Critiques et Commentaires

Antoine Chambert-Loir

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A rejoint ce serveur il y a 1 année, 2 mois

Apprenti mathématicien, professeur à l'université Paris Cité Apprenti musicien (batterie, tablas) Apprenti lecteur (romans, essais, poésie… en français ou en anglais)

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Giorgio Bassani: Le jardin des Finzi-Contini (Paperback, français language, 1975, Gallimard) 5 étoiles

Comme les nouvelles des Lunettes d’or, Le Jardin des Finzi-Contini peint la société provinciale italienne. …

Une tragédie moderne

5 étoiles

Si la 4e de couverture met en scène l'apparition de Micòl au narrateur, une scène lumineuse, tout le livre converge vers sa disparition, son refus de cette liaison amoureuse, et sa déportation et sa mort. Mais ça on le savait au tour début du livre, comme dans une tragédie grecque. Restait à apprendre comment, et laisser son cœur s'emplir peu à peu de nostalgie et de tristesse. Un livre magnifique où les émotions humaines ne dissimulent jamais leur ambiguïté.

Giorgio Bassani: Le jardin des Finzi-Contini (Paperback, français language, 1975, Gallimard) 5 étoiles

Comme les nouvelles des Lunettes d’or, Le Jardin des Finzi-Contini peint la société provinciale italienne. …

J'ai vu le film en ayant à peine commencé le livre. De fait, le film ignore la première partie du livre, et également son prologue. Mais surtout, il efface toute l'ambiguïté des relations entre ce groupe de jeunes, en particulier certain sous texte homosexuel qui me semble pourtant évident lorsque le narrateur découvre le studio d'Alberto Finzi-Contini. Et qu'Helmut Berger aurait sans difficulté pu rendre...

Giorgio Bassani: Le jardin des Finzi-Contini (Paperback, français language, 1975, Gallimard) 5 étoiles

Comme les nouvelles des Lunettes d’or, Le Jardin des Finzi-Contini peint la société provinciale italienne. …

Un livre tombeau, disent les critiques. J'achète ce livre un peu par hasard, parce que j'ai vu le film passer sur Arte, parce que la thématique était clairement la montée en puissance du fascisme dans l'Italie des années 30. Et puis je vois que le thème est plus fin encore, comment la bourgeoisie juive de Ferrare a ignoré cette montée en puissance, parce que ce n'était pas si pire, jusqu'à sa propre perte. Le prologue est glaçant. L'arrivée de Micol dans le roman apporte une lumière que le film rend plutôt bien même si chez de Sica, le jeu de Dominique Sanda donne à Micol un côté un peu futile.

Leonardo Sciascia, Mario Fusco: La disparition de Majorana (Paperback, 2012, Allia) Aucune note

« Les morts se retrouvent ; seuls les vivants peuvent disparaître. » Leonardo Sciascia.

Un drôle de récit que cette Disparition de Majorana. Le texte est très bien écrit, mais les enjeux étranges, on voudrait qu'elle fût liée à un refus du physicien de « toucher » à l'arme atomique, mais ce n'est pas vraiment dit non plus, et la controverse qui a suivi la publication de ce récit voudrait démontrer le contraire. Et puis quelqu'un qui déciderait, comme ça, de quitter le monde des vivants sans pour autant rejoindre celui des morts, c'est assez inquiétant ; parce que c'est une décision qui doit être maintenue longtemps (ad vitam…).

a terminé la lecture de Neige par Anna Kavan

Anna Kavan: Neige (français language, 2013, Cambourakis) Aucune note

Quelque chose en elle appelait la tyrannie et la terreur, et elle corrompait mes rêves, …

Alors que le monde meurt sous une implacable vague de glace, apparemment provoquée par une guerre nucléaire, un homme poursuit une femme qu'il avait connue auparavant. Le livre frappe par le caractère absurde de la quête, et l'anonymat universel qui le traverse. Rien n'a de nom, ni les gens, ni les villes, ni les pays.

a terminé la lecture de Kallocaïne par Karin Boye

Karin Boye: Kallocaïne (Moutons électriques) Aucune note

Un roman dystopique glaçant. On pense à 1984, mais il a été écrit presque 10 ans plus tôt, et par une femme.

Dans un monde où plus rien nevoys appartient, un chimiste découvre une espèce de sérum de vérité par lequel même vos pensées seront criminelles. L'occasion de régler des comptes ? C'est sans compter, peut-être, les angoisses intimes que le régime totalitaire de l'État mondial n'a pu abolir totalement.

