s_mailler a cité Nouvelles du Front par Marine Tondelier
Le FN est devenu une boule à facettes capable de renvoyer à chacun le rayon de lumière dont il avait besoin pour se sentir rassuré.
— Nouvelles du Front de Marine Tondelier (Page 79)
Entre catalyseur de savoirs, passeur de compétences et ouvreur scientifique, j'aspire à l'exploration littéraire des futurs possibles, sans totalement exclure l'exploration future de possibles littéraires.
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Le FN est devenu une boule à facettes capable de renvoyer à chacun le rayon de lumière dont il avait besoin pour se sentir rassuré.
— Nouvelles du Front de Marine Tondelier (Page 79)
La bouche pleine de pâtisseries et de pistaches au safran, les femmes parlaient entre elles de leur vagin ; d’abord en gloussant et en rosissant, puis avec naturel. Elles se confiaient, donnaient des détails sur sa taille et sa souplesse, s’apitoyaient sur les dégâts causés par les accouchements successifs. Peu à peu, prenant de l’assurance, elles glissèrent vers les frontières clandestines, dévoilèrent la manière dont il réagissait, ce qu’il préférait, attendait, espérait, mais avec le sérieux de savants échangeant leurs appréciations sur les possibilités d’une matière perfectible. Tant qu’elles parlaient de leur vagin, gardant les maris et leur instrument dans le hors-champ des convenances, elles ne parlaient pas de leur sexualité, vous comprenez. Elles prenaient soin de rester dans la zone grise de l’observation empirique, à des kilomètres de leur mariage, de la moiteur nocturne de leur chambre à coucher, là où elles pouvaient être libres sans risquer rumeurs, colportages et déshonneurs. Maniant à merveille l’art persan de l’hypocrisie, elles veillaient à ce que pas un souffle de ce vent libertaire ne se glisse dans l’oreille conservatrice de leur mari. Qui sait de quoi un homme est capable s’il apprend ce qui se trame dans la tête et le bas-ventre de la population féminine qui habite sous son toit ? Mieux valait les laisser continuer leur vie, comme toujours en parallèle, engoncés dans la certitude confortable de tout maîtriser.
— Désorientale de Négar Djavadi (28%)
@ploum@mamot.fr Et c'est confirmé : il me faut un t-shirt et un polo. ;)
@ploum@mamot.fr Pour compenser, et pour essayer de rendre à cet ouvrage l'hommage qu'il mérite, je vais m'essayer à une critique… Cela va me prendre un peu de temps, mais elle apparaîtra sur la page Bookwyrm du livre.
D'une dystopie à l'autre, il va falloir me rendre à l'évidence : c'est un style que j'affectionne particulièrement. Ce sont en effet souvent des réflexions sur nous-mêmes, à la fois intelligentes et distrayantes.
Ici, l'IA vue de l'intérieur.
Les premières pages semblent cependant montrer que le lecteur risque d'être emmené un peu plus loin qu'annoncé...
Serait-ce l'influence de ma lecture précédente ? J'ai l'impression de commencer le préquel de #bikepunk.
C'est parti. Gardons bras et jambes à l'intérieur.
Le livre dévoré en quelques jours à peine, c'est avec regret que je quitte l'univers de Gaïa et Thy. Ce fut un vrai régal !
J'avais beau déjà connaître et apprécier l'œuvre de @ploum@mamot.fr, j'ai été surpris --- très agréablement surpris --- par la qualité de l'intrigue, la portée de la réflexion technopolitique sous jacente, le rythme de la narration, la fluidité du style... En résumé : de la très bonne science fiction, à classer dans le rayon dystopie.
Merci Ploum, et bravo 👏
Nous croyions échanger entre humains, mais nous ne faisions qu'envoyer nos correspondances à es algorithmes automatiques qui les agrégeaient pour ensuite produire du contenu idéal, affichant sur nos écrans les messages ayant la plus grande probabilité d'accroître notre consommation.
Incapables de communiquer sans algorithmes interposés, les humains étaient prisonniers, condamnés à l'abrutissement solitaire.
Une minorité s'en rendit compte et décida de lutter. Ses membres tentèrent, pour la millième fois de l'histoire, de réinventer la communication entre humains, de nous avertir.
Personne ne les entendit. Personne ne les remarqua. Leurs messages n'avaient, après tout, qu'une trop faible probabilité d'augmenter notre consommation.
