de la trilogie des Cités divines.

Roi déchu, ancien prisonnier politique, …

La conclusion de la trilogie des Cités divines, qui se déroule 13 ans après les événements du tome 2. Les premiers chapitres lus hier soir s'annoncent prometteurs, dans la droite lignée des deux précédents tomes.

a publié une critique de La Lance de Peretur par Nicola Griffith

Nicola Griffith: La Lance de Peretur (2025, Argyll)

Dans la vallée de la Tywi, les profondeurs d’une grotte dissimulent une mère et sa …

La Lance de Peretur, ou une réécriture queer du mythe de Perceval

J'ai toujours un faible pour les romans qui réinvestissent les légendes arthuriennes. Je crois que je suis fascinée de voir combien les auteurices continuent d'ajouter des variantes personnelles, suivant des registres assez différents, avec des lectures des événements qui leur sont propres. Tous ces écrits constituent un fil d'itérations ininterrompu depuis le Moyen Âge, démontrant toute la plasticité du mythe et la façon dont il peut encore et toujours être réinventé à toute époque.

Ces dernières années, j'ai adoré la trilogie que leur a consacré Alex Nikolavitch. Et, avec une réécriture inclusive, Morgane Pendragon de Jean-Laurent Del Socorro avait aussi été intéressant. Par son concept de départ, "La Lance de Peretur" peut sans doute être rapproché de ce dernier roman. L'ouvrage que publie Argyll se termine d'ailleurs par un billet de l'autrice qui précise les conditions dans lesquelles l'idée de cet écrit est né. Initialement, il s'agissait d'une commande …

a publié une critique de Protocole solitude par Joanna Russ

Joanna Russ: Protocole solitude (2024, Cambourakis)

Après un mystérieux accident, huit voyageurs interstellaires – quatre femmes, trois hommes et une enfant …

Protocole solitude

"Protocole solitude" est le premier roman que je lis de Joanna Russ - après m'être plongée dans ses archives, également publiées chez Cambourakis, dans "L'exoplanète féministe de Joanna Russ". Il s'agit d'une autrice qui s'inscrit dans le courant de la science-fiction féministe états-unienne des années 70. "Protocole solitude" est ainsi un court roman qui a été publié en 1977, traduit pour la première fois en français l'an dernier.

Est mis en scène un groupe de naufragé·es de l'espace, échoué·es sur une planète isolée, éloignée de tout. Ce n'est pas une histoire de survie, au contraire : le récit évoque les codes de ce genre pour mieux les détruire. D'emblée, la première phrase du roman avertit : ce petit groupe dépareillé est de toute façon destiné à mourir, plus ou moins rapidement. C'est cette histoire que va relater "Protocole solitude", à travers le récit d'une des naufragé·es, laquelle va dicter …

a commencé la lecture de La Lance de Peretur par Nicola Griffith

Nicola Griffith: La Lance de Peretur (2025, Argyll)

Dans la vallée de la Tywi, les profondeurs d’une grotte dissimulent une mère et sa …

Une publication chez Argyll et une déclinaison/réappropriation dans l'univers des légendes arthuriennes que je retrouve toujours avec beaucoup de plaisir : c'était donc une sortie littéraire que je guettais avec beaucoup de curiosité (et d'attente). L'ouvrage est présenté par la maison d'édition comme un roman queer revisitant le mythe de Perceval. A suivre :)

a commencé la lecture de Protocole solitude par Joanna Russ

Joanna Russ: Protocole solitude (2024, Cambourakis)

Après un mystérieux accident, huit voyageurs interstellaires – quatre femmes, trois hommes et une enfant …

