Ameimse a terminé la lecture de Défense d'extinction par Ray Nayler

Défense d'extinction de Ray Nayler
D’ici un siècle, peut-être davantage. Au fin fond de la taïga russe, des milliers d’années après leur disparition, les mammouths …
Un compte bookwyrm pour y partager/recenser diverses lectures : - des romans de littératures de l'imaginaire (science-fiction, fantasy, fantastique). Lus principalement en VF, parfois en VO anglophone. - quelques écrits adoptant des perspectives critiques pouvant être féministes, décoloniales, écologiques... - possiblement à l'occasion des livres d'histoire.
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D’ici un siècle, peut-être davantage. Au fin fond de la taïga russe, des milliers d’années après leur disparition, les mammouths …
De Taiwan aux Amériques, de l’Allemagne à la Martinique, les écrivains réunis dans ce recueil ont joué de variations héliocentriques …
D’ici un siècle, peut-être davantage. Au fin fond de la taïga russe, des milliers d’années après leur disparition, les mammouths …
Un court livre de science-fiction & de poésie, au sein duquel l'autrice imagine, dans un futur proche utopique, T3M, un dispositif qui vise à permettre de se défaire d'un vécu traumatique. La narration nous entraîne dans les strates successives de la mémoire de la narratrice, explorant la façon dont des traumas l'ont marquée, et décrivant une guérison progressive au fil des sessions. L'autrice y tient tout un propos sur le poids des traumatismes d'enfant et la place à accorder au soin et à la santé mentale, au sein d'une réflexion sur la lutte - nécessairement collective - contre la violence systémique qui traverse la société. L'exploration de la mémoire par la prose poétique évolue formellement, au fil des poèmes, tout au long de l’œuvre, de façon parfois particulièrement touchante et même bouleversante. La forme poétique se retrouve mise au service du récit (avec des interludes narratifs qui sortent du format …
Un court livre de science-fiction & de poésie, au sein duquel l'autrice imagine, dans un futur proche utopique, T3M, un dispositif qui vise à permettre de se défaire d'un vécu traumatique. La narration nous entraîne dans les strates successives de la mémoire de la narratrice, explorant la façon dont des traumas l'ont marquée, et décrivant une guérison progressive au fil des sessions. L'autrice y tient tout un propos sur le poids des traumatismes d'enfant et la place à accorder au soin et à la santé mentale, au sein d'une réflexion sur la lutte - nécessairement collective - contre la violence systémique qui traverse la société. L'exploration de la mémoire par la prose poétique évolue formellement, au fil des poèmes, tout au long de l’œuvre, de façon parfois particulièrement touchante et même bouleversante. La forme poétique se retrouve mise au service du récit (avec des interludes narratifs qui sortent du format poèmes) et confère à l'ensemble un souffle et une puissance qui m'ont beaucoup marquée.
Comment défendre le respect pour tous les corps quand on a intégré la haine du sien ? Comment valoriser son …
Ce petit livre constitue une introduction très abordable aux discriminations dont sont victimes les personnes en surpoids. Kiyémis nous raconte sa vie d’adolescente et de jeune jeune femme, noire, issue d’un milieu populaire, et grosse. L’image de soi, les regards et remarques de la société, et sa découverte des mouvements en faveur de l’appréciation de tous les types de corps. Entre témoignage et réflexion, et sans chercher à donner de leçons. Un texte idéal pour amorcer une réflexion sur comment nous défaire de nos préjugés sur les corps, le nôtre et celui des autres.
depuis quelques années la parole se libère sur les violences faites aux femmes dans le cadre domestique. ce dont nous parlons encore peu, ce sont des enfants invisibles issus de ces foyers violents. accouchés à même les cris d'une bouche, des bébés rouge baies écrasées qui tombent sur des balances et qu'on oublie dans des placards à côté des pots de confiture. accouchés à même le silence de toutes les autres bouches.
— T3M de Héloïse Brézillon (Page 7)
Le paragraphe par lequel s'ouvre 'T3M'.
Un livre entre science-fiction & poésie, investissant un registre utopique, dans lequel Héloïse Brézillon imagine, dans un futur proche, T3M, une intelligence artificielle qui aide à se défaire de la mémoire traumatique, en la cartographiant et en visant à soigner les conséquences de la violence systémique qui se déploie au sein de la société.
"Si nous pensons avec la langue, avec certains mots, avec certains concepts, en retour la langue nous pense aussi et travaille en nous. Certains champs sémantiques vont s'inscrire dans l'intime de nos discours sans que nous y prêtions attention. Ils travaillent à créer une vision du monde à notre insu."
— La santé mentale de Mathieu Bellahsen (Page 99)
Cette citation est bien entendu valable pour tous les secteurs, largement, et pas que celui de la psychiatrie. Cet exercice intellectuel de faire un pas de côté et plisser un peu les yeux pour envisager les choses autrement que de la manière dont on nous la vend majoritairement est à la fois nécessaire et angoissant. Mais si on veut que les choses évoluent (et pas en pire), il faut bien en passer par là.
