C'est parce que j'avais lu sur Mastodon une note de quelqu'un (qui, d'ailleurs, je ne sais plus) évoquant sa découverte de Claude Simon (Le petit cheval, je crois) que j'ai acheté ce livre à la librairie. Dès les premières lignes, le style m'intrigue, sans m'attraper pour autant, un style qui me rappelle la difficulté et la beauté de celui de Virginia Woolf dans Les vagues, sans non plus que je sache si cette comparaison repose sur quoi que ce soit d'autre que cette double impression.
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Un compte bookwyrm pour y partager/recenser diverses lectures : - des romans de littératures de l'imaginaire (science-fiction, fantasy, fantastique). Lus principalement en VF, parfois en VO anglophone. - des écrits adoptant des perspectives critiques pouvant être féministes, décoloniales, écologiques... - possiblement à l'occasion des livres d'histoire.
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Ameimse a terminé la lecture de Aatea par Anouck Faure

Aatea de Anouck Faure
Navigateur capable de diriger son voilier solaire sur les océans en suspension de la Nuée, Aatea n’en demeure pas moins …

Antoine Chambert-Loir a commencé la lecture de La Route des Flandres par Claude Simon

Bob veut lire Direct Action par David Graeber

Direct Action de David Graeber
Anthropologist David Graeber undertakes the first detailed ethnographic study of the global justice movement. The case study at the center …

Thibaut a terminé la lecture de Rossignol par Audrey Pleynet
Magnifique roman de sf poétique ! Le livre se lit d'un trait et m'a laissé songeur et enjoué. Je pense qu'une seconde lecture s'impose pour saisir toutes les subtilités de l'histoire et mieux appréhender l'univers riche de toutes ses formes de vie subtiles.

Anthony a publié une critique de Les Champs de la Lune par Catherine Dufour
Les Champs de la Lune
4 étoiles
Les Champs de la lune, c'est le journal de bord d'un Être en devenir. Et cela passe notamment par les mots, la rencontre avec l'Autre, le contact avec la Nature, la « sédimentation » des souvenirs. Je suis entré dans le roman comme l'on découvre les chroniques d'un voyageur qui sillonne des mondes inconnus, comme ces aventuriers des siècles passés qui exploraient les us et coutumes d'autres civilisations. Mais Catherine Dufour m'a entraîné bien plus loin : elle gomme ce qui pourrait nous distinguer des autres espèces et y ajoute de nouvelles variantes, comme les célénites (les « soulunaires ») ou les robots. La forme et le style évoluent avec son personnage, El-Jarline, et sous nos yeux, peu à peu, se dessine l'image de l'Humain. Cet ouvrage est pour moi un grand roman de science-fiction, sans doute parce que cette dernière n'est qu'un artifice pour tourner notre regard vers notre …
Les Champs de la lune, c'est le journal de bord d'un Être en devenir. Et cela passe notamment par les mots, la rencontre avec l'Autre, le contact avec la Nature, la « sédimentation » des souvenirs. Je suis entré dans le roman comme l'on découvre les chroniques d'un voyageur qui sillonne des mondes inconnus, comme ces aventuriers des siècles passés qui exploraient les us et coutumes d'autres civilisations. Mais Catherine Dufour m'a entraîné bien plus loin : elle gomme ce qui pourrait nous distinguer des autres espèces et y ajoute de nouvelles variantes, comme les célénites (les « soulunaires ») ou les robots. La forme et le style évoluent avec son personnage, El-Jarline, et sous nos yeux, peu à peu, se dessine l'image de l'Humain. Cet ouvrage est pour moi un grand roman de science-fiction, sans doute parce que cette dernière n'est qu'un artifice pour tourner notre regard vers notre Humanité.

