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Livres de Leito

Lectures en cours

Défi lecture pour 2025

93% terminé ! Leito a lu 75 sur 80 livres.

a publié une critique de Demande à la poussière par John Fante

John Fante: Demande à la poussière (French language, 1986)

Dans les années trente, Arturo Bandini, fils d' immigrés italiens, quitte le Colorado pour l'Eldorado, …

Demande à la poussière

Une des meilleures préfaces que j'ai lu. Bukowski sait comment donner envie de lire un livre : il a lu toute la bibliothèque municipale, des classiques à la géologie et la chirurgie, et ne trouve plus rien qui l'intéresse jusqu'à-ce que…

Arturo Bandini est un paumé, désespérant et touchant à la fois, s'imaginant des futurs glorieux (le plus grand écrivain que la Terre ait porté) tout en sabotant inlassablement son présent. Un gars qui a eu du talent et désespère de le retrouver, qui tombe amoureux sans pouvoir s'empêcher d'être odieux. Mais qui finit par faire son chemin et porter un regard de plus en plus juste sur celles et ceux qui l'entourent, sans avoir réellement le pouvoir de les extraire à la poussière du désert.

J'ai peu de choses à dire sur ce livre sinon qu'il aura été une très belle expérience de lecture et m'a ouvert la porte …

a publié une critique de Jack Barron et l'Eternité par Norman Spinrad

Norman Spinrad: Jack Barron et l'Eternité (Paperback, French language, J'ai lu)

À ma gauche, Jack Barron, présentateur vedette, empêcheur de tourner en rond et pourfendeur des …

Jack Barron et l'Éternité

Un roman de science-fiction bien dans son époque (fin des années 60) : - une misogynie très marquée où le personnage secondaire féminin ne se sent exister et "vraiment femme" qu'une fois qu'elle porte le nom de l'homme qu'elle aime, et où les femmes de manière générale sont attirées par l'expression du pouvoir au point d'en ressentir de fortes pulsations sexuelles - une vision très pessimiste de la condition des noirs américains (dans des descriptions à la Chester Himes) où, bien qu'on soit dans un récit d'anticipation, un politicien afro-américain ne peut même pas imaginer candidater à la présidentielle (au mieux être l'homme de l'ombre) - et surtout, puisque c'est le sujet principal du roman : les médias comme quatrième pouvoir capables de tenir tête aux tout-puissants milliardaires qui contrôlent jusqu'à la tête de l'état (mais pas l'émission la plus regardée de la télévision) Donc il serait difficile de parler …

a publié une critique de Entre fauves par Colin Niel

Colin Niel: Entre fauves (Paperback, ROUERGUE)

Martin est garde au parc national des Pyrénées. Il travaille notamment au suivi des derniers …

Entre fauves

Un bon polar mêlant les points de vue et les temporalités pour faire tendre tout le récit vers son climax. On navigue entre les Pyrénées et la Namibie via quatre voix (dont celle plus fugace d'un lion) et deux timelines successives mais racontées en parallèle pour faire monter la mayonnaise. C'est habile et bien structuré. C'est aussi très documenté, mais parfois un poil démonstratif de ce point de vue : le registre, mais surtout le vocabulaire spécifique/spécialisé, est adapté à chaque narrateur, ce qui est agréable et intéressant, mais on a parfois l'impression de fourrage de termes techniques ou de mots en langue locale pour faire "authentique" (je l'ai senti sur des précisions incongrues concernant la pratique du ski de rando, un autre le sentira dans la manière de parler du jeune berger Himba). Donc c'est à la fois appréciable (on aime les auteurs qui fouillent leur sujet) et un …

Robert Louis Stevenson: Le Maître de Ballantrae (Paperback, French language, Flammarion)

Ce roman d'aventures, qui commence en Écosse en 1745, entraîne le lecteur sur les champs …