Un sac sur le dos ou sur la selle, les humains s'aventuraient parfois hors des villes. Pour quelques heures ou quelques jours, les immeubles laissaient la place aux arbres, le chant des oiseaux remplaçait le bruit des voitures La solitude des paysages se substituait aux conversations incessantes.
Malgré l'épuisement la saleté et la puanteur un énorme sourire traversait le visage de celleux qui rentraient chez iels les muscles douloureux et le corps couvert d' écorchures.
"Rien", répondaient-iels à celleux qui leur demandaient quel équipement moderne connecté leur avait le plus manqué durant l'expédition. À la question "Alors, c'était bien?", la langue se trouvait démunie pour répondre autrement que par un regard lointain .
Un regard qui se portait déjà sur la prochaine aventure.
Touchant résumé du besoin parfois irrépressible d'être ce #bikepunk.
Au moins temporairement.
@fresseng Oh merci ! 😀
Et du coup, je prends connaissance de Alvin Toffler :
« En 1970 dans ’Le Choc du futur’, ils écrivent : « le choc du futur est le stress et la désorientation provoqués chez les individus auxquels on fait vivre trop de changements dans un trop petit intervalle de temps. » Ces changements qui nous dépassent sont de trois types … »
@masek@infosec.exchange C'est le problème avec les dystopies. Merci ! Je ne connaissais pas.
Découvert sur Mastodon grâce à @masek@infosec.exchange : infosec.exchange/@masek/113479726515005142
J’ai déjà lu Printeur et Stagiaire au Spatioport Omega 3000 et autres joyeusetés que nous réserve le futur de ploum alors, forcément, quand j’ai su qu’il publiait un nouveau roman, et qu’en plus ce roman parlerait de vélo, je me suis précipité ^^
Enfin non. D‘habitude, je vous fais le pitch mais pour m’éviter de trop vous en dire (je ne voudrais pas être accusé de divulgachage), je vais tricher et commencer par vous proposer la quatrième de couverture :
Vingt ans après le flash, la catastrophe qui a décimé l’humanité, la jeune Gaïa n’a qu’une seule solution pour fuir l’étouffante communauté dans laquelle elle a grandi : enfourcher son vélo et pédaler en compagnie de Thy, un vieil ermite cycliste. Pour survivre dans ce monde dévasté où toute forme d’électricité est impossible, où les cyclistes sont pourchassés, où les jeunes femmes fécondes sont très recherchées, Gaïa et Thy ne …
J’ai déjà lu Printeur et Stagiaire au Spatioport Omega 3000 et autres joyeusetés que nous réserve le futur de ploum alors, forcément, quand j’ai su qu’il publiait un nouveau roman, et qu’en plus ce roman parlerait de vélo, je me suis précipité ^^
Enfin non. D‘habitude, je vous fais le pitch mais pour m’éviter de trop vous en dire (je ne voudrais pas être accusé de divulgachage), je vais tricher et commencer par vous proposer la quatrième de couverture :
Vingt ans après le flash, la catastrophe qui a décimé l’humanité, la jeune Gaïa n’a qu’une seule solution pour fuir l’étouffante communauté dans laquelle elle a grandi : enfourcher son vélo et pédaler en compagnie de Thy, un vieil ermite cycliste. Pour survivre dans ce monde dévasté où toute forme d’électricité est impossible, où les cyclistes sont pourchassés, où les jeunes femmes fécondes sont très recherchées, Gaïa et Thy ne pourront compter que sur leur maîtrise du guidon.
Je vais juste vous donner quelques éclaircissements dont j‘estime qu’ils ne vous seront pas préjudiciables si vous décidez de lire ce roman : ce fameuw « flash » qui a décide l’humanité, c’est une catastrophe, technologique, qui a détruit les objets électroniques, fait exploser les moteurs thermiques, et rendu aveugle l‘humanité (temporairement pour les plus jeunes, définitivement pour les autres). Outre les nombreux morts directes et indirectes, cette catastrophe a évidemment provoqué un grand effondrement.
