Ameimse a commencé la lecture de Hexa par Gabrielle Filteau-Chiba

Hexa de Gabrielle Filteau-Chiba
Thalie, 16 ans, vit avec ses parents, Gabriel et Sandrine, dans la Cité de Sainte-Foy au Québec. Nul n’a le …
Un compte bookwyrm pour y partager/recenser diverses lectures : - des romans de littératures de l'imaginaire (science-fiction, fantasy, fantastique). Lus principalement en VF, parfois en VO anglophone. - des écrits adoptant des perspectives critiques pouvant être féministes, décoloniales, écologiques... - possiblement à l'occasion des livres d'histoire.
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Thalie, 16 ans, vit avec ses parents, Gabriel et Sandrine, dans la Cité de Sainte-Foy au Québec. Nul n’a le …
[4e de couverture] Imaginez que le monde ait un jour le hoquet ; des créatures et des objets commencent à …
Je termine les presque 500 pages du voyage de l'autre côté du miroir proposé par Naomi Klein. Hasard du calendrier, ou peut-être pas, mon voyage littéraire a débuté juste après le 20 janvier 2025, date à laquelle nos amis américains ont traversé le miroir, accentuant par là l'épaisseur de la lecture de l'ouvrage de Naomi Klein.
Elle nous y propose une relecture de la fragmentation politique actuelle, au Canada, son pays, mais aussi aux États-Unis, en Europe, et finalement partout à la surface de la planète. Au-delà de la classique répartition en trois blocs à l'aune de laquelle nous comprenons la politique française aujourd'hui, elle propose deux mondes miroirs qui s'ignorent. Dans le premier, son monde, la terre est ronde, le dérèglement climatique est une réalité d'origine humaine, et la Russie a envahi l'Ukraine. Dans l'autre monde, qui lui fait face, toutes ces réalités peuvent être remises en cause au …
Je termine les presque 500 pages du voyage de l'autre côté du miroir proposé par Naomi Klein. Hasard du calendrier, ou peut-être pas, mon voyage littéraire a débuté juste après le 20 janvier 2025, date à laquelle nos amis américains ont traversé le miroir, accentuant par là l'épaisseur de la lecture de l'ouvrage de Naomi Klein.
Elle nous y propose une relecture de la fragmentation politique actuelle, au Canada, son pays, mais aussi aux États-Unis, en Europe, et finalement partout à la surface de la planète. Au-delà de la classique répartition en trois blocs à l'aune de laquelle nous comprenons la politique française aujourd'hui, elle propose deux mondes miroirs qui s'ignorent. Dans le premier, son monde, la terre est ronde, le dérèglement climatique est une réalité d'origine humaine, et la Russie a envahi l'Ukraine. Dans l'autre monde, qui lui fait face, toutes ces réalités peuvent être remises en cause au service d'un narratif alternatif.
Afin d'atténuer l'ignorance qu'ont ces deux mondes l'un de l'autre, son propos est de relater la plongée qu'elle a effectuée pendant plusieurs mois en trouvant le moyen de franchir le miroir. Il en ressort une analyse politique tout à fait originale qui permet de montrer comment le côté alternatif du miroir se nourrit des petites et grandes faiblesses du côté du miroir que l'on pourrait qualifier de scientifique --- le sien, le mien --- en en construisant un double modifié.
Une lecture épaisse, parfois difficile, parfois glaçante, mais révélatrice. J'ai lu que ce livre était immanquable. Je confirme. Pour une introduction plus longue, France Inter a proposé une interview de l'autrice. J'essaierai également d'en proposer une chronique plus détaillée.
Un consortium libéral-autoritaire, tissé de solidarités d’affaires, de partis conservateurs, nationalistes et libéraux, de médias réactionnaires et d’élites traditionnelles, perd …
La lecture de Foodistan est entrée en résonance avec ma lecture il y a quelques temps d'un essai philosophique de Corine Pelluchon, "Les nourritures. Philosophie du corps politique" que j'avais trouvé stimulant à plus d'un titre. L'essai s'ouvrait par cette citation classique de Levinas, "Au commencement il y avait la faim", invitant à envisager le corps comme le point de départ de notre expérience. Les développements de la philosophe m'avaient particulièrement intéressée dans la manière elle s'employait à replacer la centralité de la notion de "nourriture", rompant avec les philosophies libérales et différents dualismes en découlant, pour repartir de l'expérience de la faim afin de repenser, notamment, la notion de justice.