Le Maître de Ballantrae

Un bon vieux roman d'aventures centré autour de la figure d'un personnage hors du commun (dans ce cas un homme dénué de morale et de scrupules, même vis-à-vis de sa propre famille, l'incarnation du mal dont rien ne laisse espérer une possible rédemption). Il y a du drame, de la tragédie, du mystère, on voyage d'un bout à l'autre du monde, il y a des pirates et un trésor, des duels et des trahisons… Le roman est présenté comme une histoire vraie, la publication sans modification d'un manuscrit récupéré par un ami de l'auteur (dans lequel est aussi inclus, en poupée russe, le manuscrit d'un autre personnage pour des évènements auxquels le narrateur n'a pas assisté personnellement). La lecture se précise donc au fur et à mesure qu'on apprend à connaître notre narrateur, l'intendant du domaine des Durie, qui se contente de consigner les évènements sans prétention littéraire, si ce …

a publié une critique de Personne ne sort les fusils par Sandra Lucbert

Sandra Lucbert: Personne ne sort les fusils (French language, 2020)

De mai à juillet 2019 se tient le procès France Télécom - Orange. Sept dirigeants …

Personne ne sort les fusils

Un essai court mais brillant qui aborde le problème du néolibéralisme par la langue (le langage), démonte, traduit et réécrit un discours aux conséquences réelles et dramatiques (ici la vague de suicides et dépressions chez France Télécom-Orange). Une approche puissante qui invente ses propres termes pour penser le capitalisme en-dehors des termes qu'il a imposé. C'est donc via la littérature que Sandra Lucbert nous permet de comprendre les faits dans toute leur absurdité morbide (quasiment une ré-objectivisation des faits, déformés par la novlangue des accusés et des médias derrière eux). Une lecture plus laborieuse sur la fin tant le style prend d'importance, mais personnellement j'étais porté par le réquisitoire contre le flow tant tout le livre m'a paru reformuler de manière juste et percutante des pensées personnelles plus ou moins latentes.

a publié une critique de La chair est triste hélas par Ovidie

Ovidie: La chair est triste hélas (Paperback, Français language, 2023, Julliard)

« J’ai repensé à ces innombrables rapports auxquels je m’étais forcée par politesse, pour ne …

La chair est triste hélas

Un livre très intéressant et percutant, qui se lit vite. Ovidie explique le pourquoi et le comment de sa grève du sexe à partir de son expérience toute personnelle, mais qui dans les trois premiers quarts a largement une portée universelle. D'une certaine manière, elle permet de poser des mots sur beaucoup de non-dits sur la place du sexe au sein d'un couple hétérosexuel, de cristalliser des pensées qui ont pu nous traverser l'esprit. Sur la fin, elle aborde davantage la question de l'amour, et malgré l'évocation rapide de ce qu'elle estime comme sa vie amoureuse actuelle (pour résumer grossièrement : les amis et la famille), il y a une certaine tristesse dans le texte et une forme de résignation : elle ne veut pas tomber amoureuse d'un homme pour toutes les raisons expliquées depuis le début du livre et plus encore, mais elle ne s'autorise pas non plus à …

a publié une critique de Glamorama par Bret Easton Ellis

Bret Easton Ellis: Glamorama (Paperback, Français language, 10-18)

De New York à Paris, le narrateur, Victor Ward, ne sait plus distinguer la réalité …

Glamorama

Un personnage/narrateur profondément antipathique, au cerveau complètement grillé par la jet-set, les drogues et l'alcool. Et d'autant plus antipathique que ses pensées sont un flot infini de name-dropping et de noms de marques de mode dans lequel il est facile de se noyer, d'autant plus quand on n'a pas la moitié des références, même si c'est très efficace pour illustrer cet univers en vase clos, obsédé par son image, où tout le monde se connaît et où il est essentiel de connaître tout le monde. Tout ça pour dire que ce roman commence quand même par une bonne mixture pas facile à avaler (même les dialogues peuvent épuiser tant personne ne s'écoute, tout se répète, chacun semble parler en parallèle des autres). Mais comme je faisais confiance à l'auteur, j'ai pris mon mal en patience, et je me suis autorisé à lire un peu en diagonale quand les paragraphes n'étaient …

a publié une critique de Chanson douce par Leïla Slimani

Leïla Slimani: Chanson douce (Paperback, français language)

"Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de …

Chanson douce

Un des points forts de ce roman est de s'ouvrir sur sa fin glaçante, qui distille ensuite son horreur tout le long de la lecture sans que Leïla Slimani ait besoin de forcer le trait. Au contraire, elle a une écriture très directe, ne s'encombre pas de formules de style et laisse la psychologie des personnages au lecteur qui parcourt tout le récit en cherchant des raisons au spectacle effroyable du premier chapitre, quitte à tirer des conclusions hâtives. Hyper intéressant la manière dont un couple de classe moyenne se met à avoir des attitudes de grands patrons vis-à-vis de la nounou (qui prend vite un rôle de domestique), et comment la critique sociale peut se glisser dans des petits détails qui révèlent l'hypocrisie des personnages. C'est d'ailleurs cette facette du roman qui m'a intéressé, plus que le côté déséquilibre mental un peu vague qui justifie l'escalade de la violence.

a publié une critique de La Modification par Michel Butor

Michel Butor: La Modification (Paperback, français language, 1957, Les Editions De Minuit)

Dès la première phrase, vous entrez dans le livre, ce livre que vous écrivez en …

La Modification

Incroyable roman le temps d'un Paris-Rome en train et les divagations du personnage qui nous mènent dans d'innombrables autres Paris-Rome passés, dans des souvenirs de Paris avec sa femme et ses enfants, dans ceux de Rome avec son amante, puis ceux de la fois où son amante est venue à Paris et ceux où il sont allés à Rome avec sa femme... et enfin (ce qui est le cœur de la Modification) tout au long du trajet, l'anticipation des évènements qui l'attendent à son arrivée à Rome, la projection dans un futur sans cesse en mouvement comme le train qui nous y emmène. Une écriture très plaisante, du réalisme ultra-descriptif et minutieux parsemé de petits joyaux, avec une attention particulière pour les reflets et les ombres qui se voilent et se dévoilent.. Comme une tentative d'épuisement du simple compartiment de train, mais écrite à la deuxième personne du singulier pour …

a publié une critique de Le voleur par Catherine Webb (La maison des Jeux, #2)

Catherine Webb: Le voleur (Paperback, français language, 2022, Le Bélial')

Bangkok, 1938. Remy Burke, membre madré de la Haute Loge, qu'il pratique depuis un demi …

La Maison des Jeux T2 - Le Voleur

Je trouve vraiment l'idée d'impliquer le lecteur en tant que témoin "réel" de la partie en cours (avec une quasi-omniscience qui pose la question de notre réelle identité) très plaisante et mieux exploitée dans ce tome que dans le premier. Choisir un jeu en apparence plus inoffensif, aussi, créé une tension différente et davantage de surprise quand on imagine ou qu'on comprend ce que signifie vraiment jouer à échelle humaine et avec de vrais enjeux (celui du personnage principal est glaçant). On jubile à l'idée de ce que seraient dans ces conditions un Monopoly, un Cluedo ou une bataille navale. En parallèle de l'intrigue principale, et en gardant en tête quelques éléments du premier tome, se dessine une partie encore plus grande et toujours plus mystérieuse qui donne, là encore, très envie de savoir la suite.

a publié une critique de Le serpent par Catherine Webb (La maison des Jeux, #1)

Catherine Webb: Le serpent (Paperback, français language, 2022, Le Bélial')

Venise, 1610. Au cœur de la Sérénissime, cité-monde la plus peuplée d'Europe, puissance honnie par …

