Critiques et Commentaires

Anthony

Balbec@bw.heraut.eu

A rejoint ce serveur il y a 2 années, 1 mois

Rassure-toi, tu ne vas pas mourir de lire.

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Michel de Montaigne: Journal de voyage (Paperback, français language, 1983, Gallimard) Aucune note

De septembre 1580 à novembre 1581, Montaigne voyage en Europe : Allemagne, Suisse, Italie. Pour …

Journal de voyage

Aucune note

J'ai relu le journal en parallèle de mes autres lectures, à un rythme tranquille, à raison d'un ou plusieurs passages (d'un lieu à un autre) selon les occasions que j'avais dans la journée. Je ne noterai pas cette lecture puisqu'il s'agit d'un journal de voyage non destiné à être publié, qui plus est écrit à quatre mains, puisque une bonne partie a été rédigée par un secrétaire « anonyme ». Ce livre est un trésor concernant la vie et les mœurs de la fin du XVIe siècle. Certaines parties plus autopathographiques (essentiellement dans la section rédigée en italien) m'ont été moins agréables. Mais l'ensemble du journal révèle une grande curiosité de l'auteur, qui lui fait rapporter un nombre considérable de détails historiques très enrichissants pour le novice que je suis.

a publié une critique de Double nationalité par Nina Yargekov

Nina Yargekov: Double nationalité (EBook, français language, 2016, P.O.L.)

Vous vous réveillez dans un aéroport. Vous ne savez pas qui vous êtes ni où …

Double nationalité

Ce monologue intérieur — ou plutôt cette pensée en action — de quelque 700 pages ne doit pas laisser indifférent. Pour ma part, j'ai bien apprécié le récit. Si j'ai cru un instant qu'il n'aurait pas le souffle nécessaire pour tenir tout du long, je me suis trompé, parce que le second chapitre donne à nouveau l'énergie pour une prise d'altitude. L'autrice franco-hongroise, à travers une narration riche, originale et impétueuse, nous entraîne dans la complexité de son bilinguisme, du monde de la traduction et de ses deux nationalités. Son recul sur ses deux pays lui permet également un recul salutaire pour juger les qualités et travers de chacun. Je suis heureux d'avoir découvert cette écrivaine.

a publié une critique de Être sans destin par Imre Kertész

Imre Kertész: Être sans destin (EBook, français language, 2013, Actes Sud)

Un adolescent de quinze ans raconte une année passée dans un camp de concentration puis …

Être sans destin

Si le narrateur refuse la qualification de destin, il y a une forme de hasard qui a permis à l'auteur d'en narrer les péripéties. Sans les avertissements d'autres « prisonniers », le jeune homme de 14 ans aurait bien pu suivre la mauvaise file, celle dont on ne revenait pas. Plus tard, c'est — notamment — grâce à la protection d'un autre déporté qu'il put rentrer vivant, un autre déporté qui, lui, ne revint pas. Nous faisons ce chemin, évidemment avec notre bagage culturel du XXIe siècle... mais ici uniquement avec le récit de celui qui découvre où l'entraîne ce train. Et à son retour, une année plus tard, ce même constat que je retrouvais dans la lecture de Charlotte Delbo : l'impossibilité de se faire comprendre, l'impossible écoute. Et c'est étrangement lors du récit de son retour que les sanglots me sont arrivés, lorsque le narrateur, incroyablement changé, retrouva …

Marc Aurèle: Pensées pour moi-même (Paperback, français language, 1964, Flammarion)

Traduction (Grec ancien) : Mario Meunier « On sent en soi-même un plaisir secret lorsqu’on …

Pensées pour moi-même

Aucune note

Ces Pensées, non destinées à être publiées, se lisent avec plus ou moins de facilité. Beaucoup d'aphorismes, parfois redondants, paraissent assez simples à comprendre, et certains d'entre eux peuvent évoquer des concepts que l'on retrouve dans la philosophie orientale (je pense à des notions comme l'impermanence). Cela donne l'impression que la réflexion peut mener à des principes universels (des conseils similaires prescrits à travers les âges dans des zones géographiques éloignées). D'autres réflexions sont bien plus obscures, mais, profane, je me suis autorisé une lecture légère, ne faisant qu'effleurer le texte. Je ne me permettrai donc aucune réflexion sur le fond, n'ayant pas du tout les compétences et connaissances nécessaires à une lecture sérieuse et éclairée d'un texte écrit il y a 19 siècles :-)