Bref, si vous cherchez un bel (=effrayant) exemple de Novlangue appliqué au secteur des soins, c'est dans cet ouvrage !
Une novella qui est l'occasion de découvrir la plume de Premee Mohamed (traduite par Marie Surgers, qui traduit également pour L'Atalante les romans de Becky Chambers par exemple). Si l'autrice investit ici un genre devenu classique en science-fiction, celui du post-effondrement de nos sociétés contemporaines, elle propose une déclinaison aussi habile que personnelle de ce registre post-apocalyptique. L'histoire se situe en Amérique du Nord, au sein d'une communauté qui tente de survivre, dans les restes (bâtiments, objets, déchets...) de la société passée, et de faire face aux conséquences, notamment climatiques, des bouleversements qu'a connus la planète, avec un environnement devenu hostile. On y suit Reid, en fin d'adolescence/jeune adulte, dont le quotidien est soudain bouleversé par la nouvelle de son admission dans une université, située dans un lieu où des privilégié·es auraient préservé des conditions de vie et des savoirs désormais perdus pour les personnes de sa communauté.
Un tel …
Une novella qui est l'occasion de découvrir la plume de Premee Mohamed (traduite par Marie Surgers, qui traduit également pour L'Atalante les romans de Becky Chambers par exemple). Si l'autrice investit ici un genre devenu classique en science-fiction, celui du post-effondrement de nos sociétés contemporaines, elle propose une déclinaison aussi habile que personnelle de ce registre post-apocalyptique. L'histoire se situe en Amérique du Nord, au sein d'une communauté qui tente de survivre, dans les restes (bâtiments, objets, déchets...) de la société passée, et de faire face aux conséquences, notamment climatiques, des bouleversements qu'a connus la planète, avec un environnement devenu hostile. On y suit Reid, en fin d'adolescence/jeune adulte, dont le quotidien est soudain bouleversé par la nouvelle de son admission dans une université, située dans un lieu où des privilégié·es auraient préservé des conditions de vie et des savoirs désormais perdus pour les personnes de sa communauté.
Un tel point de départ aurait pu ouvrir sur bien des poncifs, mais Premee Mohamed l'explore sous des angles et des questionnements qui m'ont beaucoup parlé en tant que lectrice.
Tout d'abord, la novella couvre non pas l'arrivée dans l'université lointaine peut-être mythique, mais les quelques jours qui suivent la réception de la nouvelle. Elle s'intéresse aux questionnements et aux doutes que cela produit sur Reid, à la manière dont ses proches réagissent, mais aussi plus largement aux dynamiques au sein de la communauté et à la façon dont celleux qui gravitent autour de Reid envisage ce possible "départ" vers un "ailleurs" que personne n'a jamais vu. L'autrice esquisse, à travers les réactions des un·es et des autres, comment cette communauté essaie tant bien que mal de survivre, tout en étant en train de mourir à bas bruit. En outre, les choses sont d'autant plus complexes que de nombreuses personnes portent en elles un parasite fongique qui fait peser sur elles une épée de Damoclès permanente, et dont il n'est pas possible d'anticiper l'évolution exacte, si ce n'est qu'une mort dans des souffrances atroces attend un certain nombre. La particularité du parasite est aussi que, étant plus que tout intéressé par sa survie, il lui arrive d'exercer un certain contrôle sur son hôte. Si Reid a éprouvé des situations de contrôle physique, elle s'interroge en permanence sur l'intégrité même de ses pensées : si le parasite peut influer sur ses gestes, peut-il aussi influer sur ce qu'elle ressent, sur ce qu'elle pense ? "Quelle liberté a-t-elle vraiment, d'une part en évoluant au sein de cette communauté tentant de survivre, d'autre part avec un tel parasite en elle ?" est une question qui traverse en filigrane tout le récit. Enfin, "La Migration annuelle des nuages" m'a plu par la tonalité et l'ambiance que l'autrice insuffle dans sa novella. Si tout ne semble plus que ruines, si les vies qui sont désormais vécues sont rudes et souvent écourtées, la narration du point de vue de Reid nous plonge dans un maelström d'émotions : il y a de la colère et de l'impuissance, face ce que leur a légué l'ancien monde et face à ce parasite omniprésent en elle, mais aussi une volonté d'aller de l'avant, de (sur)vivre, combinée à une ambition / aspiration à (re)construire - et être admise dans un lieu-relique du monde d'autrefois peut être un premier pas, songe-t-elle. Espoir et désespoir se côtoient ainsi en permanence, conférant au récit une dimension particulière qui touche profondément (a fortiori dans le contexte de lecture de 2025 où nous sommes encore dans ce "monde d'avant" dont Reid a bien conscience de l'existence passée et du caractère irrémédiablement révolu).
En résumé, un récit post-effondrement, poétique et sensible, où la colère contre les injustices passées et les conditions du présent cohabite avec une volonté tout aussi farouche de (sur)vivre.
