Je ne lis presque plus de romans policiers, mais celui-ci en est un. Je ne sais pas bien pourquoi je l'ai choisi, probablement parce que je sais déjà qu'il ne sera pas que cela, et qu'y remonteront à la surface les blessures de la guerre civile espagnole et le combat pour la justice.
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Apprenti mathématicien, professeur à l'université Paris Cité Apprenti musicien (batterie, tablas) Apprenti lecteur (romans, essais, poésie… en français ou en anglais)
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Livres de Antoine Chambert-Loir
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Antoine Chambert-Loir a commencé la lecture de Terra Alta par Javier Cercas (Terra Alta, #1)
Antoine Chambert-Loir a publié une critique de Mon chien Stupide par John Fante
On mérite toujours un peu de douceur
4 étoiles
... Même si elle prend la forme de 60kg de chair, de fourrure et de crocs, un peu stupide au point une tu lui donnes ce nom, et qu'elle bouleverse tout de qui tourne autour de votre vie de sale con raté, malheureux de ne plus savoir s'y prendre, si jamais tu l'as su. Le compte à rebours est implacable mais tu peux décider de son issue, et sauver de ta vie ce qui mérite de l'être. C'est pas si mal. Et ça pourrait te faire pleurer.
Antoine Chambert-Loir a commencé la lecture de Mon chien Stupide par John Fante
Parce que nous avons aussi besoin d'un peu de légèreté, de l'humour de John Fabre, et peut-être de la douceur et de l'affection de ce gros chien qui déboule dans la vie de cette famille — pas des plus aimables — près de Los Angeles. Le héros l'appelle Stupide, mais ça ne lui fait rien, il vous aime bien quand même. (Mais faut pas trop qu'on l'emmerde non plus.)
Dans un livre à paraître, le sociologue Baptiste Brossard souligne d'ailleurs l'étrangeté qu'il y a à penser séparément la santé mentale et l'état du monde. On conçoit l'univers de la santé mentale comme un espace dépolitisé, hors sol, où n'existe que « l'individu en lui-même, parfois accompagné de sa famille proche », observe-t-il ; « dans les processus de soin et de guérison, le politique et le vivant ne font office que de contexte oublié et oubliable. »
— Résister à la culpabilisation de Mona Chollet (Page 240 - 241)
Je note ce paragraphe, bouleversant, à un moment où tout autour de nous, famille, milieu professionnel, réseaux sociaux, presse, s'accumulent départs, reconversions, quand ce ne sont pas carrément des retraits. Les motivations varient, de même que les symptômes — lassitude, dégoût, fatigue... — mais c'est partout comme si le Soi et le Monde ne pouvaient plus s'aligner naturellement, où, peut-être plus précisément, comme si les modèles précédents avaient atteint leur limites. Ce qui semble étayer cette hypothèse, c'est la réaction qu'elle suscite chez ceux qui en auraient été les bénéficiaires, ou chez leurs portes-parole, visiblement mortifiés que l'embrigadement ne prenne plus.
... cette belle réflexion de la philosophe Michela Marzano : “La fidélité au devoir est une forme de trahison de soi qui efface la valeur même de la fidélité : au lieu d'être ce par quoi l'on cherche à respecter son être, elle devient ce par quoi l'on s'efface.”
— Résister à la culpabilisation de Mona Chollet (Page 241 - 232)
Antoine Chambert-Loir a commencé la lecture de The White Album par Joan Didion
Antoine Chambert-Loir a commenté Résister à la culpabilisation par Mona Chollet
Le second chapitre est consacré à l'éducation des enfants. Les extraits choisis (Naouri, Rugo, Goldman, Pleux...) sont glaçants tant Chollet parvient à mettre au jour la composante revancharde du modèle standard d'éducation. Mais j'ai l'impression qu'elle quitte un peu son sujet pour un autre combat en se focalisant sur ces quelques voix — quand bien même elles seraient représentatives de ce modèle dominant. J'aurais aimé entendre le point de vue des pères ou des mères, l'entendre réfléchir à ce que ça nous fait d'avoir été élevé·es comme ça, tant dans notre vie d'adulte (de compagnon, entre autres, mais aussi au travail), que dans notre vie de parent. Le livre n'est pas fini non plus...
Antoine Chambert-Loir a commencé la lecture de Résister à la culpabilisation par Mona Chollet
Je prends ce livre comme une arme, cette lecture comme un acte de combat contre mon plus intime ennemi.