Jules Verne: Le Tour du monde en quatre-vingts jours (EBook, français language, 2014, Gallimard)

Edition enrichie illustrée de William Butcher comportant une préface et un dossier sur le roman. …

Le Tour du monde en quatre-vingts jours

Alors je ne surprendrai personne en écrivant que ce roman d'aventure, aux yeux de l'adulte du XXIe siècle, a pris un très gros coup de vieux. À l'époque déjà, adolescent, je n'avais pas accroché à ce roman de Jules Verne ; aujourd'hui, il porte (davantage encore) tous les travers coloniaux de l'époque. Je crois que le paroxysme est atteint avec les sacrifices indiens, où la jeune femme est sauvée des flammes, et plus tard l'attaque du train, par les Amérindiens. Je suis heureux d'avoir rouvert ce Jules Verne (trente-cinq ans que je n'avais rien lu de l'auteur), celui précisément qu'à l'époque je n'avais pas apprécié : ça me conforte dans l'idée qu'il me faut rester sur l'image que j'en avais adolescent ; et cela n'entachera que très peu ceux que j'avais aimés (20 000 lieues sous les mers, Voyage au centre de la Terre ou Cinq semaines en ballon, par …

Amélie Nothomb: L'impossible retour (EBook, français language, 2024, Albin Michel)

« Tout retour est impossible, l'amour le plus absolu n'en donne pas la clé. » …

L'impossible retour

Le sujet peut paraître usé, à force d'avoir été tant et tant traité ; mais le talent littéraire d'Amélie Nothomb – autant concernant le style, l'humour et la poésie – nous plonge avec délicatesse dans le pays tant rêvé et à la fois inaccessible de l'écrivaine : le Japon. Le très court journal relate le voyage de l'écrivaine et de son amie – au fort caractère, pour le dire poliment. Un voyage – matériellement confortable – empreint de nostalgie, plein de l'absence du père ; un voyage dont le récit prouve que l'autrice, au contraire de ce qu'elle écrit, a parfaitement réussi son retour.

John Kennedy Toole: La conjuration des imbéciles (EBook, français language, 2019, Robert Laffont)

Par ce seul livre posthume, John Kennedy Toole gagna une place à part, et une …

La conjuration des imbéciles

Il y a du burlesque dans ce roman posthume de John Kennedy Toole. J'ai plusieurs fois eu l'impression de m'immerger dans une pièce de théâtre du genre, notamment lors d'une scène avec « le vieux », la mère, Santa et ce pauvre policier. Bien que le personnage d'Ignatius soit insupportable, exaspérant, son côté Don Quichotte (seul contre tous) n'est pas sans nous émouvoir. J'ai beaucoup ri – j'avais choisi ce livre pour cette raison – mais j'ai trouvé quelques longueurs, signe que certains passages auraient sans doute mérité quelques coupures.

a publié une critique de Fragile/s par Nicolas Martin

Nicolas Martin: Fragile/s (EBook, français language, 2024, Au Diable Vauvert)

« Nous étions mille cinq cents. La première fournée. Les mères pondeuses du futur de …

Fragile/s

La voix de Typhaine est sans doute ce qui m’a le plus marqué à la lecture de ce premier roman de Nicolas Martin. Elle se distingue par un réalisme saisissant, dépeinte avec une extrême sensibilité dans un style singulier. La première partie du roman est celle que j’ai le plus appréciée, que j’ai vraiment aimée. Peu à peu, l’angoisse monte, et nous nous retrouvons piégés avec la narratrice, plongés dans un univers carcéral où la claustrophobie est garantie. Mais paradoxalement, le contexte dystopique — une dictature 2.0, une monstrueuse machine à broyer dont l'omniscience est incarnée par la voix d’Alix — devient presque secondaire dans le récit. Il est difficile de classer cette première moitié du roman. Il y a ici comme l'effeuillage d'une fleur jusqu'à la découverte de son pistil.