Dans Foodistan, Ketty Steward se réapproprie l'idée de la centralité de la nourriture pour déployer une exploration gustativo-littéraire au sein d'un pays, qui fut autrefois la France, et est devenu après "l'apérolypse", le Foodistan, entièrement refondé autour de la …
La lecture de Foodistan est entrée en résonance avec ma lecture il y a quelques temps d'un essai philosophique de Corine Pelluchon, "Les nourritures. Philosophie du corps politique" que j'avais trouvé stimulant à plus d'un titre. L'essai s'ouvrait par cette citation classique de Levinas, "Au commencement il y avait la faim", invitant à envisager le corps comme le point de départ de notre expérience. Les développements de la philosophe m'avaient particulièrement intéressée dans la manière elle s'employait à replacer la centralité de la notion de "nourriture", rompant avec les philosophies libérales et différents dualismes en découlant, pour repartir de l'expérience de la faim afin de repenser, notamment, la notion de justice.
Dans Foodistan, Ketty Steward se réapproprie l'idée de la centralité de la nourriture pour déployer une exploration gustativo-littéraire au sein d'un pays, qui fut autrefois la France, et est devenu après "l'apérolypse", le Foodistan, entièrement refondé autour de la question de l'alimentation. Dans ce futur ainsi mis en scène, on suit une serrurière assermentée dont le statut lui permet explorations et rencontres en navigant dans la cartographie socialo-culinaire de cette nouvelle société où le régime alimentaire et l'expression même du rapport à la nourriture renvoient directement à un certain positionnement social.
Dans cette courte novella-recueil où se mêlent vignettes d'un récit fil rouge, recettes de cuisine et poèmes, jeux d'intertextualité et de polytextualité, Ketty Stewart propose une véritable expérimentation poético-politique. Tout en se livrant à une refondation langagière aussi gourmande que réjouissante pour les lecteurices (à l'image de "l'apérolypse", la crise est devenue la "cerise", la société, la "satiété", etc.), l'autrice met en lumière, avec un discours critique sur le présent du Foodistan comme sur le passé (notre présent donc), ce que le prisme de l'alimentation révèle d'une société, sur les rapports de force qui s'y déploient et qu'elle contribue à façonner, aussi bien entre ses membres que dans leurs liens avec le vivant au sens large.
En résumé, une lecture savoureuse, investissant la question de la nourriture dans un registre à part de fiction poético-politique qui ne m'a pas laissée indifférente.
J’étais un peu inquiet en ouvrant ce nouveau livre de Gabrielle Filteau-Chiba. J’avais tellement aimé sa trilogie de la cabane que je craignais d’être déçu. Mais mes inquiétudes ont vite été balayées. Elle nous offre un merveilleux récit d’anticipation éco-féministe, plein de sororité et d’espoir. Elle décrit un futur proche très crédible, dystopique mais sans catastrophe, et des femmes qui, dans les interstices, patiemment retissent du vivant. La complexité et les secrets des trois personnages se dévoilent progressivement, je les ai trouvées toutes et tous profondément humaines et attachantes. Et puis bien sûr, il y a la langue de Gabrielle Filteau-Chiba, avec peut-être moins de québequismes, mais toujours sa grande capacité à décrire une nature vivante.
En ces temps sombres, Hexa est vraiment le roman porteur d’espoir qu’il nous faut, je le recommande vivement !
