Anthony a commencé la lecture de La Realidad par Neige Sinno

La Realidad de Neige Sinno
« Il n'y a rien de tel que la réalité. » On pourrait dire que ce livre est un récit …
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48% terminé ! Anthony a lu 25 sur 52 livres.
« Il n'y a rien de tel que la réalité. » On pourrait dire que ce livre est un récit …
"Ici, c’est comme ça." Cette phrase, elle l’entendrait souvent. À cet instant précis, elle comprit qu’elle était une étrangère, une …
Au début de sa carrière, il avait travaillé comme photographe pour l’état civil et souvent les maris refusaient que leurs femmes soient prises en photo. Certains hauts dignitaires marocains avaient même envoyé des lettres menaçantes à la résidence générale expliquant qu’ils s’opposaient de toutes leurs forces à l’idée que leurs femmes montrent leur visage à des inconnus. Les Français avaient cédé et nombreux furent les caïds ou les pachas qui se contentèrent de fournir une brève description de leurs épouses que l’on accolait aux papiers d’identité.
— Le pays des autres de Leïla Slimani (Le pays des autres, #1) (82%)
Longtemps je n’ai pas osé ouvrir ce livre. Je ne me sentais pas le courage d’être confronté au récit à la première personne du viol d’une enfant, répété pendant des années. J’avais tort. Car ça n’est pas tant un témoignage sur ce que l’autrice a vécu enfant qu’une réflexion, avec du recul, sur l’après, sur la vie avec le souvenir d’avoir été violée. J’ai trouvé toutes ces réflexions très intéressantes. Elles sortent du traitement habituel de l’inceste dans la littérature. Permettent de mieux comprendre, à la fois l’acte, sa place dans la société, et les différentes réactions des victimes et des bourreaux. J’ai été impressionné par la force des convictions de Neige Sinno, notamment lorsqu’elle ne souhaite pas la prison à son agresseur, mais juste qu’il ne puisse pas recommencer. Une lecture à la fois plus accessible que je ne pensais, et qui va bien au delà du témoignage pour …
Longtemps je n’ai pas osé ouvrir ce livre. Je ne me sentais pas le courage d’être confronté au récit à la première personne du viol d’une enfant, répété pendant des années. J’avais tort. Car ça n’est pas tant un témoignage sur ce que l’autrice a vécu enfant qu’une réflexion, avec du recul, sur l’après, sur la vie avec le souvenir d’avoir été violée. J’ai trouvé toutes ces réflexions très intéressantes. Elles sortent du traitement habituel de l’inceste dans la littérature. Permettent de mieux comprendre, à la fois l’acte, sa place dans la société, et les différentes réactions des victimes et des bourreaux. J’ai été impressionné par la force des convictions de Neige Sinno, notamment lorsqu’elle ne souhaite pas la prison à son agresseur, mais juste qu’il ne puisse pas recommencer. Une lecture à la fois plus accessible que je ne pensais, et qui va bien au delà du témoignage pour offrir de nombreuses pistes. Si comme moi vous hésitiez, je pense que ça vaut vraiment le coup d’écouter Neige Sinno.
La nouvelle de ce livre est proposée dans un ouvrage qui constitue un objet d'art à part entière : illustrée par Philippe Aureille, publiée sur du papier cartonné, elle voit son texte s'adapter formellement à des illustrations couvrant parfois la majeure partie des deux pages, déclinant diverses représentations intrigantes ou déroutantes de bois et d'oeil(s) qui vous fixent.
L'histoire en elle-même se lit avec plaisir et curiosité. Elle emprunte aux registres du conte et de la légende pour donner la parole à une ombre, laquelle entreprend de bousculer les représentations communes que la personne à laquelle elle s'adresse partage avec les lecteurices. Le court récit est ciselé et poétique, un récit à tiroirs malgré son format très bref, dans lequel il est facile de se laisser entraîner, et qui n'a pas fini de déployer et d'étirer ses facettes alors que l'on referme le livre.
En résumé : un beau livre, …
La nouvelle de ce livre est proposée dans un ouvrage qui constitue un objet d'art à part entière : illustrée par Philippe Aureille, publiée sur du papier cartonné, elle voit son texte s'adapter formellement à des illustrations couvrant parfois la majeure partie des deux pages, déclinant diverses représentations intrigantes ou déroutantes de bois et d'oeil(s) qui vous fixent.
L'histoire en elle-même se lit avec plaisir et curiosité. Elle emprunte aux registres du conte et de la légende pour donner la parole à une ombre, laquelle entreprend de bousculer les représentations communes que la personne à laquelle elle s'adresse partage avec les lecteurices. Le court récit est ciselé et poétique, un récit à tiroirs malgré son format très bref, dans lequel il est facile de se laisser entraîner, et qui n'a pas fini de déployer et d'étirer ses facettes alors que l'on referme le livre.
En résumé : un beau livre, dans tous les sens du terme (sur le fond comme sur la forme).