La Maison des Jeux T1 - Le Serpent

D'entrée de jeu la narration nous prend à parti, nous désignant comme des observateurs discrets mais toujours présents des évènements à venir. On ne sait pas exactement qui nous sommes, mais c'est à travers nos yeux qu'on suit l'intrigue, à travers notre regard forcément subjectif qu'on reconnaît tel trait chez un personnage ou chez un autre. L'univers de la Maison de Jeux est très intéressant et intriguant, mais l'autrice décide de ne le dévoiler qu'au compte-goutte, de laisser planer un (épais) voile de mystère qui peut être frustrant (ou inviter à lire les suites). D'autant plus quand, comme moi, c'est beaucoup la construction de l'univers en jeu, son organisation, sa logique et son histoire (son imaginaire, on pourrait dire) qui m'amènent vers ce genre de lectures, davantage même que l'intrigue. L'intrigue de ce premier tome est d'ailleurs assez intéressante, sans pour autant porter de grande surprise (à mon goût), et …

a publié une critique de La Folle Allure par Christian Bobin

Christian Bobin: La Folle Allure (Paperback, French language, Gallimard)

« Il nous faut mener double vie dans nos vies, double sang dans nos coeurs, …

La folle allure

C'est un avis vraiment personnel, mais il y a des choses qui m'ont empêché de rentrer dans ce livre. Déjà, c'est un ersatz de Romain Gary version Ajar, sans jamais taper aussi juste. Écrire des phrases définitives ("la vie c'est..." "la grâce c'est...") mais décalées (un glissement du sens qui révèle autre chose, ce qui est propre à Gary/Ajar), ne suffit pas. Ce n'est pas parce qu'il y a une formule qui interpelle que ça dit quelque chose. Ce n'est pas parce qu'un personnage parle ou pense comme un enfant (ou l'image qu'on s'en fait) que c'est poétique, que c'est "léger" et qu'il y a du "cœur". Ce qui me gêne le plus, peut-être, c'est cette vision de la folie comme un pur état poétique, comme si c'était une simple position non-conformiste, un choix d'artiste face au monde pour le rendre plus beau (tout ça en citant Artaud...). L'autre problème …

a publié une critique de Pierrot mon ami par Raymond Queneau

Raymond Queneau: Pierrot mon ami (Français language, Gallimard)

«Ce silence, cette nuit, ces rues étroites, tout disposait Pierrot à ne penser à rien …

Pierrot mon ami

Un petit Queneau qui ne fait pas de mal sans devenir une lecture inoubliable pour autant. À réserver aux fans (dont je suis) ou à ceux qui cherchent une lecture courte sans prise de tête. Toujours avec ses paumés sympathiques dans un Paris mi-XXe siècle bien dans son jus et son langage.

a publié une critique de Deux filles nues par Luz

Luz: Deux filles nues (Hardcover, français language, 2024, Albin Michel)

Tout commence en 1919 dans une forêt en bordure de Berlin. Otto Mueller peint Deux …

Deux filles nues

Fauve d'or au Festival d'Angoulême 2025 Luz fait le pari de dessiner tout l'album du point de vue d'un tableau, à travers ses "yeux". Ainsi ce n'est pas l'esthétique de l'œuvre, ou sa critique dans un cadre d'histoire de l'art qui est en jeu. C'est pour raconter ce qui fait la "vie" d'une oeuvre, et comment celle-ci est révélatrice de l'époque qui l'a vue naître. L'album est très intelligent, jamais entravé par ses contraintes de cadre/case fixe et l'immobilité prolongée du narrateur-tableau. Au contraire, c'est dans des moments comme chez le collectionneur juif et tout ce qui se passe par sa fenêtre que se passent le plus de choses et qu'on comprend - sans aucun mot - l'horreur nazie qui se propage dans les rues jusqu'à pénétrer l'intimité des foyers.