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« Pour le dire clairement, mes parents et mes grands-parents sont nés dans la ville souterraine de Hungerland, persuadés, comme …
Une présentation par l'autrice sur son site : "Racines n'est pas autobiographique, mais c'est un sujet qui me concerne de près ! J'ai toujours eu un rapport très compliqué avec mes cheveux frisés. Petite, je les détestais : je les trouvais moches et trop difficiles à coiffer. Comme beaucoup de femmes aux cheveux frisés / crépus, j'ai passé une grande partie de ma vie à essayer de les lisser pour correspondre aux normes. Depuis que je les accepte au naturel, j'ai envie d'en parler pour sensibiliser à ce sujet méconnu puisqu'il touche une double minorité : les femmes et les personnes racisées." Source
[Résumé éditeur] Toujours à la poursuite des Démons Invisibles, responsables de la mort de ses parents, Andrea Cort se rend …
Deuxième aventure de Danielle et de son groupe de désormais ami·es, "Les morts possèderont la terre" reprend exactement là où on avait laissé tout le monde à la fin de "L'agneau égorgera le lion" (bw.heraut.eu/book/69902/s/lagneau-egorgera-le-lion). Désormais en fuite suite aux événements précédents, l'équipe atterrit dans une petite ville étatsunienne qui se révèle rapidement être le terrain parfait pour s'exercer à la magie et à la mise à jour des usages sombres du surnaturel.
Comme la première aventure, "Les morts possèderont la terre" se lit à nouveau d'une traite. On y retrouve ce cocktail assez caractéristique des oeuvres de Margaret Killjoy (du moins, les trois que j'ai pu lire) : un scénario rythmé parsemé de quelques scènes intenses, une plume claire, versatile dans les tonalités investies, où les traits d'humour côtoient le tragique, et enfin, une faculté à distiller au fil du récit un propos politique invitant, dans une …
Deuxième aventure de Danielle et de son groupe de désormais ami·es, "Les morts possèderont la terre" reprend exactement là où on avait laissé tout le monde à la fin de "L'agneau égorgera le lion" (bw.heraut.eu/book/69902/s/lagneau-egorgera-le-lion). Désormais en fuite suite aux événements précédents, l'équipe atterrit dans une petite ville étatsunienne qui se révèle rapidement être le terrain parfait pour s'exercer à la magie et à la mise à jour des usages sombres du surnaturel.
Comme la première aventure, "Les morts possèderont la terre" se lit à nouveau d'une traite. On y retrouve ce cocktail assez caractéristique des oeuvres de Margaret Killjoy (du moins, les trois que j'ai pu lire) : un scénario rythmé parsemé de quelques scènes intenses, une plume claire, versatile dans les tonalités investies, où les traits d'humour côtoient le tragique, et enfin, une faculté à distiller au fil du récit un propos politique invitant, dans une perspective anarchiste, à la réflexivité sur des thématiques chères à l'autrice, sur la justice, la gestion de groupe ou encore l'amour. Et puis, dans cette novella, en bonus spécial, il y a la mise en scène d'une bibliothèque occulte anarchiste.
En résumé, une lecture enthousiasmante, trop courte sans doute - j'aurais aimé passer plus de temps aux côtés de cette équipe à laquelle je me suis attachée.
Je reviens un peu dans le temps, dans le fil des publications de la nouvelle collection RéciFs chez Argyll consacrée aux novellas, après la lecture du dernier récit publié, "Les morts posséderont la terre" de Margaret Killjoy. Si le concept de "Foodistan" de Ketty Steward, au croisement des genres, m'avait intriguée lors de sa sortie, c'est la lecture de la dernière newsletter de l'autrice, largement consacrée au café et aux boissons qu'elle peut boire, dans la lignée de la nouvelle qu'elle vient de publier sur le site de Reporterre : reporterre.net/Decouvrez-Le-Temps-d-un-cafe-la-fiction-inedite-de-Ketty-Steward-pour-Reporterre, qui a ramené Foodistan tout en haut de ma pile à lire. En avant donc pour une exploration gustativo-littéraire.
