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Anthony

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Défi lecture pour 2025

48% terminé ! Anthony a lu 25 sur 52 livres.

Louis-Antoine de Bougainville: Voyage de Bougainville autour du monde (Paperback, français language, 2006, La Découvrance) Aucune note

Récit du voyage autour du monde depuis le départ de La Boudeuse de Nantes, le …

Telle était notre situation, de souffrir en même temps du passé qui nous avait affaiblis, du présent dont les tristes détails se répétaient à chaque instant, et de l’avenir dont le terme indéterminé était le plus cruel de nos maux. Mes peines personnelles se multipliaient par celles des autres. Je dois cependant publier qu’aucun ne s’est laissé abattre, et que la patience à souffrir a été supérieure aux positions les plus critiques. Les officiers donnaient l’exemple, et jamais les matelots n’ont cessé de danser le soir, dans la disette comme dans les temps de la plus grande abondance. Il n’avait pas été nécessaire de doubler leur paie.

Voyage de Bougainville autour du monde de  (64%)

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a publié une critique de Tout s'effondre par Chinua Achebe

Chinua Achebe: Tout s'effondre (Paperback, français language, 2016, Actes Sud)

Dans le village ibo d'Umuofia, Okonkwo est un homme écouté dont la puissance et le …

Une superbe immersion dans la fin d'un monde

Le livre se décompose en trois parties, la première nettement plus longue que les deux autres. La première partie nous immerge au travers de la vie d'Okonkwo dans un large éventail de traditions et coutumes de son clan : religion, système judiciaire, politique, mariages, coutumes liées à l'enfantement, etc. Cette partie m'a semblé manquer un tout petit peu de liant narratif, mais chaque chapitre étant passionnant par lui-même et pouvant se lire comme une nouvelle, ce n'est absolument pas gênant.

La deuxième partie décrit l'irruption des missionnaires anglicans, puis du reste du système colonial britannique à Umuofia et dans les environs. On retrouve là une narration complètement linéaire (et sans doute ce n'est pas un hasard car on passe, si je me lance dans une interprétation peut-être hasardeuse, du temps cyclique du clan au temps linéaire du prêtre et du colon). L'emprise progressive, d'abord religieuse, puis politique, prise implacablement par …

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Giuliano da Empoli: Le mage du Kremlin (Paperback, français language, 2023, Gallimard)

"Le pouvoir est comme le soleil et la mort, il ne peut se regarder en …

« Il n’y a rien de plus sage que de miser sur la folie des hommes.

— C’est tout à fait ça, Vadim Alexeïevitch. Tu sais pourquoi certaines personnes se ruinent dans les casinos ? Se précipitent dans une spirale dont elles ne réussissent plus à s’extirper ? C’est une question de caractère, bien sûr, ça n’arrive pas à tout le monde. Mais ce ne sont pas des monstres. Eux ne parviennent pas à se contrôler, mais ce vice du cerveau, nous l’avons tous. »

Prigojine s’interrompit. Il prit un portefeuille dans une poche de sa veste et en sortit un billet de cinq mille roubles.

« Regarde ça. Essaye de faire une expérience dans la rue avec un passant quelconque. Offre-lui le billet, ou sinon une chance de cinquante pour cent d’en avoir deux. Tu sais ce qu’il fera ? Je vais te le dire : il prendra le billet de cinq mille. Puis essaye de faire le contraire. Demande à un passant de te donner cinq mille roubles ou sinon de jouer à pile ou face pour savoir s’il devra te donner deux billets ou aucun. Tu sais ce que fera le type cette fois ? Plutôt que débourser tout de suite ses cinq mille roubles, il préférera courir le risque de t’en donner le double C’est absurde, non ? En théorie, celui qui gagne pourrait se permettre de courir un risque par rapport à celui qui perd. Au lieu de ça, les gens font exactement le contraire. Ceux qui gagnent sont plus prudents dans leurs choix, tandis que les perdants jouent le tout pour le tout. »

J’observais Prigojine triomphant ; je commençais à comprendre où il voulait en venir.