Il n'y a rien de plus commun qu'une ombre, rien de plus anonyme. Une ombre n'a pas de visage, pas de personnalité, pas de caractère et aucune volonté hormis celle de servir au mieux son double matériel. Elle y consacre sa vie et ne reçoit rien en retour. Rares sont ceux qui sont reconnaissants à l'égard de leur ombre, même s'il leur arrive d'avoir de la gratitude pour celle d'autrui sous un soleil de plomb. Les hommes opposent souvent l'ombre à la lumière dans leur ignorance de notre vraie nature. Nous craignons les ténèbres plus que toute autre chose au monde. Penser que l'ombre préfère l'obscurité, c'est oublier qu'elle disparaît à la nuit tombée. Laisse-moi te confier un grand secret. Les ombres grandissent le soir pour faire peur aux ténèbres. Elles se renforcent au crépuscule jusqu'à devenir des spectres colossaux pour s'engager dans un combat sans merci qui fait rage depuis la création.
Puisque la plupart des gens sont incapables de comprendre pourquoi quelqu'un abandonnerait les privilèges et les pouvoirs masculins pour devenir une femme relativement impuissante et démunie sur le plan social, elles et ils imaginent que le but principal des femmes trans est d'acquérir le seul pouvoir censé appartenir aux femmes dans notre société : la capacité à séduire les hommes et à exprimer leur féminité.
— Manifeste d'une femme trans et autres textes de Julia Serano (Page 61)
En préparant le livre qui deviendra Trois guinées, Virginia Woolf écrivit dans son carnet, en guise de titre : "Glossaire" ; car elle avait dans l'idée de réinventer la langue anglaise, pour raconter une histoire différente en ayant recours à une structure nouvelle. L'un des termes de ce glossaire est 'héroïsme', dont la définition est : "Botulisme." Quant à 'héros', dans le dictionnaire de Virginia Woolf, il signifie "Bouteille". Le héros comme bouteille... sévère réévaluation. Pour ma part je proposerai ici la bouteille comme héros. Pas seulement la bouteille de gin ou de vin, mais au sens plus général de "contenant", objet qui renferme autre chose.
— Comment écrire de la SF après la fin du monde ? de Ursula K. Le Guin, Ketty Steward, Saul Pandelakis, et 3 autres (Page 59)
Extrait de : "Le fourre-tout de la fiction, une hypothèse", par Ursula K. Le Guin (1986), traduction par Hélène Collon pour le recueil Danser au bord du monde publié par les éditions de l'Éclat en 2020.
Texte plus connu en France sous le titre "La théorie de la fiction-panier", et qui gagne toujours autant à être lu et relu !
Après les légendes arthuriennes, Jean-Laurent Del Socorro s'intéresse avec ce roman aux mythes nordiques et tout particulièrement à cette fin du monde prophétisée qu'est le Ragnarök. Avec l'Edda en toile de fond dont des extraits parsèment le récit en lui insufflant une dimension lyrique, il livre une réécriture mythologique qui emprunte avant tout un registre intime et émotionnel, où, si la violence guerrière de l'univers dépeint reste omniprésente, le récit ne s'y réduit absolument pas. Derrière l'enjeu du Ragnarök annoncé qui constituera la bataille finale de l'histoire, le roman se déploie autour d'histoires vécues, histoires de pertes, de deuils, de regrets et de temps désormais écoulé, révolu, laissant place à des souvenirs qui eux-mêmes paraissent bien fragiles dans les mémoires faillibles des protagonistes. Humain·es, mais aussi dieux·éesses, se retrouvent ainsi confronté·es, chacun·e à leur manière à leur finitude. Cela confère au récit une tonalité douce amère, où la plume sensible …
Après les légendes arthuriennes, Jean-Laurent Del Socorro s'intéresse avec ce roman aux mythes nordiques et tout particulièrement à cette fin du monde prophétisée qu'est le Ragnarök. Avec l'Edda en toile de fond dont des extraits parsèment le récit en lui insufflant une dimension lyrique, il livre une réécriture mythologique qui emprunte avant tout un registre intime et émotionnel, où, si la violence guerrière de l'univers dépeint reste omniprésente, le récit ne s'y réduit absolument pas. Derrière l'enjeu du Ragnarök annoncé qui constituera la bataille finale de l'histoire, le roman se déploie autour d'histoires vécues, histoires de pertes, de deuils, de regrets et de temps désormais écoulé, révolu, laissant place à des souvenirs qui eux-mêmes paraissent bien fragiles dans les mémoires faillibles des protagonistes. Humain·es, mais aussi dieux·éesses, se retrouvent ainsi confronté·es, chacun·e à leur manière à leur finitude. Cela confère au récit une tonalité douce amère, où la plume sensible et poétique de l'auteur s'exprime à merveille. La dynamique qui s'installe au sein du groupe bigarré que forment peu à peu les personnages rassemblés au fil de l'histoire fonctionne tout particulièrement bien, confortant l'investissement des lecteurices.