Anthony a cité Les Champs de la Lune par Catherine Dufour
Je regarde le ruisseau qui frise sur l’herbe avant de se jeter dans l’étang. Un pétale blanc se pose, flotte et tournoie. Il traverse l’étang, continue plus loin et disparaît, mais l’eau reste. L’eau est toujours présente, elle fait face en souriant de toutes ses vaguelettes, pourtant elle fuit sans cesse. C’est probablement pour cette raison qu’on la trouve incessamment belle, n’étant ni fuyante comme le présent ni absente comme le passé. Emplie d’un passé immuablement présent, elle figure le temps retrouvé, ce qui fait qu’on ne s’en lasse jamais.
— Les Champs de la Lune de Catherine Dufour (85%)

s_mailler a publié une critique de Quand vient la horde par Aurélie Luong
Un roman très enlevé et très bien construit.
5 étoiles
C'est le premier livre de "dark fantasy" que je lis, et c'est une belle découverte pour moi. Ivan est un paisible paysan du Daesan, une contrée inspirée par la Corée avec des influences impériales d'un pays qui ressemble à la Russie. Sa vie bascule quand il est enlevé et brutalisé par des mercenaires appartenant à la Horde, une milice dirigée par une mystérieuses Putain Blanche. On le suit au cours de ses aventures avec cette troupe ultraviolente, et dans la construction d'une relation subtile et complexe avec Yekaterina, la Putain Blanche.
Le livre tient à la fois de la tragédie et de l'épopée, dans un monde pseudo-médiéval qu'Aurélie Luong nous décrit de façon particulièrement élaborée sur le plan social, politique et anthropologique. L'histoire est riche de rebondissements pour lesquels l'effet de surprise est à chaque fois saisissant. Je ne saurais trop recommander cette lecture même et surtout si vous n'êtes …
C'est le premier livre de "dark fantasy" que je lis, et c'est une belle découverte pour moi. Ivan est un paisible paysan du Daesan, une contrée inspirée par la Corée avec des influences impériales d'un pays qui ressemble à la Russie. Sa vie bascule quand il est enlevé et brutalisé par des mercenaires appartenant à la Horde, une milice dirigée par une mystérieuses Putain Blanche. On le suit au cours de ses aventures avec cette troupe ultraviolente, et dans la construction d'une relation subtile et complexe avec Yekaterina, la Putain Blanche.
Le livre tient à la fois de la tragédie et de l'épopée, dans un monde pseudo-médiéval qu'Aurélie Luong nous décrit de façon particulièrement élaborée sur le plan social, politique et anthropologique. L'histoire est riche de rebondissements pour lesquels l'effet de surprise est à chaque fois saisissant. Je ne saurais trop recommander cette lecture même et surtout si vous n'êtes pas familier du genre ce qui est mon cas.
En revanche, passez votre chemin si vous ne voulez pas être exposés à des scènes de guerre, de viol ou de torture d'une violence extrême. Mais cette violence ne nuit pas à la finesse et à la complexité du livre, bien au contraire.
Ameimse a commencé la lecture de Aatea par Anouck Faure
Le précédent roman d'Anouck Faure, "La Cité diaphane", publié en 2023 avait été une lecture coup de coeur, dans un registre un peu à part de conte de fantasy sombre et onirique. L'autrice revient en ce début d'année avec un second roman, toujours publié par les éditions Argyll (une des maisons d'édition françaises dont je suis sans doute avec le plus d'intérêt les sorties fictions ^^). Le premier chapitre, lu hier soir, m'a rappelé combien elle maîtrisait l'art de construire un univers et une ambiance, et d'y immerger ses lecteurices en quelques phrases. Hâte de poursuivre :)
Ameimse a publié une critique de La Cité des Lames par Robert Jackson Bennett (Les Cités divines, #2)
La Cité des La(r)mes
4 étoiles
Deuxième tome de la trilogie des Cités divines, "La Cité des Lames" se déroule plusieurs années après les événements du premier. Outre le décor qui change, puisqu'on y investit une autre cité avec ses particularités et une histoire propre, c'est un personnage secondaire du précédent tome qui devient le personnage central. On avait déjà pu entrevoir le potentiel de Turyin Mulaghesh, le roman confirme tout l'intérêt de cette figure, générale au fort caractère désormais à la retraite, qui est tirée de son isolement volontaire et envoyée en mission dans une nouvelle cité du continent occupée par Saypur. Comme le précédent tome, tout commence avec une enquête - ici, une disparition. L'intrigue gagne en ampleur au fil des pages, des fausses pistes et des découvertes de Mulaghesh. Tout en laissant une large place à l'action, le récit n'en néglige pas moins les questionnements intimes que suscite la situation volatile et complexe, …
Deuxième tome de la trilogie des Cités divines, "La Cité des Lames" se déroule plusieurs années après les événements du premier. Outre le décor qui change, puisqu'on y investit une autre cité avec ses particularités et une histoire propre, c'est un personnage secondaire du précédent tome qui devient le personnage central. On avait déjà pu entrevoir le potentiel de Turyin Mulaghesh, le roman confirme tout l'intérêt de cette figure, générale au fort caractère désormais à la retraite, qui est tirée de son isolement volontaire et envoyée en mission dans une nouvelle cité du continent occupée par Saypur. Comme le précédent tome, tout commence avec une enquête - ici, une disparition. L'intrigue gagne en ampleur au fil des pages, des fausses pistes et des découvertes de Mulaghesh. Tout en laissant une large place à l'action, le récit n'en néglige pas moins les questionnements intimes que suscite la situation volatile et complexe, prête à s'embraser, des terres où l'action se déroule. La guerre, les traumatismes qui en résultent, la valeur trop relative de la vie... sont autant de thématiques omniprésentes. Le poids du passé et de ses blessures demeurent en effet une constante dans l'histoire : anciennement esclavisée, la population de Saypour s'est révoltée il y a plusieurs décennies et est désormais devenue force occupante et colonisatrice pour ses anciens geôliers du continent. Si le récit ne manque pas de rythme, avec une narration maîtrisée, le final aussi intense qu'émotionnel est particulièrement réussi, tous les fils réflexifs de l'oeuvre se rejoignant dans l'issue qui est mise en scène.