Je fais un peu les choses à l'envers avec l'oeuvre de Joanna Russ. J'ai en effet lu ces dernières semaines "L'exoplanète féministe de Joanna Russ", publiée chez Cambourakis. Une plongée dans les archives de cette autrice états-unienne, sélectionnées et traducties par Charlotte Houette et Clara Pacotte, qui propose un livre hybride, à naviguer entre cartes postales humoristiques, courts essais, piques sarcastiques bien aiguisées et correspondances (notamment un échange passionnant et touchant sur l'écriture avec Dorothy Allison à propos de "Peau"). Ca a été l'occasion de mieux découvrir une autrice que je connaissais seulement de nom. Je me suis donc dit que c'était l'occasion de poursuivre en découvrant un de ses romans de science-fiction. Plusieurs ont été traduits récemment en français, et notamment, toujours chez Cambourakis, "Protocole solitude". Initialement publié en 1977 aux Etats-Unis et traduit l'an dernier en français. Ce n'est pas forcément le type de roman que j'ai l'habitude …

a publié une critique de Hexa par Gabrielle Filteau-Chiba

Gabrielle Filteau-Chiba: Hexa (French language, 2025, Stock)

Thalie, 16 ans, vit avec ses parents, Gabriel et Sandrine, dans la Cité de Sainte-Foy …

"À toi de décider si tu veux faire partie du monde des machines ou de celui des Fées"

"Hexa" est le premier roman que je lis de l'autrice québécoise Gabrielle Filteau-Chiba, notamment invitée dans La Terre au Carré en début d'année (www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/l-invite-au-carre-5740266), qui en a déjà plusieurs à son actif.

L'histoire se déroule dans un futur post-effondrement étatique suite aux destructions environnementales et aux bouleversements climatiques qui ont eu lieu. Dans un tel cadre, "Hexa" suit quelques protagonistes dans un récit qui s'articule autour de deux parties aux temporalités différentes. La première suit le point de vue d'une adolescente, formatée par une vie dans une cité recluse où la survie repose sur un régime de contrôle et de propagande aux accents totalitaires : elle va découvrir, dans le grand nord canadien, un nouvel horizon et une autre façon de concevoir la vie au sein d'une communauté de femmes qui replantent des arbres et tentent de redonner vie à des terres détruites par l'exploitation humaine passée. …

a publié une critique de Cimqa par Auriane Velten

Auriane Velten: Cimqa (Paperback, français language, 2023, Éditions Mnémos)

[4e de couverture] Imaginez que le monde ait un jour le hoquet ; des créatures …

Cimqa : bienvenue dans la cinquième dimension

Cimqa est le premier roman d'Auriane Velten que je lis, et j'espère avoir l'occasion de lire bien d'autres écrits de cette autrice dont je vais désormais surveiller les publications.

En effet, Cimqa est un livre qui m'a marquée pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, l'autrice exploite habilement un concept de départ de science-fiction pour proposer une magnifique ode à l'imaginaire et à l'art, en nous immergeant dans toutes les complexités -et les difficultés- des processus créatifs. Ce pan de l'histoire est l'occasion de réfléchir sur les compromis qu'il est possible d'accepter en tant que créatrice, mais aussi sur les lignes que l'on peut être amenée à (re)tracer. À sa façon, Cimqa offre un récit d'empowerment à travers les destins racontés en parallèle de deux protagonistes, une enfant qui devient adolescente puis jeune adulte, et une femme adulte de 50 ans : sur ce dernier point, j'ai particulièrement apprécié combien …

a publié une critique de Foodistan par Ketty Steward

Ketty Steward: Foodistan (French language, 2024, Argyll)

« Pour le dire clairement, mes parents et mes grands-parents sont nés dans la ville …

Foodistan : après l'apérolypse

La lecture de Foodistan est entrée en résonance avec ma lecture il y a quelques temps d'un essai philosophique de Corine Pelluchon, "Les nourritures. Philosophie du corps politique" que j'avais trouvé stimulant à plus d'un titre. L'essai s'ouvrait par cette citation classique de Levinas, "Au commencement il y avait la faim", invitant à envisager le corps comme le point de départ de notre expérience. Les développements de la philosophe m'avaient particulièrement intéressée dans la manière elle s'employait à replacer la centralité de la notion de "nourriture", rompant avec les philosophies libérales et différents dualismes en découlant, pour repartir de l'expérience de la faim afin de repenser, notamment, la notion de justice.