« Le cerveau humain est plein de petites failles de ce genre, Les connaitre et en profiter est le métier de celui qui gère un casino. Mais c’est comme ça que fonctionne la politique aussi, non ? Tant qu’on est à l’aise, qu’on a un travail sûr, une belle famille la maison de campagne, les vacances au bord de la mer, la retraite en perspective, on reste tranquille. On fait des choix prudents, on ne veut pas courir de risques. On choisit ce qu’on connaît. Mais, mettons que les choses commencent à aller moins bien. La situation change, le type perd son travail, perd sa maison, il ne parvient plus à voir un avenir, Que fait-il à ce moment-là ? Il joue la prudence ? Pas du tout : il commence à parier comme un fou ! Il préfère le risque inconnu au maintien de sa situation actuelle. C’est là que tout bascule le chaos devient plus attractif que l’ordre, au moins il offre la possibilité de quelque chose de neuf, non ? Un coup de théâtre… C'est alors que les choses deviennent intéressantes. La révolution de 1917, le nazisme sont nés comme ça, si je ne me trompe ? Parce qu’une majorité de personnes a préféré se jeter dans l’inconnu plutôt que de continuer à vivre comme avant. »

Le cuisinier atteignait des sommets philosophiques, mais ses propos étaient loin d’être inintéressants.

« Maintenant, comme je te le disais, poursuivit-il, je ne suis ni un intellectuel ni un expert des relations internationales, mais j’ai l’impression que nous y sommes à nouveau. Les Occidentaux pensent que leurs enfants vivront moins bien qu’eux. Ils voient la Chine, l’Inde et, grâce à Dieu, la Russie faire des pas de géant et eux, rien. Chaque jour qui passe, leur pouvoir se réduit, la situation échappe à leur contrôle, l’avenir ne leur appartient plus.

— Ils sont prêts à faire les choix les plus absurdes. Notre devoir est simplement de les aider.

— Précisément, Vadim Alexeïevitch. Il ne s’agit pas de les battre ou de les obliger, seulement d’accompagner un mouvement qui est déjà en place. C’est ce que comprend très bien le Tsar. Il est comme moi un passionné de judo et en connaît la règle de base : utiliser la force de l’adversaire contre lui. »

Le raisonnement de Prigojine ne faisait pas un pli. Restait simplement à lui donner une application pratique. Mais, sur ce point, j’avais déjà ma petite idée.

Le mage du Kremlin de  (Page 244 - 246)

Passage glaçant, tant la résonance avec la géopolitique de 2025 est forte. Rappelons que Le mage du Kremlin a été publié en 2022. Ce passage se termine avec la promesse d'en savoir plus. J'avoue avoir hésité sur la longueur du texte à vous partager, mais la raison a eu le dessus, tant c'est l'ensemble du chapitre qui est saisissant. Et si cela doit vous inciter à vous procurer ce livre, ma foi, c'est le jeu de Bookwyrm.

Rappelons néanmoins : ce livre est un roman, une œuvre de fiction.

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Richard Matheson: Je suis une légende (French language, 2001)

Robert Neville tente de survivre dans un monde où une pandémie semble avoir transformé toute …

Des vampires au rayon SF

Certains livres ont mal vieilli. Ce n'est pas le cas de Je suis une légende. Écrit en 1954, il ne fait pas ses 70 ans. Le récit est en effet intemporel, mais ce n'est pas ce qui en fait la force principale. Les sujets et préoccupations du présent de 1954, abordés ici par la science-fiction, se retrouvent pour certains avec une préoccupante modernité en notre vingt et unième siècle.

Jugez plutôt. C'est d'une épidémie mondiale dont il est question. Elle n'affecte pas le système respiratoire, comme nos années 2020 auraient pu le suggérer, mais modifie de manière assez importante le comportement des personnes infectées. Elles deviennent en effet nocturnes, fuyant la lumière du jour. Elles se nourrissent quasi-exclusivement de sang, préférentiellement humain. Leurs canines ont tendance à pousser un peu plus que d'habitude. Elles craignent l'ail. Il paraîtrait même qu'elles fuient devant les crucifix et les miroirs. Vous avez …

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Giuliano da Empoli: Le mage du Kremlin (Paperback, français language, 2023, Gallimard)

