À quoi peut ressembler une révolution au XXIe siècle ?
Vingt ans après un bouleversement …
Imaginer la révolution du XXIe siècle : une histoire orale de la Commune de New York
5 étoiles
"Tout pour tout le monde" est une fiction chorale construite sur un format narratif particulier : elle se présente comme une suite d'entretiens, où, de façon rétrospective, chaque interlocuteurice relate son parcours en répondant à des questions pour évoquer comment iel a traversé et participé, à son échelle, aux bouleversements qu'a connu le XXIe siècle. En effet, dans ces décennies futures ainsi dépeintes, à partir des années 2030, les catastrophes climatiques et les crises du système capitaliste ont accompagné la remise en cause des modèles d'organisation autour desquelles s'articulaient les sociétés du début du XXIe siècle. Cela a entraîné la fin de l'État-nation (et plus largement de l'État moderne) et a conduit à l'émergence de nouvelles formes, de communisation, de coopération, à une échelle locale - sans pour autant que ces structures ne soient isolées ou enfermées les unes par rapport aux autres, en laissant aussi sa place à la …
"Tout pour tout le monde" est une fiction chorale construite sur un format narratif particulier : elle se présente comme une suite d'entretiens, où, de façon rétrospective, chaque interlocuteurice relate son parcours en répondant à des questions pour évoquer comment iel a traversé et participé, à son échelle, aux bouleversements qu'a connu le XXIe siècle. En effet, dans ces décennies futures ainsi dépeintes, à partir des années 2030, les catastrophes climatiques et les crises du système capitaliste ont accompagné la remise en cause des modèles d'organisation autour desquelles s'articulaient les sociétés du début du XXIe siècle. Cela a entraîné la fin de l'État-nation (et plus largement de l'État moderne) et a conduit à l'émergence de nouvelles formes, de communisation, de coopération, à une échelle locale - sans pour autant que ces structures ne soient isolées ou enfermées les unes par rapport aux autres, en laissant aussi sa place à la technologie. D'ailleurs, tout en étant centré sur New York, le roman permet d'avoir un aperçu plus large de l'ampleur des problématiques qui ont pu être posées au niveau mondial, à travers des témoignages qui évoquent d'autres lieux en Amérique du Nord, mais aussi en Chine ou encore en Palestine.
J'ai beaucoup aimé ce roman pour des raisons diverses. J'ai particulièrement apprécié le choix du format du récit, construit comme un recueil de témoignages, accompagné de réflexions critiques sur ce qu'implique l'idée d'esquisser une histoire orale. Les personnes interrogées sont diverses, de celles ayant vécu les crises et les remises en cause de l'ancien ordre, à celles pour qui le cadre du début du XXIe siècle apparaît lointain et tellement illogique qu'il ne viendrait à l'idée de personne d'envisager une quelconque restauration. En multipliant ainsi les points de vue, laissant une large place à l'intime pour relater des événements considérés comme historiques, les entretiens fonctionnent comme une sorte de kaléidoscope. Ils sont autant de reconstructions biaisées et personnelles, permettant d'entrevoir peu à peu l'ampleur des épreuves traversées, mais aussi des bouleversements et des reconstructions des imaginaires ayant eu lieu. S'opère à merveille un processus de dénaturalisation d'institutions, aujourd'hui évidentes, et désormais présentées comme archaïques, de la propriété à la conception de la famille. Si le roman est déjà particulièrement foisonnant, la diversité des thématiques abordée donnerait envie de voir plus explorés nombre de sujets simplement effleurés au cours d'un entretien (telle, par exemple, la représentation de l'espace). Mais c'est aussi ce qui rend "Tout pour tout le monde" stimulant, déroutant aussi parfois : une immersion brève et dense dans une vie mise en récit par la personne en train de la vivre.
Bref, un roman qui m'a beaucoup plu, dont la lecture ne laisse pas indifférente, ouvrant sur d'autres possibles, invitant à imaginer des alternatives à notre présent.
Sur Ankou, Damian Sabre, le leader des pilotes, veut renouer avec les rêves d'aventure jadis …
Un opéra spatial pour tous public, qui peut être une bonne initiation au genre. Les héroïnes sont sympathiques, les thèmes abordés nombreux et le rythme tient en haleine. Je suis trop vieux pour avoir accroché au style, très accessible et j’ai trouvé certaines ficelles un peu grosses, mais dans l’ensemble c’était une lecture agréable.
