La mer obsède Valéry. Il aime nager, observer les vagues, l'écume, que l'on retrouve dans …
C'est pourquoi il n'est point de chose insensible qui ait été plus abondamment et plus naturellement personnifiée que la mer. On la dit bonne, mauvaise, perfide, capricieuse, triste, folle, ou furieuse ou clémente ; on lui donne les contradictions, les sursauts, les sommeils d'un être vivant.
Il est presque impossible à l'esprit de ne pas aimer naïvement ce grand corps liquide sur lequel les actions concurrentes de la terre, de la lune, du soleil et de l'air composent leurs effets.
La mer obsède Valéry. Il aime nager, observer les vagues, l'écume, que l'on retrouve dans …
26 septembre
Coucher du soleil. Ciel pur, le disque orange est tangent à l'horizon.
Les personnes qui sont sur la plage se taisent sans savoir pourquoi. Silence de trois minutes.
Impression de solennité de ce passage. Il y a une sensation d'exécution capitale dans la profondeur implicite de cette durée. La tête de ce jour lentement tombe.
Le disque est bu. Quand il disparaît net, un enfant crie : Ça y est ! Chacun semble frappé d'avoir vu l'un de ses jours décapité devant soi.
(Mers - Un phénomène)
Un homme devient soudainement aveugle. C'est le début d'une épidémie qui se propage à une …
Resté seul, comme s'il était lentement étouffé par un nuage lourd qui pesait sur sa poitrine et pénétrait dans ses narines, l'aveuglant par l'intérieur, le médecin émit un gémissement bref, laissa deux larmes. Elles doivent être blanches, pensa-t-il, lui noyer les yeux et couler le long de ses tempes, de part et d'autre de son visage, il comprenait à présent la peur de ses patients quand ceux-ci lui disaient, Docteur, j'ai l'impression de perdre la vue.
Un homme devient soudainement aveugle. C'est le début d'une épidémie qui se propage à une …
Alors, j'entame la lecture de ce livre après avoir déjà lu sa « suite », La Lucidité ( bw.heraut.eu/book/69749/s/la-lucidite ), dont la couverture avait attiré mon attention sur les étagères d'une librairie montpelliéraine. Ce n'est pas grave, j'ai laissé un peu de temps s'écouler avant d'attaquer celui-ci.
Ce roman d'aventures, qui commence en Écosse en 1745, entraîne le lecteur sur les champs …
Le Maître de Ballantrae
4 étoiles
Un bon vieux roman d'aventures centré autour de la figure d'un personnage hors du commun (dans ce cas un homme dénué de morale et de scrupules, même vis-à-vis de sa propre famille, l'incarnation du mal dont rien ne laisse espérer une possible rédemption). Il y a du drame, de la tragédie, du mystère, on voyage d'un bout à l'autre du monde, il y a des pirates et un trésor, des duels et des trahisons…
Le roman est présenté comme une histoire vraie, la publication sans modification d'un manuscrit récupéré par un ami de l'auteur (dans lequel est aussi inclus, en poupée russe, le manuscrit d'un autre personnage pour des évènements auxquels le narrateur n'a pas assisté personnellement). La lecture se précise donc au fur et à mesure qu'on apprend à connaître notre narrateur, l'intendant du domaine des Durie, qui se contente de consigner les évènements sans prétention littéraire, si ce …
Un bon vieux roman d'aventures centré autour de la figure d'un personnage hors du commun (dans ce cas un homme dénué de morale et de scrupules, même vis-à-vis de sa propre famille, l'incarnation du mal dont rien ne laisse espérer une possible rédemption). Il y a du drame, de la tragédie, du mystère, on voyage d'un bout à l'autre du monde, il y a des pirates et un trésor, des duels et des trahisons…
Le roman est présenté comme une histoire vraie, la publication sans modification d'un manuscrit récupéré par un ami de l'auteur (dans lequel est aussi inclus, en poupée russe, le manuscrit d'un autre personnage pour des évènements auxquels le narrateur n'a pas assisté personnellement). La lecture se précise donc au fur et à mesure qu'on apprend à connaître notre narrateur, l'intendant du domaine des Durie, qui se contente de consigner les évènements sans prétention littéraire, si ce n'est l'expression de ses états d'âmes, que ce soit pour fustiger le Maître de Ballantrae, défendre son maître (le frère de ce dernier), ou tenter de justifier son propre comportement selon les circonstances. Cela donne lieu à un certain comique, notamment lorsqu'il tente de mettre en contexte sa lâcheté, ou ses glissements de position par rapport à tel ou tel personnage.
Force est de le constater, nous-mêmes au long du roman sommes balancés entre la fascination et l'effroi envers le cruel Maître de Ballantrae, entre la peine et l'ennui vis-à-vis de son frère victime de ses manigances.
Au début, j'ai pas mal eu besoin de contexte historique (merci les notes de bas de page) n'ayant que peu de connaissances sur le Royaume-Uni du XVIIIe et encore moins sur la guerre civile avec les jacobites. Mais une fois que j'avais compris ce que signifiaient les allégeances de chacun, toute fluides qu'elles fussent, je suis pleinement entré dans le récit de la lutte sans merci entre deux frères que le destin a opposés en un coup de pile ou face.
De mai à juillet 2019 se tient le procès France Télécom - Orange. Sept dirigeants …
Personne ne sort les fusils
5 étoiles
Un essai court mais brillant qui aborde le problème du néolibéralisme par la langue (le langage), démonte, traduit et réécrit un discours aux conséquences réelles et dramatiques (ici la vague de suicides et dépressions chez France Télécom-Orange).