J’étais curieux de ce roman. Parce que Ploum, parce que le vélo, parce que c’est un très bel objet, mais auss parce que je me questionne sur l’effondrement à venir, effondrement dont j’entrevoyais les conséquences dans la quatrième. Que je vous le dise tout de suite : je n’ai pas été déçu :)
Je n’ai pas d’affect pour la voiture (et, d’ailleurs, je n’ai pas de permis de conduire), je suis particulièrement conscient de l’impact néfaste sur l’environnement de notre société de consommation en général et de la société de la bagnole en particulier. Pour toutes ces raisons, je ne pouvais qu’aimer ma lecture et, évidemment, c’est bien ce qu’il s‘est passé. C‘est à la fois léger et intelligent, sans donner de leçons ni faire plus de morale que nécessaire.
J’ai dit que l’objet était beau : j’ai beaucoup aimé la mise en page comme le contenu de tous les « extraits des chroniques du flash » qui viennent s’intercaler entre les chapitres. C’est à la fois un moyen d’expliquer au lecteur ce qu’il s’est passé après le flash, mais aussi une bonne manière de critiquer notre société actuelle, en exposant ses faiblesses. Je vous en propose trois extraits :
Toute technologie vient avec son questionnement : en sommes-nous le maitre ou l’esclave ? Est-ce un progrès ou un affaiblissement ? Avec l’avion, le train et la voiture, l’humanité avait inventé la téléportation. Elle ne se déplaçait plus que d’un aéroport à une gare ou à une sortie d’autoroute. Les paysages n’étaient plus que des décors vaguement pittoresques aperçus depuis les abords de stations d’essence toutes identiques. Le piéton devient une espèce réduite à se déplacer vers ou depuis une place de parking. Marcher un kilomètre entre deux points n’était même plus envisageable tant le territoire entre les routes semblait inconnu, hostile. Il fallut plusieurs semaines voire, dans certains cas, plusieurs mois, aux survivants pour arriver à marcher sans regarder à droite et à gauche sur ce qui était autrefois des routes. Une incroyable portion du territoire avait jusque là été interdite aux piétons, cyclistes et autres humains. Dès notre plus jeune âge, il nous était inculqué que la route qui passait devant notre maison était dangereuse, sans pitié. La route était d‘ailleurs la première cause de mortalité chez les enfants et les adolescents. Bâties dans l’optique de nous relier, les routes nous séparaient, nous cloisonnaient. Leur dangerosité était telle que les parents préféraient conduire leurs enfants en voiture plutôt que de les laisser marché le kilomètre ou deux qui les séparaient de leur école.
Le genre littéraire de la SF post-apocalyptique n’est pas un genre facile. J’ai aimé comment l’auteur décrit l’état de la certaines sociétés humaines, de manière nuancée, et globalement positive. On est 20 ans après une catastrophe majeure, mais c’est néanmoins un roman plutôt feel good (mais sans angélisme non plus). En fait, c’est une fable écolo. La réponse, et la manière de se préparer au grand effondrement, c’est évidemment le vélo mais c’est aussi la sobriété, la décroissance, la solidarité… Le flash, quelque part, ce n’est rien d’autre que de l’écologie punitive !
Je laisse le mot de la fin à Ploum, via une citation extraite de sa postface :
Je ne crains pas la fin du monde, j’ai un vélo !
Avec l'avion, le train et la voiture, l'humanité avait inventé la téléportation. Elle ne se déplaçait plus que d'un aéroport à une gare ou à une sortie d'autoroute. Les paysages n'étaient plus que des décors vaguement pittoresques aperçus depuis les abords de stations d'essence toutes identiques.
Le piéton devint une espèce réduite à se déplacer vers ou depuis une place de parking. Marcher un kilomètre entre deux points n'était même plus envisageable tant le territoire entre les routes semblait inconnu, hostile.
En témoigne la rareté des parkings à vélo, en comparaison de la profusion des parkings (à voitures, mais cela va malheureusement sans dire).
@csantosb @fresseng@bw.heraut.eu @fresseng@fediscience.org @ploum
Il semble que la perfection soit atteinte non quand il n'y a plus rien à ajouter, mais quand il n'y a plus rien à retrancher.
― Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes, 1939
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"La complexité incarne, dans l’histoire de l’humanité, le premier symbole de la décadence. Les nouveaux problèmes ne sont plus résolus en tentant de les analyser, mais en ajoutant une couche de complexité au-dessus d’anciennes solutions déjà trop compliquées".
Tout simplement génial @ploum.