Élevé à l’abri des tourments et d’un monde violent, le jeune Perceval tient pourtant à …
Un dernier roman pour conclure les vacances. Après "Trois coracles cinglaient vers le couchant" et "L'ancelot avançait en armes" que j'avais beaucoup aimés, une nouvelle incursion d'Alex Nikolavitch dans les légendes arthuriennes. Elle est cette fois-ci consacrée à Perceval, avec une écriture (des premières pages) toujours aussi pleine de sensibilité.
Two Cheers for Anarchism: Six Easy Pieces on Autonomy, Dignity, and Meaningful Work and Play …
Beaucoup de choses dans ce tout petit livre... Un plaidoyer pour un certain regard, une attention à l'inordonné, au vernaculaire, aux résistances silencieuses, aux choses qui ne se laissent pas comptabiliser... Je posterai des extraits, mais je laisse un peu reposer...
James C Scott était un grand penseur et chercheur, décédé il y a deux semaines. Je le connaissais par proxy, mais un jour j'aurai peut être le courage de me lancer de première main dans ses grandes études (mais l'étude d'anthropo de 500p, c'est moins une lecture de vacances que ce petit texte qui se lit vraiment tout seul : je recommande pour une première approche !)
" Ca marche, c'est tout ", nous dit la publicité pour un smartphone. C'est simple, …
Voici une lecture très intéressante achevée. Un ouvrage effectivement provocateur, qui associe liberté à perte de temps, en contrepoint des injonctions productivistes habituelles. Il montre comment les choix numériques que nous faisons, consciemment ou non, sont des choix politiques et sociétaux, alors que nous les pensons souvent simplement techniques. De manière particulièrement pertinente, l'ouvrage est écrit dans une forme complètement inclusive, point médian et pronom iel compris : c'est aspect formel est à mettre en parallèle avec la question de fond de l'inclusivité de nos sociétés, notamment dans leurs choix numériques. J'avoue avoir entièrement découvert cette partie. Une lecture un peu technique, entre ouvrage culturel et ouvrage scientifique, à recommander pour comprendre comment habiter les lieux numériques du XXIe siècle.
The Laconian Empire has fallen, setting the thirteen hundred solar systems free from the rule …
Finie, la série qui m'a occupée depuis Noël... Un très très beau final, qui tient tous les fils. Vraiment chouette si vous aimez la SF, et à vrai dire, même si vous ne l'aimez pas : on les lit vraiment autant pour les personnages ultra attachants que pour le setting...
" Ca marche, c'est tout ", nous dit la publicité pour un smartphone. C'est simple, …
Éloge du bug, donc, par un collègue de l'université de Montréal, spécialiste de littérature et culture numérique.
En commençant la lecture, je crains un peu d'être le convaincu que l'on prêche, peut-être comme beaucoup sur le Fédivers. L'introduction laisse néanmoins espérer une approche assez originale, où le numérique est mis en lien avec Kafka, Aladin, Sergio Leone, Socrate et Épicure.
La Flotte d’exode est une relique du passé. Constituée des anciens vaisseaux ayant fui la …
La Flotte, ce sont ces immenses vaisseaux dans lesquels les dernièr·es humain·es ont fuit leur planète mourante, et qui orbitent désormais autour d’un soleil sans système planétaire. Les conditions ont créé une société vivant en quasi autarcie : ici, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se recycle. Une société utopique, relativement autogérée, qui ne tient pas par la contrainte mais par la conviction de ses membres que l’entraide et le respect des règles communes est la condition de leur survie.
Pas vraiment d’intrigue ici, mais des tranches de vie, on découvre progressivement le fonctionnement de la société à travers une galerie de personnages.
Comme toujours chez Becky Chambers, c’est doux, optimiste, un peu triste. Contrairement aux deux premiers tomes, c’est plus une société qui est mise en avant, que des personnages, et je suis donc un peu moins entré dans l’histoire, mais je ne l’en ai pas …
La Flotte, ce sont ces immenses vaisseaux dans lesquels les dernièr·es humain·es ont fuit leur planète mourante, et qui orbitent désormais autour d’un soleil sans système planétaire. Les conditions ont créé une société vivant en quasi autarcie : ici, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se recycle. Une société utopique, relativement autogérée, qui ne tient pas par la contrainte mais par la conviction de ses membres que l’entraide et le respect des règles communes est la condition de leur survie.
Pas vraiment d’intrigue ici, mais des tranches de vie, on découvre progressivement le fonctionnement de la société à travers une galerie de personnages.
