Ameimse a terminé la lecture de Foodistan par Ketty Steward

Foodistan de Ketty Steward
« Pour le dire clairement, mes parents et mes grands-parents sont nés dans la ville souterraine de Hungerland, persuadés, comme …
Amatrice de littératures de l'imaginaire (science-fiction, fantasy, fantastique). Lit principalement en VF, parfois en VO anglophone.
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« Pour le dire clairement, mes parents et mes grands-parents sont nés dans la ville souterraine de Hungerland, persuadés, comme …
Une présentation par l'autrice sur son site : "Racines n'est pas autobiographique, mais c'est un sujet qui me concerne de près ! J'ai toujours eu un rapport très compliqué avec mes cheveux frisés. Petite, je les détestais : je les trouvais moches et trop difficiles à coiffer. Comme beaucoup de femmes aux cheveux frisés / crépus, j'ai passé une grande partie de ma vie à essayer de les lisser pour correspondre aux normes. Depuis que je les accepte au naturel, j'ai envie d'en parler pour sensibiliser à ce sujet méconnu puisqu'il touche une double minorité : les femmes et les personnes racisées." Source
[Résumé éditeur] Toujours à la poursuite des Démons Invisibles, responsables de la mort de ses parents, Andrea Cort se rend …
Deuxième aventure de Danielle et de son groupe de désormais ami·es, "Les morts possèderont la terre" reprend exactement là où on avait laissé tout le monde à la fin de "L'agneau égorgera le lion" (bw.heraut.eu/book/69902/s/lagneau-egorgera-le-lion). Désormais en fuite suite aux événements précédents, l'équipe atterrit dans une petite ville étatsunienne qui se révèle rapidement être le terrain parfait pour s'exercer à la magie et à la mise à jour des usages sombres du surnaturel.
Comme la première aventure, "Les morts possèderont la terre" se lit à nouveau d'une traite. On y retrouve ce cocktail assez caractéristique des oeuvres de Margaret Killjoy (du moins, les trois que j'ai pu lire) : un scénario rythmé parsemé de quelques scènes intenses, une plume claire, versatile dans les tonalités investies, où les traits d'humour côtoient le tragique, et enfin, une faculté à distiller au fil du récit un propos politique invitant, dans une …
Deuxième aventure de Danielle et de son groupe de désormais ami·es, "Les morts possèderont la terre" reprend exactement là où on avait laissé tout le monde à la fin de "L'agneau égorgera le lion" (bw.heraut.eu/book/69902/s/lagneau-egorgera-le-lion). Désormais en fuite suite aux événements précédents, l'équipe atterrit dans une petite ville étatsunienne qui se révèle rapidement être le terrain parfait pour s'exercer à la magie et à la mise à jour des usages sombres du surnaturel.
Comme la première aventure, "Les morts possèderont la terre" se lit à nouveau d'une traite. On y retrouve ce cocktail assez caractéristique des oeuvres de Margaret Killjoy (du moins, les trois que j'ai pu lire) : un scénario rythmé parsemé de quelques scènes intenses, une plume claire, versatile dans les tonalités investies, où les traits d'humour côtoient le tragique, et enfin, une faculté à distiller au fil du récit un propos politique invitant, dans une perspective anarchiste, à la réflexivité sur des thématiques chères à l'autrice, sur la justice, la gestion de groupe ou encore l'amour. Et puis, dans cette novella, en bonus spécial, il y a la mise en scène d'une bibliothèque occulte anarchiste.
En résumé, une lecture enthousiasmante, trop courte sans doute - j'aurais aimé passer plus de temps aux côtés de cette équipe à laquelle je me suis attachée.
Je reviens un peu dans le temps, dans le fil des publications de la nouvelle collection RéciFs chez Argyll consacrée aux novellas, après la lecture du dernier récit publié, "Les morts posséderont la terre" de Margaret Killjoy. Si le concept de "Foodistan" de Ketty Steward, au croisement des genres, m'avait intriguée lors de sa sortie, c'est la lecture de la dernière newsletter de l'autrice, largement consacrée au café et aux boissons qu'elle peut boire, dans la lignée de la nouvelle qu'elle vient de publier sur le site de Reporterre : reporterre.net/Decouvrez-Le-Temps-d-un-cafe-la-fiction-inedite-de-Ketty-Steward-pour-Reporterre, qui a ramené Foodistan tout en haut de ma pile à lire. En avant donc pour une exploration gustativo-littéraire.