Une approche puissante qui invente ses propres termes pour penser le capitalisme en-dehors des termes qu'il a imposé. C'est donc via la littérature que Sandra Lucbert nous permet de comprendre les faits dans toute leur absurdité morbide (quasiment une ré-objectivisation des faits, déformés par la novlangue des accusés et des médias derrière eux).
Une lecture plus laborieuse sur la fin tant le style prend d'importance, mais personnellement j'étais porté par le réquisitoire contre le flow tant tout le livre m'a paru reformuler de manière juste et percutante des pensées personnelles plus ou moins latentes.
À quinze ans, Michaël fait par hasard la connaissance, en rentrant du lycée, d'une femme …
Le liseur
5 étoiles
Alors, ce livre m'a bouleversé. Et pour ne pas vous retrouver, comme moi, victime de divulgâchage, je vous déconseille, non pas de lire la suite de ce propos – je m'en abstiendrai –, mais de vous renseigner plus avant sur cette lecture. Quoi qu'il en soit, le romancier parvient à merveille à nous plonger dans une situation impossible. Ce livre aborde l'impensable, « l'inhumain », avec humanité, délicatesse, réflexion et une émotion indispensable. Culpabilité, difficulté (impossibilité) d’adopter simultanément les postures de compréhension et de condamnation. Ce roman de Bernhard Schlink parvient à poser des dilemmes moraux, philosophiques (quasi anthropologiques), tout en partageant une sensibilité quasi déconcertante, tant elle ferait croire à une histoire vécue.
Imaginez : vous vous réveillez un matin et vous vous découvrez un second moi, un …
Jadis, l'établissement de médias démocratiques et non commerciaux par le biais d'un audiovisuel public et d'un accès libre aux ondes radiotélévisuelles était au cœur des exigences progressistes. Bien qu'il y ait des groupes de défense des libertés civiles qui s opposent toujours à la censure pratiquée par les entreprises, et des groupes de défense des droits civiques qui luttent pour la "neutralité du Net", les progressistes actuels, pour la plupart, n'ont pas mis la lutte pour une sphère informationnelle démocratique et responsable au centre de leur programme politique. Au contraire, nombre d'entre eux ont joyeusement applaudi aux "déplateformations" décidées par les entreprises, jusqu'à ce qu'ils subissent le même sort.
Naomi Klein met ici en lumière l'un des impensés des plus importants, l'un des points les plus faibles, des progressistes aujourd'hui : l'absence de lutte pour une information, pour des médias sociaux, libres et démocratiques, dégagés des influences partisanes.
Pour preuve : la plupart d'entre eux continuent à communiquer sur X, au risque de voir leurs messages manipulés.
Empruntant son sujet aux tragiques mystères des maisons d'Autriche et de Bavière, Cocteau met face …
L'aigle à deux têtes
5 étoiles
Une intrigue dont on connaît la fin dès les premières pages, mais qui ne cesse de surprendre. Le théâtre de Jean Cocteau est très agréable à lire. Nous voici plongés dans la vie d'une reine qui n’a sans doute jamais espéré gouverner, mais que les protocoles enserrent jusqu’à ce qu’elle trouve en un visiteur inattendu le courage et la volonté de s’en libérer.
« J’ai repensé à ces innombrables rapports auxquels je m’étais forcée par politesse, pour ne …
La chair est triste hélas
4 étoiles
Un livre très intéressant et percutant, qui se lit vite.
Ovidie explique le pourquoi et le comment de sa grève du sexe à partir de son expérience toute personnelle, mais qui dans les trois premiers quarts a largement une portée universelle. D'une certaine manière, elle permet de poser des mots sur beaucoup de non-dits sur la place du sexe au sein d'un couple hétérosexuel, de cristalliser des pensées qui ont pu nous traverser l'esprit.
Sur la fin, elle aborde davantage la question de l'amour, et malgré l'évocation rapide de ce qu'elle estime comme sa vie amoureuse actuelle (pour résumer grossièrement : les amis et la famille), il y a une certaine tristesse dans le texte et une forme de résignation : elle ne veut pas tomber amoureuse d'un homme pour toutes les raisons expliquées depuis le début du livre et plus encore, mais elle ne s'autorise pas non plus à …
Un livre très intéressant et percutant, qui se lit vite.
Ovidie explique le pourquoi et le comment de sa grève du sexe à partir de son expérience toute personnelle, mais qui dans les trois premiers quarts a largement une portée universelle. D'une certaine manière, elle permet de poser des mots sur beaucoup de non-dits sur la place du sexe au sein d'un couple hétérosexuel, de cristalliser des pensées qui ont pu nous traverser l'esprit.
Sur la fin, elle aborde davantage la question de l'amour, et malgré l'évocation rapide de ce qu'elle estime comme sa vie amoureuse actuelle (pour résumer grossièrement : les amis et la famille), il y a une certaine tristesse dans le texte et une forme de résignation : elle ne veut pas tomber amoureuse d'un homme pour toutes les raisons expliquées depuis le début du livre et plus encore, mais elle ne s'autorise pas non plus à aimer de femme (pas de femme plus jeune, par vanité, et pas de plus âgée pour une raison que j'ai oublié, mais je n'ai plus le livre entre les mains). Une vision assez pessimiste.
Plus qu'un manifeste (ce dont elle se défend d'entrée de jeu), ou un projet de société basé sur la grève sexuelle pour l'amélioration des relations homme-femme, ce livre donne une impulsion pour chercher à définir son propre projet de vie amoureuse et sexuelle.