Comme toujours chez Becky Chambers, c’est doux, optimiste, un peu triste. Contrairement aux deux premiers tomes, c’est plus une société qui est mise en avant, que des personnages, et je suis donc un peu moins entré dans l’histoire, mais je ne l’en ai pas moins adorée.
« Je pense que les temps qui viennent vont être difficiles pour ceux qui voudront …
Ce qui m'importe, ce n'est pas de donner à espérer un monde meilleur en particulier ; c'est, en présentant une réalité de substitution imaginaire mais convaincante, d'ôter de mon esprit, et donc de celui du lecteur, la tentation paresseuse et timorée de considérer notre façon actuelle de vivre comme la seule possible. [...]
L'exercice de l'imagination est dangereux pour ceux qui tirent parti de l'ordre établi parce qu'il a le pouvoir de montrer que l'ordre établi n'est ni permanent, ni universel, ni nécessaire.
Dès lors qu'elle a ce pouvoir réel, bien que limité, de mettre en question les institutions en place, la littérature de l'imaginaire détient aussi une responsabilité. [...]
Nous ne saurons rien de notre propre injustice si nous ne savons pas imaginer la justice. Nous ne serons pas libres si nous n'imaginons pas la liberté. On ne peut exiger de quiconque qu'il tende ses efforts vers la justice et la liberté s'il n'a pas eu l'occasion d'imaginer qu'elles étaient atteignables.
Vrai retour à la lecture de fictions cette semaine, je bouquine aussi en parallèle quelques essais, notamment ce recueil de courts essais et conférences d'Ursula K. Le Guin publié au printemps par les Éditions de l'Eclat.
Ces extraits sont issus de l'essai "Une guerre sans fin. Quelques réflexions écrites par intervalles sur l'oppression, la révolution et l'imagination". L'autrice, en mobilisant notamment Audre Lorde, y ouvre de multiples pistes de réflexion autour des dominations, des résistances et de son positionnement en tant qu'autrice.
New York. Fin des années 1920.
L’un est le Kid Wolf, jeune boxeur talentueux qui …
Histoire d'amour, tatouages magiques, boxe, mafia & lutte des classes
4 étoiles
Des tatouages, de la magie, des combats de boxe, la mafia, des histoires d'amour, le tout avec une toile de fond sociale de lutte des classes dans le New York de la fin des années 20... Le condensé offert par cette novella a de quoi déstabiliser a priori, tant chaque facette aurait pu suffire à porter un récit, tant, aussi, certains de ces thèmes se croisent habituellement peu au sein d'une même histoire. Mais que dire, si ce n'est que le mélange fonctionne !
Le récit alterne entre les points de vue des deux protagonistes principaux, deux jeunes juifs, l'un tatoueur, l'autre boxeur, qui relatent leur histoire a posteriori. C'est donc leur vie qui nous est racontée, laquelle est bouleversée par leur recrutement par une cheffe mafieuse. 'Kid Wolf et Kraken Boy' est une histoire d'amour - leur rencontre et leur romance dans un milieu, les combats de boxe, où …
Des tatouages, de la magie, des combats de boxe, la mafia, des histoires d'amour, le tout avec une toile de fond sociale de lutte des classes dans le New York de la fin des années 20... Le condensé offert par cette novella a de quoi déstabiliser a priori, tant chaque facette aurait pu suffire à porter un récit, tant, aussi, certains de ces thèmes se croisent habituellement peu au sein d'une même histoire. Mais que dire, si ce n'est que le mélange fonctionne !
Le récit alterne entre les points de vue des deux protagonistes principaux, deux jeunes juifs, l'un tatoueur, l'autre boxeur, qui relatent leur histoire a posteriori. C'est donc leur vie qui nous est racontée, laquelle est bouleversée par leur recrutement par une cheffe mafieuse. 'Kid Wolf et Kraken Boy' est une histoire d'amour - leur rencontre et leur romance dans un milieu, les combats de boxe, où cette dernière n'aurait pas dû pouvoir s'épanouir -, mais aussi un récit d'apprentissage, de luttes et d'accomplissement.
Tout au long de la lecture, j'ai éprouvé beaucoup d'empathie pour une narration que j'ai trouvée pleine de sensibilité, tout en étant très prenante grâce à une mise en scène dramatique aussi simple qu'efficace. D'abord en filigrane, puis plus directement, l'histoire invite à la remise en cause de différents cadres de domination au sein de ce New York des années 20, passant finalement du fantastique historique au registre de l'uchronie.
En résumé, une enthousiasmante lecture estivale :)