Désormais en cavale, Danielle Cain et son équipe d’apprentis chasseurs de démons atterrissent à Pendleton, dans le Montana, après un …
Ce très long roman a été écrit par un auteur que j'ai pu écouter lors d'une table-ronde sur le genre "solarpunk". J'ai vraiment été transportée dans ce monde d'après radieux, où l'humanité connait enfin une sévère décroissance au sein d'une société que je qualifierais d'altermondialiste et communiste libertaire, basée sur la théorie du salaire à vie de Bernard Friot. Lire cette œuvre m'a consolée et donné de l'espoir, une véritable bouffée d'air frais au milieu d'un quotidien anxiogène et d'un futur désirable incertain. Beaucoup des thématiques qui me tiennent à cœur dans mes lectures y sont abordées : les relations amoureuses libres, l'écologie, l'art et le travail, le logement, la nourriture, la famille et l'éducation, et d'ailleurs, il y a pas mal d'écriture inclusive, ça ça fait très plaisir aussi. Bref, j'ai beaucoup de trop de choses intéressantes à lister à propos de cette histoire, mais je m'arrêterai là pour …
Ce très long roman a été écrit par un auteur que j'ai pu écouter lors d'une table-ronde sur le genre "solarpunk". J'ai vraiment été transportée dans ce monde d'après radieux, où l'humanité connait enfin une sévère décroissance au sein d'une société que je qualifierais d'altermondialiste et communiste libertaire, basée sur la théorie du salaire à vie de Bernard Friot. Lire cette œuvre m'a consolée et donné de l'espoir, une véritable bouffée d'air frais au milieu d'un quotidien anxiogène et d'un futur désirable incertain. Beaucoup des thématiques qui me tiennent à cœur dans mes lectures y sont abordées : les relations amoureuses libres, l'écologie, l'art et le travail, le logement, la nourriture, la famille et l'éducation, et d'ailleurs, il y a pas mal d'écriture inclusive, ça ça fait très plaisir aussi. Bref, j'ai beaucoup de trop de choses intéressantes à lister à propos de cette histoire, mais je m'arrêterai là pour terminer : je sors de cette lecture très inspirée, et je la garde encore au creux de mon cœur, comme boussole pour l'avenir.
Le programme d'euthanasie des personnes handicapées était déjà à I'œuvre quand Asperger affirma que, si la plupart des autistes méritaient de mourir, ceux d'entre eux qui possédaient une capacité exceptionnelle de concentration pouvaient servir aux nazis (peut-êre en devenant des casseurs de code, ou des hyperconcentrés utiles au projet fasciste). Des recherches récentes ont révélé qu'Asperger avait signé des papiers pour que des enfants âgés d'à peine deux ans soient envoyés au Spiegelgrund pour y être tués ! En d'autres termes, il était l'un des principaux rouages du système de sélection des personnes "dignes" de vivre ou de mourir --- un système qui allait bientôt se transformer en une machine génocidaire pour tous ceux que l'idéal aryen déciderait d' exclure.
Pour Edith Sheffer, cela entache non seulement le diagnostic du syndrome d'Asperger, mais aussi, potentiellement, le diagnostic beaucoup plus large du trouble du spectre autistique qu'Asperger a tant contribué à façonner. Ses écrits mettent en évidence que ses travaux relevaient bien moins de la science médicale que de la pensée fasciste, la création de la race aryenne exigeant la soumission à la "pensée groupale" suprémaciste nazie. L'affirmation d'Asperger selon laquelle l'absence de "Gemüt" dans l'autisme en faisait une pathologie était donc une façon hautement idéologique de définir la normalité comportementale. Il ne diagnostiquait en réalité rien de moins qư'un déficit de fascisme, ou, comme l'écrit Edith Sheffer : "Il revenait ainsi aux pédopsychiatres nazis comme Asperger d'évaluer le caractère d'un enfant [à l'aune des] normes du régime."
En distinguant ses "petits professeurs" du reste des autistes et en affirmant qu'eux seuls méritaient d'être sauvés, Asperger a créé la distinction très controversée entre "autisme de haut niveau" et "autisme de bas niveau". Tel est son héritage : déclarer un petit groupe d'enfants neuroatypiques supérieurs à leurs pairs, tout en participant à un système qui envoyait à la mort ceux qui ne présentaient pas cet avantage concurrentiel.
— Le Double de Naomi Klein (Page 282 - 283)
Merci Naomi Klein ! J'apprends beaucoup dans ce livre. Je comprends aussi beaucoup. Cet extrait en est l'un des principaux reflets. Quelle claque, moi qui ne connaissait rien de cet aspect du soit disant syndrome d'Asperger ! A lire et relire par tous ceux qui côtoient des personnes neuro-atypiques. Et elles sont beaucoup plus nombreuses qu'elles ne veulent le croire.