Les histoires d'uchronie et de voyage temporel de la fantasy et de la science-fiction suggèrent qu'il n'y a jamais eu un unique passé, figé, mais autant de passés que de personnes pour s'en souvenir et les réinterpréter. Les faits s'évanouissent dans les océans de nos imaginaires. Ces jeux, sur le registre de nos devenirs, soulignent de la même façon à quel point le problème du déterminisme tient à ce mot : futur. Ou plutôt à son singulier. Le futur se doit de rester pluriel. Ouvert donc, et toujours incertain. Il ne suffit pas d'affirmer l'impossibilité des balades dans le temps pour clore la question des futurs, dont les auteurs et les autrices de l'imaginaire travaillent à cultiver l'imprévisibilité et l'inépuisable pluralité.
Cela vaut aussi pour le futur de chacun de nous. L'uchronie peut être personnelle et se concrétiser dans le devenir de son personnage principal. Celui-ci s'interroge sur son passé, sur ce qui l'a amené à ce présent-ci. Par un curieux paradoxe, la transformation d'un hier permet de comprendre l'étendue des possibles pour demain. Le lecteur et la lectrice prennent conscience de la contingence de l'Histoire, et se sentent ainsi invités à une sorte de reprise en main de leurs vies, voire de notre monde tout entier. Le sort surprenant d'un unique individu devient le détonateur d'une transformation collective.
— Pourquoi lire de la science-fiction et de la fantasy ? (et aller chez son libraire) : Manifeste pour les littératures de l'imaginaire de Ariel Kyrou, Jérôme Vincent (Page 353 - 354)

Extrait de l'entretien avec Alice Carabédian, « L'utopie de la Culture de Iain M. Banks », p. 501-510.
Question : Tout comme moi, tu crois en la capacité des fictions à influencer la société et le monde ? Alice Carabédian : Oui, parce que je crois que c'est là que se forment les images de la société. Je ne dis pas qu'un livre changera la face du monde, mais je pense qu'il contribue à changer l'idée du monde qu'on veut. C'est pour ça que je disais que la science-fiction joue un rôle crucial, surtout aujourd'hui où le futur semble constamment rattraper le présent, comme dans une dystopie. Il est essentiel de reconnaître la responsabilité de la science-fiction. Il existe aussi une SF irresponsable qui joue avec des images dangereuses. Face à la transition de l'imaginaire à la réalité, il est crucial de réfléchir à comment l'utiliser de manière constructive.
— Pourquoi lire de la science-fiction et de la fantasy ? (et aller chez son libraire) : Manifeste pour les littératures de l'imaginaire de Ariel Kyrou, Jérôme Vincent (Page 508 - 509)