Cécile Wasjbrot: Destruction (Paperback, Le bruit du temps) Aucune note

Une femme qui a consacré sa vie à lire ou à écrire se trouve soudain …

J'avais acheté ce livre il y a quelques années. Le hasard du calendrier faut que je ne l'ai commencé que dimanche dernier, au soir de cette dissolution surprise, pour le finir maintenant. Métaphore d'une semaine où le paysage politique français semble s'être bouleversé.

Semaine après semaine, une femme, écrivaine, confie à un inconnu ses impressions, ses émotions, alors qu'une dictature fascisante a pris le pouvoir.

Le titre du roman, Destruction, désigne les destructions matérielles auxquelles se livre le nouveau pouvoir, en particulier ces bâtiments anciens, rasés un à un. Les disparitions inexpliquées. Mais aussi la suppression de tout signe du passé, au nom d'un impératif de bonheur. Et la suppression glaçante de toute dialogue. C'est-à-dire qu'excepté ce « blog sonore », plus personne ne se parle dans ce livre, ou presque.

C'est un roman dominé par une écrasante solitude, y compris dans les rares interactions humaines qu'il décrit, jusque dans …

Steven Levitsky, Daniel Ziblatt: How Democracies Die (2019) 4 étoiles

Un livre important qui décrit l'effondrement d'un certain nombre de démocraties en Europe et Amérique du sud. Écrit au début de la présidence de Trump, l'enjeu était explicitement de prévenir une issue similaire. L'élection de Biden indique que cette perspective sombre n'a pas eu lieu. Malheureusement, la situation en 2024 suggère que le match retour se prépare, qu'il se joue déjà dans de nombreux États, et sans fair play. Écrit en 2018, ces aspects se devinent dans le livre (notamment parce que les auteurs montrent que la polarisation extrême du Parti républicain date plutôt de 1965 que de Trump, avec une accélération depuis les années 1980 et Reagan) y compris le refus de l'élection de 2020 (ils contestaient déjà l'éventualité d'un échec en 2016), mais l'obstination du GOP nous laisse désemparés.

a terminé la lecture de Katie par Michael McDowell (Bibliothèque Michael McDowell)

Michael McDowell, Jean Szlamowicz: Katie (français language, Monsieur Toussaint Louverture) 4 étoiles

Lorsqu’en 1871, la désargentée et intrépide Philomela Drax reçoit une lettre de son richissime grand-père …

Ça se passe entre Philadelphie et Boston, en 1871. Beaucoup de gentils passent un mauvais quart d'heure, souvent leur dernier, les très méchants sont très très méchants et très très très punis à la fin, les un peu méchants un peu punis, et les très très gentils jouent joliment leur rôle jusqu'au bout. Une lecture facile et agréable.

a terminé la lecture de Souvenirs d’un futur radieux par José Vieira (Collection Brûle-frontières)

José Vieira: Souvenirs d’un futur radieux (Paperback, français language, Chandeigne) Aucune note

En 1965, à 7 ans, José Vieira. quitte le Portugal pour la France avec sa …

En cent et quelques pages, José Vieira mêle le récit de son enfance, fils d'un forgeron portugais du bidonville de Massy, les jeux, la lutte contre le froid, la boue, le feu,... à des réflexions plus évidemment politiques, sur le déracinement, la honte d'être à part, et la façon dont, en Europe, les pauvres sont privés de leur liberté de se déplacer. C'étaient les Portugais, ce sont les Roms. La langue est souvent recherchée, poétique, parfois vive, toujours précise, jamais plaintive. Un beau livre tout en humanité pour nous rappeler justement à notre devoir d'humanité.

a commencé la lecture de Souvenirs d’un futur radieux par José Vieira (Collection Brûle-frontières)

José Vieira: Souvenirs d’un futur radieux (Paperback, français language, Chandeigne) Aucune note

En 1965, à 7 ans, José Vieira. quitte le Portugal pour la France avec sa …

Un livre acheté le 25 avril 2024 pour célébrer la chute du régime de Salazar au Portugal. J'y découvre, probablement parce que mes yeux ne voulaient pas voir, la réalité de l'exil, la misère du bidonville à deux pas de là où je vis aujourd'hui, la tristesse du déracinement, mais aussi l'espoir d'un moment meilleur.