Désormais en cavale, Danielle Cain et son équipe d’apprentis chasseurs de démons atterrissent à Pendleton, dans le Montana, après un …
Ce très long roman a été écrit par un auteur que j'ai pu écouter lors d'une table-ronde sur le genre "solarpunk". J'ai vraiment été transportée dans ce monde d'après radieux, où l'humanité connait enfin une sévère décroissance au sein d'une société que je qualifierais d'altermondialiste et communiste libertaire, basée sur la théorie du salaire à vie de Bernard Friot. Lire cette œuvre m'a consolée et donné de l'espoir, une véritable bouffée d'air frais au milieu d'un quotidien anxiogène et d'un futur désirable incertain. Beaucoup des thématiques qui me tiennent à cœur dans mes lectures y sont abordées : les relations amoureuses libres, l'écologie, l'art et le travail, le logement, la nourriture, la famille et l'éducation, et d'ailleurs, il y a pas mal d'écriture inclusive, ça ça fait très plaisir aussi. Bref, j'ai beaucoup de trop de choses intéressantes à lister à propos de cette histoire, mais je m'arrêterai là pour …
Ce très long roman a été écrit par un auteur que j'ai pu écouter lors d'une table-ronde sur le genre "solarpunk". J'ai vraiment été transportée dans ce monde d'après radieux, où l'humanité connait enfin une sévère décroissance au sein d'une société que je qualifierais d'altermondialiste et communiste libertaire, basée sur la théorie du salaire à vie de Bernard Friot. Lire cette œuvre m'a consolée et donné de l'espoir, une véritable bouffée d'air frais au milieu d'un quotidien anxiogène et d'un futur désirable incertain. Beaucoup des thématiques qui me tiennent à cœur dans mes lectures y sont abordées : les relations amoureuses libres, l'écologie, l'art et le travail, le logement, la nourriture, la famille et l'éducation, et d'ailleurs, il y a pas mal d'écriture inclusive, ça ça fait très plaisir aussi. Bref, j'ai beaucoup de trop de choses intéressantes à lister à propos de cette histoire, mais je m'arrêterai là pour terminer : je sors de cette lecture très inspirée, et je la garde encore au creux de mon cœur, comme boussole pour l'avenir.
Le programme d'euthanasie des personnes handicapées était déjà à I'œuvre quand Asperger affirma que, si la plupart des autistes méritaient de mourir, ceux d'entre eux qui possédaient une capacité exceptionnelle de concentration pouvaient servir aux nazis (peut-êre en devenant des casseurs de code, ou des hyperconcentrés utiles au projet fasciste). Des recherches récentes ont révélé qu'Asperger avait signé des papiers pour que des enfants âgés d'à peine deux ans soient envoyés au Spiegelgrund pour y être tués ! En d'autres termes, il était l'un des principaux rouages du système de sélection des personnes "dignes" de vivre ou de mourir --- un système qui allait bientôt se transformer en une machine génocidaire pour tous ceux que l'idéal aryen déciderait d' exclure.
Pour Edith Sheffer, cela entache non seulement le diagnostic du syndrome d'Asperger, mais aussi, potentiellement, le diagnostic beaucoup plus large du trouble du spectre autistique qu'Asperger a tant contribué à façonner. Ses écrits mettent en évidence que ses travaux relevaient bien moins de la science médicale que de la pensée fasciste, la création de la race aryenne exigeant la soumission à la "pensée groupale" suprémaciste nazie. L'affirmation d'Asperger selon laquelle l'absence de "Gemüt" dans l'autisme en faisait une pathologie était donc une façon hautement idéologique de définir la normalité comportementale. Il ne diagnostiquait en réalité rien de moins qư'un déficit de fascisme, ou, comme l'écrit Edith Sheffer : "Il revenait ainsi aux pédopsychiatres nazis comme Asperger d'évaluer le caractère d'un enfant [à l'aune des] normes du régime."
En distinguant ses "petits professeurs" du reste des autistes et en affirmant qu'eux seuls méritaient d'être sauvés, Asperger a créé la distinction très controversée entre "autisme de haut niveau" et "autisme de bas niveau". Tel est son héritage : déclarer un petit groupe d'enfants neuroatypiques supérieurs à leurs pairs, tout en participant à un système qui envoyait à la mort ceux qui ne présentaient pas cet avantage concurrentiel.
— Le Double de Naomi Klein (Page 282 - 283)
Merci Naomi Klein ! J'apprends beaucoup dans ce livre. Je comprends aussi beaucoup. Cet extrait en est l'un des principaux reflets. Quelle claque, moi qui ne connaissait rien de cet aspect du soit disant syndrome d'Asperger ! A lire et relire par tous ceux qui côtoient des personnes neuro-atypiques. Et elles sont beaucoup plus nombreuses qu'elles ne veulent le croire.