"Le pouvoir est comme le soleil et la mort, il ne peut se regarder en …

Le jour de notre rencontre, bien que je ne lui aie pas servi une goutte de vodka, Zaldostanoy quitta le Kremlin en état d’ivresse. Ce qu’il ignorait, c’est qu’après lui, j'avais rendez-vous avec le leader d’un groupe de jeunes communistes qui m’avaient frappé par leur vivacité. Ensuite, j'ai rencontré l’intrigante porte-parole d’un mouvement de renaissance orthodoxe. Et après elle, le chef des ultras du Spartak. Et puis le représentant d’un des groupes les plus populaires de la scène alternative. Ainsi, peu à peu, je les ai tous recrutés : les motards et les hooligans, les anarchistes et les skinheads, les communistes et les fanatiques religieux, l’extrême droite, l’extrême gauche et presque tous ceux qui étaient au milieu. Tous ceux qui étaient susceptibles de donner une réponse excitante à la demande de sens de la jeunesse russe. Après ce qui s’était passé en Ukraine, nous ne pouvions plus nous permettre de laisser sans surveillance les forces de la colère. Pour construire un système vraiment fort, le monopole du pouvoir ne suffisait plus, il fallait celui de la subversion. Encore une fois, il s’agissait au fond d’utiliser la réalité comme matériel pour instaurer une forme de jeu supérieur. Je n’avais pas fait autre chose dans la vie que de mesurer l’élasticité du monde, son inépuisable propension au paradoxe et à la contradiction. Maintenant, le théâtre politique qui prenait forme sous ma direction représentait I’accomplissement naturel d’un parcours.

Je dois dire que chacun a joué de bon gré le rôle qui lui avait été assigné. Certains même avec talent. Les seuls que je n'ai pas embauchés étaient les professeurs, les technocrates responsables des catastrophes des années quatre vingt-dix, les porte-drapeaux du politiquement correct et les progressistes qui se battent pour des toilettes transgenres. Ceux-là, j’ai préféré les laisser à l’opposition : en fait, il était nécessaire que l’opposition fût constituée précisément de personnages comme eux. D’une certaine façon, ils sont devenus mes meilleurs acteurs, on n’a même pas été obligés de les engager pour qu’ils travaillent pour nous. De petits Moscovites qui se sentaient en terre étrangère dès qu’ils avaient dépassé le troisième anneau du périphérique, des gens qui n’auraient pas été capables de déplacer un fauteuil — quant à gouverner la Russie… Chaque fois qu’ils prenaient la parole, ils asseyaient notre popularité. Les économistes avec leur morgue de PhD, les oligarques rescapés des années quatre-vingt-dix, les professionnels des droits humains, les pasionarias féministes, les écologistes, les végans, les activistes gays une manne tombée du ciel, pour nous. Quand les filles de ce groupe de musique ont profané la cathédrale du Christ-Sauveur, hurlant des obscénités contre Poutine et le patriarche, elles nous ont fait gagner cinq points dans les sondages.

Le mage du Kremlin de  (Page 212 - 214)

Heureusement que ce livre est un roman, une fiction.

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Nasser Abu Srour: Je suis ma liberté (Paperback, arabe language, 2025, Gallimard)

(Quatrième de couverture de la traduction française)

Incarcéré à perpétuité dans les geôles israéliennes, Nasser …

Métaphysique et humain

Nasser est en prison en Israël depuis 1993. Il nous livre une autobiographie magnifique qui se divise en deux parties. La première nous raconte rapidement sa jeunesse, puis son emprisonnement, et les espoirs toujours déçus de libération. Cette partie nous offre de belles songeries métaphysiques avec des Dieux menteurs ou non, et avec son mur, le compagnon le plus fidèle de sa peine de perpétuité.

La deuxième partie commence avec l'arrivée dans sa vie de Nanna, une jeune avocate, avec laquelle une relation intense et complexe fleurira. Mais cette relation est-elle seulement possible ?

Ce livre m'a beaucoup apporté par les réflexions sur l'enfermement, la liberté, l'amour, qui empruntent des tours et des détours sans jamais devenir pesantes ni ennuyeuses. Je le recommande totalement.

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a publié une critique de La ride par Simon Boileau

Simon Boileau, Florent Pierre: La ride (GraphicNovel, french language, Dargau)

Une « ride » - à prononcer ("raïde"), bien sûr ! - c'est une balade …

mitigé

Cette BD dit des choses assez justes sur l'itinérance à vélo. J'ai peu d'expérience en ce domaine, mais j'ai quand même retrouvé des sensations, des vécus communs, c'est intéressant.