La fin de l'Écharpe rouge, que je finissais ce soir, évoquait le combat du chevalier Balin contre un adversaire aussi farouche qu'anonyme, et ce n'est qu'à la fin, la mort les trouvant tous deux, qu'ils découvraient qu'ils étaient frères.
Antoine Chambert-Loir a publié une critique de L'écharpe rouge par Yves Bonnefoy
Une troublante introspection
La lecture du petit livre de Wolfgang Matz m'a conduit à lire ce texte d'Yves Bonnefoy, l'un de derniers que le poète publia. C'est l'histoire de quelques vers, écrits en 1964 et jamais achevés, mais toujours conservés à portée de main, dans une pochette sur le secrétaire où Bonnefoy travaillait. 50 ans plus tard, ces mystérieux vers au parfum surréaliste prennent d'un coup une signification que leur auteur n'avait soupçonné. Commence alors ce texte, cette seconde Écharpe rouge en quelque sorte, où Bonnefoy revient sur ses parents et la relation mutique qui l'unissait à eux. Parfois un peu trop ampoulé, peut-être, ce texte est néanmoins très touchant, en particulier parce qu'il provoque à de multiples endroits une introspection analogue.
Antoine Chambert-Loir a commencé la lecture de Du bonheur de la vie poétique par Wolfgang Matz
Un « petit » livre nous dit la 4e de couverture, mais rempli d'une telle profondeur, d'une telle luminosité, d'une tell' intelligence et surtout d'un tel amour pour son sujet, la poésie et ces trois comparses-poètes qu'étaient André du Bouchet, Yves Bonnefoy et Philippe Jaccottet, qu'il n'était pas utile qu'il fût plus épais. Sublime.
Antoine Chambert-Loir a terminé la lecture de Le pays des loups par Craig Johnson
Mi-policier, mi-western, avec des traces de chamanisme. Il y a du vent, de la neige, des montagnes, un méchant qui traîne, un loup aussi, et d'autres pas très gentils, et un shérif qui se démène tant bien que mal. Une lecture pas désagréable.
Antoine Chambert-Loir a commencé la lecture de Extrême droite : La résistible ascension par Johann Chapoutot (Les livres de l’Institut La Boétie)
Un livre de réflexion sur l'ascension du Rassemblement national et son caractère inéluctable, issu de deux journées de travail au sein de l'Institut La Boétie (en gros, l'organe de réflexion de La France Insoumise).
Je n'ai pour l'instant lu que la préface de Johann Chapoutot, ainsi que le premier texte (Stefano Palombarini) qui pointe du doigt de façon troublante comment le projet économique du Rassemblement national ne diffère essentiellement pas du projet néolibéral défendu par le reste de la droite. C'est assez paradoxal lorsqu'on écoute la rhétorique “UMPS” de ce mouvement. Restera à comprendre comment ce mouvement parvient à s'installer (Palombarini conteste que le racisme soit le marqueur principal), et comment on va pouvoir expliquer cela à ses électeurs.
Antoine Chambert-Loir a cité L'âge productiviste par Serge Audier
Serge Audier cité un pamphlet de Stendhal, D'un nouveau complot contre les industriels:
“L'industrialisme, un peu cousin du charlatanisme, paie des journaux et prend en main, sans qu'on l'en prie, la cause de l'industrie ; il se permet de plus une petite faute de logique : il crie que l'industrie est la cause de tout le bonheur dont jouit la jeune et belle Amérique.”
— L'âge productiviste de Serge Audier (Page 94)
Petite pensée aux technophiles de tout poil d'aujourd'hui...
Antoine Chambert-Loir a publié une critique de Madeleine, Résistante par Jean David Morvan (Madeleine, Résistante)
Un premier tome d'une triologie de Résistance
5 étoiles
Il s'agit du premier tome d'une trilogie dessinée consacrée à l'engagement de Madeleine Riffaud dans la Résistance. La narration est à la première personne, et constituée de courts chapitres qui permettent à l'action d'avancer relativement rapidement. L'ensemble nous fait passer de l'effarement (premier chapitre, ou bien le voyage au sanatorium) à la colère (idem), à la reconnaissance (devant ces actes de résistance qui, pour beaucoup, leur ont valu des souffrances sinon la mort) ou l'émotion simple lorsqu'on assiste à ses premiers amours. J'aime beaucoup les poèmes de Madeleine Riffaud qui sont intercalés entre les chapitres. Alors que l'héroïne fête ses 100 ans, les raisons son engagement de jeunesse n'ont jamais cessé d'être d'actualité. (Pas trop emballé, par contre, par la dominante bleue choisie par les dessinateurs, mais ça n'est pas grave.)