Extrait de l'entretien avec Catherine Dufour, « L'expérimentation d'autres possibles », p. 285-294.
Même quand la science-fiction est hyper dépressive, elle nous donne l'impression qu'il est possible d'essayer de maîtriser notre destin. En nous alertant sur tel ou tel point, elle nous enjoint, nous, peuple, citoyen·es, lecteurs, lectrices, de faire quelque chose. Elle nous fait croire que nous avons les moyens, si on agit en collectif, d'influer sur notre présent et notre avenir. Si on est persuadé que rien n'est possible, il n'y a pas de science-fiction.
— Pourquoi lire de la science-fiction et de la fantasy ? (et aller chez son libraire) : Manifeste pour les littératures de l'imaginaire de Ariel Kyrou, Jérôme Vincent (Page 290)

Antoine Chambert-Loir a terminé la lecture de Moins ! par Kohei Saito
À la lumière des écrits tardifs de Marx, suscités par sa lecture des sciences naturelles et son étude des sociétés indigènes qui étaient fondées sur une économie stationnaire, Kōhei Saitō explique la vision d'un communisme décroissant, et comment cela permettrait de résoudre les crises démocratique et climatique. Avant cela, il a démontré comment les voies généralement promues, croissance verte, keynésianisme écologique, technologie, ne suffiront pas à déjouer le dérèglement climatique et, même, le poursuivront.
C'est une lecture intéressante, une vision prometteuse. Malheureusement, le livre lui-même est un peu décevant : redondances, arguments répétés comme des mantras que des exemples plus détaillés auraient pu étayer plus solidement, langue assez pauvre de la traduction, au point que je me demande si elle n'était pas essentiellement automatisée. Et ce titre français si banal, alors que le titre original, Le capital dans l'anthropocène inscrivait d'emblée son sujet dans l'étau où nous, humains, sommes actuellement …
À la lumière des écrits tardifs de Marx, suscités par sa lecture des sciences naturelles et son étude des sociétés indigènes qui étaient fondées sur une économie stationnaire, Kōhei Saitō explique la vision d'un communisme décroissant, et comment cela permettrait de résoudre les crises démocratique et climatique. Avant cela, il a démontré comment les voies généralement promues, croissance verte, keynésianisme écologique, technologie, ne suffiront pas à déjouer le dérèglement climatique et, même, le poursuivront.
C'est une lecture intéressante, une vision prometteuse. Malheureusement, le livre lui-même est un peu décevant : redondances, arguments répétés comme des mantras que des exemples plus détaillés auraient pu étayer plus solidement, langue assez pauvre de la traduction, au point que je me demande si elle n'était pas essentiellement automatisée. Et ce titre français si banal, alors que le titre original, Le capital dans l'anthropocène inscrivait d'emblée son sujet dans l'étau où nous, humains, sommes actuellement pris, le capitalisme et la crise climatique qu'il a provoquée.

Anthony a cité Les Champs de la Lune par Catherine Dufour
Au-delà de sa fonction agricole, la ferme représente un vaste espace sensoriel. Car, si la nourriture est primordiale pour les populations de toutes espèces, la sensorialité ne l’est pas moins. La beauté d’un jardin nourrit l’esprit via les sens : couleurs, parfums, bruits de source, chants d’oiseaux, fraîcheur de l’air et douceur de l’herbe. Pour parvenir à ce résultat, j’ai mêlé les variétés consommables avec des essences ornementales, en plus des plantes nécessaires à la fertilisation et la fixation de l’azote.
— Les Champs de la Lune de Catherine Dufour (5%)