Mais cette bromance entre couilles, là, en 2025, vraiment ?

Ils ont des meufs, il ne sera question d'elles que via un "on a claqué la bise aux copines avant de se barrer" dans une case et voilà.

Bref, vous êtes un mec, vous voulez restez entre couilles dans le milieu du vélo : offrez cette BD à vos amis, faites bien comprendre aux meufs que c'est pas leur monde.

[edit : je suis injuste, il y a d'autres meufs : il y a une case où deux femmes passent sur un tandem, et nos deux héros leur matent le cul. Paye ton féminisme.]

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Anaïs Barbeau-Lavalette: La femme qui fuit (Paperback, French language, 2017, Livre de Poche) Aucune note

Elle s'appelait Suzanne Meloche. Etait aux côtés de Borduas, Gauvreau et Riopelle quand ils signent …

Parce que je suis en partie constituée de ton départ. Ton absence fait partie de moi, elle m’a aussi fabriquée. Tu es celle à qui je dois cette eau trouble qui abreuve les racines, multiples et profondes. Ainsi, tu continues d’exister. Dans ma soif inaltérable d’aimer. Et dans ce besoin d’être libre, comme une nécessité extrême. Mais libre avec eux. Je suis libre ensemble, moi.

La femme qui fuit de 

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Nasser Abu Srour: Je suis ma liberté (Paperback, arabe language, 2025, Gallimard)

(Quatrième de couverture de la traduction française)

Incarcéré à perpétuité dans les geôles israéliennes, Nasser …

En prison, les corps deviennent une pitance pour les murs qui se nourrissent sans cesse de leur chair, jamais repus. Ils deviennent un sujet ennuyeux et pathétique. Ils grandissent, vieillissent, déclinent, perdent le goût de vivre. Ils nous rappellent nos entraves, car rien en nous n'accepte d'être enchaîné à part nos corps.

Je suis ma liberté de  (Page 220)

a publié une critique de Les vagues par Virginia Woolf

Virginia Woolf: Les vagues (EBook, français language, 2015, République des Lettres)

Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Virginia Woolf. Préface et traduction de Marguerite Yourcenar. …

Les Vagues

Plonger dans Les Vagues, c’est nager en eaux troubles. Virginia Woolf nous aura prévenus : c’est son livre le plus difficile. Texte poétique, souffles (flux) de pensées sous forme de monologues qui nous transportent d’une voix à l’autre, parfois pour quelques lignes, plus souvent pour de longs paragraphes, Virginia Woolf ne cherche pas à nous conforter. Une journée, une vie ; Les Vagues est un texte que je n’ai pas cherché à cerner mais qui m’a transporté, c’est indéniable, un texte dont la beauté nous porte sur un fond insaisissable, mouvant comme le sable sous l’effet des remous marins.

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Nasser Abu Srour: Je suis ma liberté (Paperback, arabe language, 2025, Gallimard)

(Quatrième de couverture de la traduction française)

Incarcéré à perpétuité dans les geôles israéliennes, Nasser …

Des cris s'élevèrent à l'intérieur des cellules, alors que l'on continuait à lire des noms. J'avais beau être certain de ne pas figurer sur la liste, j'étais anxieux et tendu. Alors je m'accrochai plus fort à mon mur. « Je ne peux pas tomber, je n'ai nulle part où tomber », me répétais-je, m'efforçant de croire à ce que je disais. La liste de noms prit fin. Tous les cartons d'invitation étaient distribués. Les invités se réjouirent bruyamment. Puis, soudain, ils firent silence. Tous les prisonniers se tenaient dans un entre-deux. Les élus taisaient leur joie de revenir à la vie, les autres faisaient semblant de ne pas être tristes. Chaque camp choisissait ses mots avec précaution. Les uns ne voulaient pas blesser les exclus, les autres ne voulaient pas gâcher la fête. Untel retenait son sourire à la commissure de ses lèvres, en atten- dant de se trouver dans un endroit tranquille où le libérer. Tel autre se forçait à sourire pour féliciter un compagnon, avant de se réfugier dans un coin sombre où personne ne verrait les fantômes qui hantaient son visage.

Je suis ma liberté de  (Page 155)

La peine de perpétuité de l'auteur est ponctuée de phases de libération collective de prisonniers au gré des accords politiques. Il ne fait jamais partie des libérables.