Edel Rodriguez est un illustrateur qui a réalisé plusieurs Unes marquantes, représentant un Trump stylisé - bouche hurlant, ou décapitant la statue de la Liberté (Times, Die Spiegel...). Même si ce n'est pas le cœur ni la finalité de l'ouvrage, la narration donne à voir comment l'auteur en est venu à créer de telles images. Le récit, autobiographique, est également documentaire et lève un voile sur les conditions de vie des Cubains sous la coupe du régime castriste. En ce début d'année 2025, c'est sidérant d'actualité : pour les parallèles entre le président américain actuel et un régime autoritaire reconnu comme tel ; pour ce que s'exiler signifie de détermination, de souffrances, d'humiliations, d'abnégation. Le style graphique est particulièrement réussi (une très grande homogénéité de couleurs : noir, rouge, gris, kakis).
Une jolie fable où l’humanité s’hybride progressivement avec les arbres. On partage les émotions des personnages, peut lorsque de premiers bébés naissent avec quelques branches, puis on cède progressivement à l’émerveillement. J’ai beaucoup aimé les dessins de Marion Besançon, son invention de nouvelles créatures mi-humaines mi-arbres.
Pour y résister, il faut prendre conscience du danger qui nous menace collectivement, et en comprendre les ressorts. C'est l'objet de la première partie de ce court essai. L'autrice s'y emploie à lever le voile de la respectabilité dans lequel tentent de se draper le --- ou les --- partis d'extrême droite en France, à travers des exemples concrets ; et comment leurs idées diffusent en deçà de cette extrême frontière de l'échiquier politique. Le plus troublant, dans cette première partie, est la comparaison des violences d'extrême droite, en regard des violences d'origine islamiste, quant à leur intensité, leur nombre, et les traitements médiatiques et politiques qui leur sont réservés. C'est tout un pan d'une menace terroriste qui est largement sous-évalué.
La deuxième partie analyse la stratégie employée par l'extrême droite pour continuer sa progression dans l'opinion publique. Elle se déploie en trois volets, trois batailles, complémentaires : médiatique, …
Pour y résister, il faut prendre conscience du danger qui nous menace collectivement, et en comprendre les ressorts. C'est l'objet de la première partie de ce court essai. L'autrice s'y emploie à lever le voile de la respectabilité dans lequel tentent de se draper le --- ou les --- partis d'extrême droite en France, à travers des exemples concrets ; et comment leurs idées diffusent en deçà de cette extrême frontière de l'échiquier politique. Le plus troublant, dans cette première partie, est la comparaison des violences d'extrême droite, en regard des violences d'origine islamiste, quant à leur intensité, leur nombre, et les traitements médiatiques et politiques qui leur sont réservés. C'est tout un pan d'une menace terroriste qui est largement sous-évalué.
La deuxième partie analyse la stratégie employée par l'extrême droite pour continuer sa progression dans l'opinion publique. Elle se déploie en trois volets, trois batailles, complémentaires : médiatique, sémantique et numérique. Quel est l'intérêt pour des milliardaires, en France comme ailleurs, d'investir de grosses sommes dans des journaux, radio et télévisions dont la rentabilité est parfois flageolante ? Leur contrôle. Le contrôle de l'espace médiatique assure une influence certaine à son propriétaire. La deuxième bataille, sémantique, est un concept qui est également abordé par Naomi Klein dans Le double : c'est une bataille pour vider les mots de leur sens, pour rendre inopérantes les armes du langage nécessaires pour expliciter la duperie à l'œuvre, tout en s'efforçant de diffuser les marqueurs extrémistes, éventuellement vide de sens, vers des franges initialement moins extrêmes de la droite de l'échiquier politique. Deux mots apparus récemment sont exemplaires en la matière : woke et islamo-gauchisme. Le sens du premier est tout à fait imprécis. C'est ce flou qui fait sa force. Il en devient inattaquable : personne ne peut transpercer un fantôme. Le deuxième, composé, associe deux concepts entre lesquels aucun lien n'a été démontré, transportant ainsi de lourds sous-entendus sans néanmoins prêter le flanc à une possible critique constructive. La troisième bataille, numérique, comprend la bataille des réseaux sociaux, comme le détaille David Chavalarias dans Toxic Data. C'est aussi la bataille de la désinformation, cruciale et difficile, car la désinformation est extrêmement lucrative, monétairement et politiquement, qu'elle passe par les réseaux sociaux ou par d'autres médias numériques à l'apparence soignée.