En résumé, une réécriture personnelle et souvent touchante des mythes nordiques qui trouve le bon équilibre et une tonalité propre pour une jolie réappropriation de ces légendes.
Nous devons prendre nos distances avec l'idée que « femme » et « homme » sont deux sexes « opposés », parce qu'adhérer à ce mythe induit de dangereuses conséquences. Car, si les hommes sont grands, alors les femmes doivent être petites, et si les hommes sont censés être forts, alors les femmes doivent être faibles. Et si être butch signifie être solide comme un roc, alors être fem sous-entendrait être souple et influençable, et si être un homme signifie avoir le contrôle de sa vie et de sa propre condition, alors être une femme signifie vivre en fonction des attentes et des besoins des autres.
— Manifeste d'une femme trans et autres textes de Julia Serano (Page 41)
Il portait sur son visage cette fatigue qui est propre aux bons médecins. Sur leurs traits on voit, comme en transparence, les douleurs de leurs patients, on devine que ce sont les confidences de leurs malades qui courbent leurs épaules et que c’est le poids de ce secret et de leur impuissance qui ralentit leur démarche et leur élocution.
— Le pays des autres de Leïla Slimani (Le pays des autres, #1) (49%)
Elle aimait bien la jeune Mathilde, sa nervosité et sa maladresse. Elle avait été émue d’entendre le récit que la jeune femme lui avait fait de sa vie. Mathilde avait dit : « Je n’ai pas d’autre choix que la solitude. Dans ma position, comment voulez-vous que nous ayons une vie sociale ? Vous n’imaginez pas ce que c’est d’être mariée avec un indigène, dans une ville comme celle-là. » Corinne avait failli lui répondre qu’il n’avait pas toujours été facile d’être mariée avec un juif, un métèque, un apatride et d’être une femme sans enfants. Mais Mathilde était jeune et Corinne pensait qu’elle ne comprendrait pas.
— Le pays des autres de Leïla Slimani (Le pays des autres, #1) (47%)
Quand on accepte que des femmes portent des vêtements « d'homme » mais qu'on émet un diagnostic psychiatrique de travestissement fétichiste sur tout homme portant des vêtements « de femme», ce n'est pas de la transphobie – c'est de la trans-misogynie. Quand les organisations et manifestations féministes ou lesbiennes ouvrent leurs portes aux hommes trans mais pas aux femmes trans, ce n'est pas de la transphobie – c'est de la trans-misogynie.
— Manifeste d'une femme trans et autres textes de Julia Serano (Page 33 - 34)
Dans la lignée du texte de James Baldwin "La prochaine fois le feu", l'auteur nous fait part de la peur qui habite les noirs aux USA. La peur de perdre son corps, unique bien, soumis au bon vouloir des Blancs, des maîtres, des esclavagistes qui ont fondé la réussite de leur pays sur cette domination. Il y explique à son fils son parcours, ses expériences à lui personnelles mais aussi celles de tous ceux qui sont issus de ce passé esclavagiste qui a duré plus de 250 ans et qui s'est poursuivi sous d'autres formes ensuite, qui perdure, car le Blanc ne veut pas perdre ce qui fait de lui le maître d'un monde bâti sur l'exploitation du corps noir avec le sang, le viol, la torture et la mort. Ce livre ne s'adresse pas à nous, mais bien à tous ceux qui sont issus de ce passé d'esclaves pour …
Dans la lignée du texte de James Baldwin "La prochaine fois le feu", l'auteur nous fait part de la peur qui habite les noirs aux USA. La peur de perdre son corps, unique bien, soumis au bon vouloir des Blancs, des maîtres, des esclavagistes qui ont fondé la réussite de leur pays sur cette domination. Il y explique à son fils son parcours, ses expériences à lui personnelles mais aussi celles de tous ceux qui sont issus de ce passé esclavagiste qui a duré plus de 250 ans et qui s'est poursuivi sous d'autres formes ensuite, qui perdure, car le Blanc ne veut pas perdre ce qui fait de lui le maître d'un monde bâti sur l'exploitation du corps noir avec le sang, le viol, la torture et la mort. Ce livre ne s'adresse pas à nous, mais bien à tous ceux qui sont issus de ce passé d'esclaves pour qu'ils puissent marcher la tête haute et réclamer leur place. Le monde ne peut changer que si les Blancs prennent conscience de la domination qu'ils continuent malgré tout à exercer sur d'autres dominés, qu'ils soient noirs ou arabes, ou femmes par exemple.
Le théâtre symbolique c'est bien joli dans les images, ça donne de jolies formules, mais en fin de compte les enjeux et les personnages filent entre les doigts et même si on comprend qu'il se passe des choses graves on n'est pas particulièrement inquiet. (Peut-être qu'une inculture religieuse me fait prendre le récit trop au premier degré et m'empêche de lire dans les sous-couches, alors je vous conseille tout de même d'essayer, après tout c'est très très court)