Dans la seconde moitié du livre, nous plongeons brusquement et violemment dans un univers plus familier, celui de la …

Ivo Andrić: Le pont sur la Drina (français language, 1994, Belfond)

C'est toute l'histoire du pont que retrace ici Ivo Andric, depuis sa construction par le …

Le pont sur la Drina

Période mouvementée des vacances oblige, j'ai mis quelques semaines à lire ce beau roman d'Ivo Andrić. De la fin du XVIe siècle au début du XXe siècle, nous vivons autour d'un édifice qui constituera un « immuable » au regard de l'agitation des hommes. De son édification à ses premières blessures (en 1914), l'auteur tisse peu à peu un lien indéfectible entre le pont et les habitants de la région. Sur la kapia – petit lieu de vie aménagé au centre du pont – se posent, se croisent (ou s'ignorent) les multiples cultures qui vivent – parfois en paix, souvent en conflit – dans la région, un territoire géopolitiquement instable et complexe, balkanisé. Une œuvre à la hauteur de l'Histoire qu'elle narre avec brio.

a publié une critique de Le temps fut par Ian Mcdonald

Ian Mcdonald: Le temps fut (EBook, français language, 2020, Le Bélial')

Bouquiniste indépendant, Emmett Leigh déniche un jour un petit recueil de poèmes lors de la …

Le temps fut

Un court roman indéniablement efficace sur le plan narratif. Cependant, je lui reprocherais peut-être cette trop grande efficience, ce choix de l'auteur d'aller à l'essentiel sans s'attarder sur le superflu, sur ce qui n'est pas strictement nécessaire à la narration, mais qui, pour moi, est primordial en littérature. Je crains que cela ne confirme, une fois de plus, ma difficulté à lire des nouvelles ou des courts romans. J'ai sans doute besoin de plus de pages pour me plonger pleinement dans un récit. Mais ne vous arrêtez pas à ma seule critique ; je suis certain que nombreux sont ceux qui apprécieront cette lecture.

a commenté Le temps fut par Ian Mcdonald

Ian Mcdonald: Le temps fut (EBook, français language, 2020, Le Bélial')

Bouquiniste indépendant, Emmett Leigh déniche un jour un petit recueil de poèmes lors de la …

#VendrediLecture avec « Le temps fut » de Ian McDonald. Le court roman (j'en suis à la moitié) est indéniablement efficace. Mais je lui reprocherais peut-être justement cette trop grande efficience, ce chemin que prend l'auteur pour aller à l'essentiel, sans se préoccuper du superflu, de ce qui n'est pas nécessaire à la narration, mais de ce qui, pour moi, est primordial dans la littérature.

#IanMcDonald #livre #lecture #littérature #BookWyrm #BookWyrmFR #ScienceFiction

Giorgio Bassani: Le jardin des Finzi-Contini (Paperback, français language, 1975, Gallimard)

Comme les nouvelles des Lunettes d’or, Le Jardin des Finzi-Contini peint la société provinciale italienne. …

Le jardin des Finzi-Contini

Je ne tarirai pas d'éloges concernant ce roman de Giorgio Bassani. J'y ai retrouvé du Proust, mais sans son — parfois difficilement supportable — idolâtrie de l'aristocratie. L'auteur nous transporte au sein de la bourgeoisie juive de Ferrare, dans l'Italie des années 30. Les premières lois raciales vont contraindre la jeunesse à se réfugier dans la propriété des Finzi-Contini. Le style de la traduction française est délicieux et l'auteur narre avec brio les sentiments et l'amour de jeunesse de son héros, une passion qui sombre dans le pathétique, rappelant une fois encore « À la recherche du temps perdu ». Pas la peine d'insister, je vous recommande vivement la lecture de ce roman.

a publié une critique de La Trêve par Primo Levi

Primo Levi: La Trêve (Paperback, français language, 1997, Grasset)

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, un groupe de prisonniers italiens, rescapés des …

La Trêve

« Nous étions partis six cent cinquante, nous revenions trois », écrit Primo Levi. De mes lectures concentrationnaires, je note cette sensation de vertige, de peur devant le vide abyssal que décrivent les survivants à leur retour. Parce qu'après cela, comment revenir ? L'extraordinaire voyage que notre narrateur (et auteur) fit pour revenir chez lui, après la libération du camp par les forces russes, ce voyage surréaliste est décrit comme une parenthèse, une trêve avant toutes les difficultés que représente ce retour. Et il pourrait paraître étonnant d'y trouver de la "difficulté" après les innombrables horreurs que les déportés subirent dans les camps de la mort. Mais pour nous, lecteurs, cette trêve sera une aventure étonnante, instructive sur le plan historique, souvent émouvante, et parfois même très drôle. Et nous éprouvons aussitôt après le rire une sorte de gêne devant notre amusement. « Pour Primo Levi, il faut raconter, raconter, …