La troisième et dernière partie redonne de l'espoir en détaillant les possibilités et le mode d'emploi de la Résistance. Elle commence par reprendre Stéphane Hessel en insistant sur la nécessité de conserver notre capacité d'indignation malgré les nombreux et récurrent appels à la responsabilité, sans laquelle l'ordre établi, favorable à l'extrême droite, ne saurait perdurer. Indignons-nous, donc, face au péril ! Et cessons de considérer l'extrême droite comme un interlocuteur comme les autres, à l'exemple de la Wallonie, qui a su la maintenir à distance des grands médias, et ainsi de la sphère politique influente. Non, ce n'est pas une opinion, un parti, comme les autres : son histoire est bien trop chargée. Résister, c'est ainsi informer, combattre la désinformation par l'information : informer ses proches, convaincre, partager… et soutenir la diversité des médias, notamment indépendants, tellement mise à mal aujourd'hui. Dernier volet : le lien, la société. Les personnes qui sont passées de l'autre côté du miroir, pour reprendre l'expression de Naomi Klein ont parfois eu de bonnes raisons pour le faire, comme elle l'explique bien. Elles ne méritent pas toutes notre mépris : ne pas les exclure a priori est essentiel. Recréons du lien, faisons société, expliquons, débattons, explicitons.
Résister est une lecture courte, efficace, percutante, qui permet de prendre conscience des transformations en cours, en France et ailleurs, de comprendre leurs ressorts, et d'envisager d'y résister, pour retrouver espoir.
Désormais en cavale, Danielle Cain et son équipe d’apprentis chasseurs de démons atterrissent à Pendleton, dans le Montana, après un …
Voilà bien une lecture sur laquelle je peine à mettre des mots, des qualificatifs, qui rendraient justice à l'expérience littéraire fascinante, grisante même, que m'a fait vivre ce roman. Comme l'annonce au fond son titre, Agrapha se vit en tant que livre... peut-être plus qu'il est possible d'écrire à son propos. Et l'intrigue est à découvrir en le lisant. Alors, sans doute, je peux commencer simplement par partager mon enthousiasme : j'ai adoré ce que l'oeuvre a su me faire ressentir en tant que lectrice. Puis, si j'essaie de rassembler quelques idées, je dirais qu'Agrapha est une oeuvre à part de plein de façons différentes. C'est une expérience (pluri)linguistique et narrative. Une source de questionnements constants sur ce qui est lu et sur la manière dont il faut recevoir et comprendre les différents matériaux rassemblés, pour certains, fragments qui ont traversé les siècles. Explorant les frontières du sensible, l'oeuvre teste …
Voilà bien une lecture sur laquelle je peine à mettre des mots, des qualificatifs, qui rendraient justice à l'expérience littéraire fascinante, grisante même, que m'a fait vivre ce roman. Comme l'annonce au fond son titre, Agrapha se vit en tant que livre... peut-être plus qu'il est possible d'écrire à son propos. Et l'intrigue est à découvrir en le lisant. Alors, sans doute, je peux commencer simplement par partager mon enthousiasme : j'ai adoré ce que l'oeuvre a su me faire ressentir en tant que lectrice. Puis, si j'essaie de rassembler quelques idées, je dirais qu'Agrapha est une oeuvre à part de plein de façons différentes. C'est une expérience (pluri)linguistique et narrative. Une source de questionnements constants sur ce qui est lu et sur la manière dont il faut recevoir et comprendre les différents matériaux rassemblés, pour certains, fragments qui ont traversé les siècles. Explorant les frontières du sensible, l'oeuvre teste les limites des cadres conceptuels à partir desquels les lecteurices du XXIe siècle peuvent appréhender et comprendre le monde. C'est aussi une expérience hors ou par-delà les genres, déstabilisant ce qui est censé séparer des catégories contemporaines qui sont renvoyées à leur caractère artificiel : l'historique et le fantastique, le fictif et le réel... En nous plongeant dans le haut Moyen Âge occidental, les thèmes traités qui s'entremêlent sont aussi particulièrement riches et d'actualité : il est question de place des femmes dans la société, de rapports au vivant, d'affranchissement de hiérarchies sociales...
Il y a sans doute autant de lectures d'Agrapha qu'il y a de lecteurices. En ce qui me concerne, je ne suis pas sortie indemne de cette expérience de littérature.