L’abolition de la famille n’est rien d’autre que l’engagement consistant à rendre libre d’accès, à travers toute la société, le soin nécessaire à l’épanouissement humain. Plutôt que de dépendre exclusivement des relations personnelles immédiates de chacun, l’accès au soin pourrait être intégré au tissu social de nos vies collectives. L’abolition de la famille implique que la base de notre propre réalisation ne devrait pas dépendre de l’identité de nos parents, de qui l’on aime ou d’avec qui l’on a choisi de vivre. L’abolition de la famille est un horizon de liberté sexuelle et de genre au-delà de l’intolérance imposée par ceux dont nous dépendons. L’abolition de la famille est la généralisation du soin, conçu comme un bien social universel et inconditionnel. L’abolition de la famille ne signifie pas seulement l’affirmation positive du soin, mais également un refus des rapports de domination violents rendus possibles par la forme familiale. L’abolition de la famille repose sur la conviction qu’aucun enfant ne devrait être enfermé par des parents cruels, qu’aucune femme ne devrait avoir peur de la pauvreté ou de la solitude en quittant son mari violent, qu’aucune personne âgée, handicapée ou malade ne devrait avoir peur de dépendre d’un membre de sa famille indifférent ou insensible. L’abolition de la famille est la reconnaissance du fait qu’aucun être humain ne devrait posséder ou dominer entièrement une personne, ce qui s’applique aussi aux enfants. Aucun individu ne devrait avoir les moyens de contraindre autrui à une relation d’intimité ou au travail, comme c’est le cas dans les rapports de propriété actuels. L’abolition de la famille signifie l’élimination des foyers privés entendus comme systèmes d’accumulation de pouvoir et de propriété au détriment du bien-être d’autrui.
— Abolir la famille de Michelle O'Brien (Page 18 - 19)
Une lecture de ces dernières semaines, dans la continuité de "Pour en finir avec la famille" de Sophie Lewis lu au printemps (bw.heraut.eu/user/Ameimse/review/27203/s/contre-la-famille-abolir-prendre-soin-semanciper#anchor-27203), riche et stimulante, qui ouvre de nombreuses pistes de réflexion.
"You're saying that instead of a system of currency that tracks individual trade, you have one that facilitates exchange through the community. Because..all exchange benefits the community as a whole ?"
— A Prayer for the Crown-Shy de Becky Chambers (Monk and Robot, #2)
Est-ce qu'on est proche de ce monde-là ?
Est-ce que, demain, nos objets connectés "intelligents artificiellement" vont se lever, nous dire "votre plan de carrière pour nous ne nous intéresse pas, see you !" et nous réagirons comme l'humanité décrite dans ces deux petits livres de Becky Chambers ?
Ce serait pas mal. Pas mal du tout.
En tout cas, ces livres sont parsemés de regards décalés sur certains systèmes que la plupart d'entre nous pensent être immuables (dans l'extrait, la logique monétaire).
Ces deux livres me semblent donc une bonne porte ouverte (en partant de la fiction cette fois) pour aborder ces sujets de manière différente. Ou juste envisager que ça pourrait être différent.
Ce qui, en soi, est une première victoire si on veut que demain soit réellement différent.
Quelle claque ! Dans un langage cru mais brillamment poétique, Camila Sosa Villada nous plonge dans un monde d'une extrême violence, mais dans lequel nous est exposée la quintessence de l'adelphité — je vous épargnerai la recherche de la définition, s'agissant de désigner la fraternité / sororité dans sa version la plus inclusive, non genrée. Les trans sont à la fois « objet » de fascination, de fantasme, tout en étant rejetées par toutes et tous avec une brutalité difficile à supporter. La petite communauté qui se forme autour de Tante Encarna essaye de survivre et tisse des liens intenses et précieux. Le lecteur se trouve pris entre la cruauté d'un monde infâme et la beauté indicible des relations qui reflètent toute la splendeur et l’amour que peut receler l’humanité. Un livre qui nécessite d’avoir l’âme bien accrochée, mais qui n’est pas à proprement parler « sombre », en ce …
Quelle claque ! Dans un langage cru mais brillamment poétique, Camila Sosa Villada nous plonge dans un monde d'une extrême violence, mais dans lequel nous est exposée la quintessence de l'adelphité — je vous épargnerai la recherche de la définition, s'agissant de désigner la fraternité / sororité dans sa version la plus inclusive, non genrée. Les trans sont à la fois « objet » de fascination, de fantasme, tout en étant rejetées par toutes et tous avec une brutalité difficile à supporter. La petite communauté qui se forme autour de Tante Encarna essaye de survivre et tisse des liens intenses et précieux. Le lecteur se trouve pris entre la cruauté d'un monde infâme et la beauté indicible des relations qui reflètent toute la splendeur et l’amour que peut receler l’humanité. Un livre qui nécessite d’avoir l’âme bien accrochée, mais qui n’est pas à proprement parler « sombre », en ce que l’autrice parvient à révéler la beauté dans un monde qui pourrait sembler y avoir renoncé.
« Ne me tue pas. J’ai tout un monde à changer. »
Au terme du périple entamé dans La Migration …