Dans Foodistan, Ketty Steward se réapproprie l'idée de la centralité de la nourriture pour déployer une exploration gustativo-littéraire au sein d'un pays, qui fut autrefois la France, et est devenu après "l'apérolypse", le Foodistan, entièrement refondé autour de …

Margaret Killjoy: Les morts posséderont la terre (Paperback, français language, 2025, Argyll)

Désormais en cavale, Danielle Cain et son équipe d’apprentis chasseurs de démons atterrissent à Pendleton, …

Les morts possèderont la terre

Deuxième aventure de Danielle et de son groupe de désormais ami·es, "Les morts possèderont la terre" reprend exactement là où on avait laissé tout le monde à la fin de "L'agneau égorgera le lion" (bw.heraut.eu/book/69902/s/lagneau-egorgera-le-lion). Désormais en fuite suite aux événements précédents, l'équipe atterrit dans une petite ville étatsunienne qui se révèle rapidement être le terrain parfait pour s'exercer à la magie et à la mise à jour des usages sombres du surnaturel.

Comme la première aventure, "Les morts possèderont la terre" se lit à nouveau d'une traite. On y retrouve ce cocktail assez caractéristique des oeuvres de Margaret Killjoy (du moins, les trois que j'ai pu lire) : un scénario rythmé parsemé de quelques scènes intenses, une plume claire, versatile dans les tonalités investies, où les traits d'humour côtoient le tragique, et enfin, une faculté à distiller au fil du récit un propos politique invitant, dans …

a commencé la lecture de Foodistan par Ketty Steward

Ketty Steward: Foodistan (French language, 2024, Argyll)

« Pour le dire clairement, mes parents et mes grands-parents sont nés dans la ville …

Je reviens un peu dans le temps, dans le fil des publications de la nouvelle collection RéciFs chez Argyll consacrée aux novellas, après la lecture du dernier récit publié, "Les morts posséderont la terre" de Margaret Killjoy. Si le concept de "Foodistan" de Ketty Steward, au croisement des genres, m'avait intriguée lors de sa sortie, c'est la lecture de la dernière newsletter de l'autrice, largement consacrée au café et aux boissons qu'elle peut boire, dans la lignée de la nouvelle qu'elle vient de publier sur le site de Reporterre : reporterre.net/Decouvrez-Le-Temps-d-un-cafe-la-fiction-inedite-de-Ketty-Steward-pour-Reporterre, qui a ramené Foodistan tout en haut de ma pile à lire. En avant donc pour une exploration gustativo-littéraire.

a publié une critique de Agrapha par luvan

luvan: Agrapha (Paperback, français language, 2020, VOLTE)

MAIS TOUT NE PEUT ÊTRE ÉCRIT ICI [AGRAPHA]

À l’origine fut un manuscrit du …

Agrapha, ce qui n'est pas écrit

Voilà bien une lecture sur laquelle je peine à mettre des mots, des qualificatifs, qui rendraient justice à l'expérience littéraire fascinante, grisante même, que m'a fait vivre ce roman. Comme l'annonce au fond son titre, Agrapha se vit en tant que livre... peut-être plus qu'il est possible d'écrire à son propos. Et l'intrigue est à découvrir en le lisant. Alors, sans doute, je peux commencer simplement par partager mon enthousiasme : j'ai adoré ce que l'oeuvre a su me faire ressentir en tant que lectrice. Puis, si j'essaie de rassembler quelques idées, je dirais qu'Agrapha est une oeuvre à part de plein de façons différentes. C'est une expérience (pluri)linguistique et narrative. Une source de questionnements constants sur ce qui est lu et sur la manière dont il faut recevoir et comprendre les différents matériaux rassemblés, pour certains, fragments qui ont traversé les siècles. Explorant les frontières du sensible, l'oeuvre teste …